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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 31.1885

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Nr. 2
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Phillips, Claude: Exposition des oeuvres de Gainsborough à la Grosvenor-Gallery: correspondance d'Angleterre
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https://doi.org/10.11588/diglit.24592#0210

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198

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

collection du duc de Westminster. On sait qu’il est censé avoir été peint pour
réfuter certaines théories sur la relation entre les tons froids — le bleu en parti-
culier — et la lumière ; théories émises mais non inventées par Reynolds dans ses
Discours sur la peinture. Cependant la légende qui n’est pas sans vraisemblance,
n’est pas absolument appuyée par les dates. Cette peinture, qui est plutôt un
brillant tour de force réussi qu’une réfutation des principes énoncés par Reynolds,
représente un bel adolescent de dix-sept ans à peine, richement vêtu d’un costume
Van-Dyck entièrement bleu, y compris même les bas de soie, mais d’un beau bleu
riche et presque chaud, sur lequel la lumière jette des reflets argentés. Les tons
rouges et fauves des chairs, des cheveux et du fond, un paysage sombre, ont dû
naturellement être exagérés pour rétablir l’équilibre de l’harmonie.

Une autre toile célèbre est le remarquable Garrick, prêté par la municipalité
de Strafford-sur-Avon. C’est un grand portrait en pied qui représente l’illustre
tragédien, en costume de ville de l’époque, debout et appuyé sur un socle couronné
par le buste de Shakespeare. Cette toile pourrait à la rigueur être citée comme un
démenti aux observations que nous avons présentées plus haut sur la caractéristique
du talent de Gainsborough ; car non seulement les yeux de l’acteur flamboyent, et
l'on devine la mobilité des traits qu’il contraint avec difficulté au repos, mais encore
sa figure exprime toute la force et l’intelligence même de celui qui, de son temps,
régna en maître dans les principaux rôles de notre plus grand poète Au contraire,
plusieurs portraits de Pitt, dans sa jeunesse, ne nous montrent qu’un jeune homme
d’apparence froide et dédaigneuse, ne laissant rien deviner de ce génie qui était
même à cette époque en pleine éclosion. Le portrait du vieux lord Chesterlleld (col-
lection du comte Stanhope), représentation fidèle de la décrépitude mondaine, est
une œuvre assez peu sympathique. Beaucoup plus réussi est un admirable portrait
de la vieille duchesse de Montagu (au duc de Buccleugh), vêtue d’une robe d’un beau
rouge foncé et coiffée de dentelles : l’exécution de cette toile, quoique légère, est
très sûre, et le coloris en est délicieux. Le peintre a su y exprimer heureusement
la dignité hautaine et l’élégance de la vieille et noble dame, ferme et droite
malgré le poids de l’àge, et résolue à soutenir jusqu’au bout le rôle de la vie. Le
portrait du docteur Johnson (à sir Robert Loyd-Lindsay), mis en comparaison de
celui de Reynolds, — actuellement à la Galerie nationale (collection Peel) — nous
révèle le côté faible de Gainsborough ; car il n’a pas osé exprimer avec fidélité la
force, le caractère extraordinaire, et en même temps le manque d’animation de
cette figure ; en voulant l’adoucir, il l’a rendue relativement banale et insignifiante.

La collection actuelle ne contient pas peut-être les échantillons les plus attrayants
de Gainsborough — ces portraits des grandes élégantes, des charmeuses de l’époque —
de son art le plus goûté, que nous connaissons tous. Nous avons déjà signalé de ce
chef des lacunes regrettables ; cependant nous voyons que la collection de la Royal-
Academy contient de quoi nous consoler: car elle est, cette année, particulièrement
riche en toiles de cette catégorie. Voici cependant le portrait si connu de Mistress
Frances Susanna Basset (à M. Basset), personne plutôt très parée que très jolie; voici
aussi Je grand portrait en pied de Lady Margaret Lindsay (au comte de Crawford),
une blonde nonchalante et agréable, entièrement vêtue de noir, et se tenant debout,
les bras légèrement croisés. C’est une merveille de peinture sûre et rapide, quoique
peu solide, et le paysage du fond, de couleur discrète et brossé avec une vigueur et
une légèreté qui sont ici bien à leur place, encadre merveilleusement la figure.
 
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