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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 31.1885

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Nr. 2
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Phillips, Claude: Exposition des oeuvres de Gainsborough à la Grosvenor-Gallery: correspondance d'Angleterre
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https://doi.org/10.11588/diglit.24592#0211

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CORRESPO ND ADRE D ANGLETERRE.

199

Le mystérieux portrait de la belle Georgiana, duchesse de Devonshire, qui disparut
il y a quelques années, immédiatement après avoir été acheté à un prix exorbitant,
est représenté par une petite grisaille, probablement de la main du maître, qui est,
non pas une esquisse préliminaire, mais une copie réduite de l’original — préparée
peut-être à l’usage du graveur. Une petite merveille, unique dans l’œuvre du maître,
est le portrait minuscule de Mistress Carr (à M. Hodgson) — une belle personne aux
charmes opulents, fort décolletée, en robe claire et les cheveux poudrés. Cette
fois Gainsborough a peint avec un fini, une force, et cependant une légèreté
étonnante ; la pâte, délicate et solide comme dans un Holbein ou un Clouet, est
devenue presque un émail — chose rare pour la peinture de l’époque. Un portrait
en pied, Lady Eardley et sa fille (à sir Robert Loyd-Lindsay), nous montre une jeune
mère charmante et d’une naïve simplicité, mais en revanche une enfant qui n’est
qu’un poupon en bois : ce groupe, ainsi que plusieurs autres de la collection, prouve
que Gainsborough n’avait pas le don — que possédait Reynolds au suprême degré
— d’indiquer le doux échange d’affection et de confiance qui unit la mère et l’enfant.
Mais, en revanche, aucun maître n'a su au même degré exprimer le lien qui attache
le chien à son maître — cette affection canine, si difficile à rendre sans en faire
une caricature de l’humanité. Et les chiens mêmes, qui a su, depuis Velasquez,
leur communiquer ainsi le souffle de la vie, nous les montrer haletants et comprimant
avec peine le trop plein de leur exubérance ?

Dans ce genre il faut remarquer un charmant portrait du jeune Duc de Montagu
(au duc de Buccleugh), posant de face et entourant du bras droit et d'un geste plein
d’affection son chien écossais. Un Chien de la Poméranie avec son petit [h M. Tlioyts)
est tout simplement incomparable de vivacité et de naturel.

Comme échantillon réussi du portrait du dandy de l’époque, nous pouvons
prendre celui du fameux Colonel S1-Léger (à la Reine, à Hampton-Court) — le
« Handsome Jack Sellinger » de son temps. C’était un des compagnons favoris du
prince de Galles (George IV) en sa jeunesse, et Gainsborough les a peints tous les
deux dans un costume et une attitude à peu près pareils. — Le portrait de George IV
était exposé l’hiver dernier à la Royal-Academy. Le Sl-Léger est un type achevé de
l’élégance suprême et quelque peu impertinente de la jeunesse dorée de son temps :
on devine aisément que ce beau viveur était un roi de la mode. Un autre galant de
l’époque est le fameux Parson Date (à M. Oxley Parker), qui fut en même temps
pasteur protestant, journaliste et boxeur. Dans le portrait de Gainsborough il se
tient debout, appuyé sur sa canne, l’air confiant et satisfait. Ce tableau est une
délicieuse harmonie de lilas, de gris argenté et de tons clairs et fins.

Un groupe intéressant est celui des musiciens étrangers que Gainsborough —
amateur passionné de musique — semble avoir peints avec un entrain tout parti-
culier. Citons surtout dans ce genre le merveilleux portrait de Giusto Ferdinando
Tenducci (à M. Gray Hill), un sopraniste comme il y en avait à une époque où la
Chapelle papale était encore en pleine floraison. 11 est représenté, poudré et vêtu
d’un habit gris, sur le point de roucouler une canzonetta écrite sur une feuille qu’il
tient à la main. L’expression de fatuité et de bonne humeur écrite sur celte belle
figure efféminée est rendue à miracle ; bien rarement on a réussi à fixer sur la toile
un effet si fugitif et si difficile à saisir. Dans cette catégorie il faut citer encore les
portraits du danseur Vestris, du violoniste Giardini, et surtout celui de Madame Le
Brun (collection de la duchesse de Montrose), une chanteuse de l’époque. C’est une
 
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