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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 31.1885

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Nr. 2
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Phillips, Claude: Exposition des oeuvres de Gainsborough à la Grosvenor-Gallery: correspondance d'Angleterre
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https://doi.org/10.11588/diglit.24592#0212

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200

GAZETTE UES BEAUX-ARTS.

femme d’un certain âge, dont les traits ont une certaine expression de lassitude
presque pathétique : les harmonies du tableau, qui par leur finesse rappellent les
tons d’une perle grise, sont de celles où Gainshorough n’a jamais été surpassé.

C’est aux portraits de lui-même et des membres de sa famille que le peintre
paraît avoir prodigué les soins amoureux qu’il n’accordait pas toujours au même
degré à ses sujets ordinaires. Notons, avec un intéressant et sympathique portrait
du peintre par lui-même (Royal Academy), un portrait de Mistress Gainsborough
dans sa maturité (collection de Mme Sharpe), charmant et d’une expression
touchante : elle est vue de face, les cheveux poudrés et entourés d’un voile qu’elle
est en train d’ajuster. Le modelé est d’une fermeté et d’une délicatesse admi-
rables ; malheureusement un vernis jaunâtre prive la toile d’une partie de son
charme naturel. Une œuvre capitale et d’une technique achevée — supérieure
peut-être à ce point de vue à tout ce qui se trouve ici, à l’exception du merveilleux
petit portrait de Mistress Carr déjà cité — est le grand portrait des deux filles du
peintre (à M. Whitbread). Ces deux jeunes personnes sont représentées debout et de
face, habillées avec une recherche extrême, mais point avec cette élégance
vaporeuse et un peu exagérée des mondaines de l’époque. Le modelé des têtes,
d'une expression calme et reposée, est d’une solidité admirable ; le coloris de
l’ensemble et surtout des costumes — peints cette fois avec une grande patience —
a des finesses de ton, des chatoiements argentés, vraiment merveilleux, et rarement
égalés par le peintre lui-même.

L'espace manque pour parler comme il faudrait des délicieux paysages de
Gainsborough. Là, les tons de sa palette deviennent plus riches, et les accords
plus puissants et plus accentués : l’effet général en est toujours harmonieux et
charmant, quoique le peintre se contente trop facilement, dans fexécution, d’un à
peu près qui, sans atteindre à une largeur vigoureuse, laisse souvent l’impression
de l’insuffisance. Cependant ses paysages sont toujours l’œuvre d’un peintre qui,
tout en s’inspirant des œuvres de Cuyp et des Hollandais, ne s’abaissait jamais à
devenir simplement un imitateur, et savait envisager lui-même, et comprendre en
poète, la nature dans les aspects doux et recueillis qu’il préférait.

Citons la toile fatiguée, mais belle encore : The Harvest waggon (à lord Tweed-
month), dont le premier plan, si simple, est pourtant admirable, et dans lequel les
personnages conviennent merveilleusement à leur cadre. Délicieux aussi, et d’une
couleur où se fondent mille harmonies ravissantes, sont deux pastorales : un
Paysage avec vaches (au duc de Newcastle) et une Vue prise dans Shropshire
(à M. J.-S. Morgan).

Deux ou trois marines révèlent un côté moins connu du talent si varié de noire
maître : il s’y montre, là aussi, admirable quelquefois, quoiqu’on soit forcé de
faire, en l’admirant, plus de réserves qu’ailleurs. Les vagues ont sur ses toiles des
reflets grisâtres, des transparences délicieuses, des palpitations, que bien des
spécialistes du genre pourraient envier ; mais d’autres parties — les bateaux à
voiles, les rochers, la côte — sont bien mollement et négligemment rendues, et
nuisent par leur insuffisance à l’effet de l’ensemble.

CLAUDE PHILLIPS.

Le Rédacteur en chef, gérant : LOUIS GONSE.

SCEAUX. 1MP. CHAllAiRE ET FILSi
 
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