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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 31.1885

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Nr. 2
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Phillips, Claude: Exposition des oeuvres de Gainsborough à la Grosvenor-Gallery: correspondance d'Angleterre
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https://doi.org/10.11588/diglit.24592#0209

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CORRESPONDANCE D’ANGLETERRE.

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éclairs du regard, le souffle de la vie, qu’il cherchait et qu’il réussissait d’une
manière surprenante à fixer sur la toile : personne ne sut saisir mieux que lui une
expression fugitive et extérieure des traits, et cela sans caricature ni exagération
aucune. C'est peut-être pour ces raisons qu i] a surtout réussi à merveille à peindre
les ladies élégantes, évaporées, frêles, élancées, et les jeunes dandys de l’époque.
Dans les portraits d’hommes d’Élat, de vieillards, de matrones et d’enfants, il
n’atteint pas toujours au même degré de perfection.

Comme paysagiste, Gainsborough nous révèle un côté entièrement distinct de son
talent. Là il était de son temps réellement sans rival, et ses admirateurs pourraient
revendiquer pour lui le litre de fondateur de l’école moderne, si dignement continuée
depuis par les Turner, les Constable, les Crome et par toute la grande école
française de ces derniers quarante ans. Si notre maître n’envisageait pas encore la
nature de très près, et procédait trop souvent par généralisations ; s’il ne savait
pas évoquer dans le cœur humain un sentiment aussi vif et aussi profond que
celui qui émane des œuvres d’un Constable, d’un Rousseau ou d’un Corot; il
voyait cependant la nature en poète et en coloriste harmonieux, et sut s’affranchir
des entraves de la formule classique.

Nous n’avons pas à discuter ici en détail les grandes qualités de Reynolds,
auxquelles on a si souvent rendu pleine justice. Il suffit de répéter que, confronté
avec son rival, il brille surtout par une palette plus riche et plus puissante, quoique
moins délicate, moins prodigue de finesses et de tons argentés : sa touche, sans
avoir la légèreté souvent excessive de celle de Gainsborough, a plus de largeur et
de fermeté. Si le souvenir des conventions des grands maîtres italiens entrait
souvent pour une trop large part dans la conception et l’exécution de ses portraits ;
s’il ne possédait pas, au même degré que Gainsborough, l'art de faire vivre ses
figures, il savait souvent atteindre à une dignité sereine, à une aisance aristo-
cratique, à une profondeur suggestive, supérieure à l’élégance — quelquefois un
peu superficielle — de son rival. Pour s’en convaincre on n’a qu’à examiner ses
portraits sérieusement étudiés, ceux du docteur Johnson, de lord Heathfield, de
l’amiral Keppel, de Gibbon, par exemple. Et puis, où trouver chez Gainsborough
quelque chose d’analogue à l'exquise sympathie que montre Reynolds pour la
maternité et l’enfance, à ses groupes de famille d’un sentiment souvent si intime,
et à ses incomparables enfants eux-mêmes, qu’il est à peine besoin de rappeler,
tant ils sont connus et admirés de tous?

En somme, la balance incline et inclinera toujours, tantôt d’un côté, tantôt de
l’autre, et il serait téméraire et peu utile de prétendre trancher cette question de
suprématie. En Angleterre, en cas de plébiscite parmi les connaisseurs, ce serait
probablement Reynolds qui aurait la majorité des voix : en France, l’opinion des
critiques compétents penche certainement du côté de Gainsborough.

Il manque à la collection de la Grosvenor-Gallery certaines perles que nous
espérions y retrouver et, entre autres, la belle Mi-stress Graham, que la Galerie
nationale d’Edimbourg n’a pu prêter, le brillant portrait de la Bacelli, l’exquise
toile, The two Sisters, et la jolie Nancy Parsons que nous avons vue l’année
dernière à la Royal-Academy. Mais, en revanche, nous avons encore une fois le
fameux Blue Boy1, ce portrait fameux de « master Buttall » provenant de la

1. Gravédansia Gazette!,t. XIII, -lrepér.,p. 113), ainsi que Miss Graham (fc. 1,1" pér., p. 118).
 
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