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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 31.1885

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Nr. 3
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Chantelou, Paul Fréart de; Lalanne, Ludovic [Hrsg.]: Journal du voyage du cavalier Bernin en France, [25]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24592#0292

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278

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

étaient auparavant les salles pour bal et banqueter. De ces deux pièces en
faisant une grande chapelle basse de 46 à 17 toises, à un des bouts de
laquelle il a mis une grande tribune pour le Roi au plain-pied de ses
appartements, et à l’autre bout du côté de l’autre, et au-dessus une autre
tribune pour y placer la musique, disant que pour être bien entendue il
fallait qu’elle fût vis-à-vis et ne fut pas si proche, particulièrement celle du
Roi, composée de corps de voix puissantes, avec lesquelles il y a des orgues,
des violes, violons, cornets de basses et autres instruments. M. Colbert a
trouvé que cela était éloigné, que le Roi était bien aise de voir mieux ses
musiciens, et qu’eux aussi souhaitaient d’être proches pour être vus, se
négligeant dès lors qu’ils sont éloignés; que d’ailleurs dans toutes les
anciennes églises la musique est au milieu afin qu’elle se répande mieux
partout et qu’on la voit toujours à l’aigle des églises anciennes où est le
pupitre; s’est fort étendu sur cela. Le Cavalier a répondu qu’il l’avait placée
ainsi afin de rendre l’oreille plus satisfaite, et pour une autre bienséance,
qui est de ne point donner occasion aux assistants de tourner la tête pour
s’attacher plus à la musique qu’à l’autel; qu’on pouvait, au lieu de cette
tribune qui est au bout, en mettre deux d’un côté et d’autre de la chapelle ;
que d’ailleurs il était de la bienséance qu’il y eût deux porches afin que quand
il pleut ceux qui ont à entrer dans l’église aient un endroit à nettoyer leurs
souliers et secouer la pluie, avant que d’entrer, que ces tribunes seraient
sur les porches. Outre ces difficultés, M. Colbert en a trouvé une grande
pour arriver à cette chapelle, pour ce que d’un côté il faudrait traverser un
grand appartement que le Roi, a-t-il dit, veut se réserver pour lui seul et en
avoir seul la clef, et de l’autre il faudrait traverser une des grandes salles
et deux ou trois antichambres ou chambres, qui était abandonner ces lieux,
sans pouvoir espérer d’y tenir jamais aucuns meubles, à cause de la nécessité
du passage. Le Cavalier a reparti que les gens de moindre condition seraient
dans l’église à bas 1 et que les gens de qualité qui accompagnent Sa Majesté
passeraient avec elle, puisque c’était l’usage. M. Colbert a répliqué qu’il y
avait de diverses qualités de personnes ; qu’il demeurait d’accord que les
bas officiers et autres iraient dans le bas, mais qu’il y avait grand nombre
d’autres personnes de qualité qui seraient bien fâchées de se mettre ailleurs
qu’au lieu même où se met la propre personne du Roi; que telle était
l’humeur des Français et l’usage même de France; qu’entre autres les
dames, qui ne vont jamais à la messe du Roi, sont bien aises aussi de se
mettre au même lieu où Sa Majesté se met, et qu’ainsi c’était perdre dans
cette partie du Louvre quatre ou cinq pièces pour servir au passage de cette
chapelle. Le Cavalier a dit qu’il y avait en bas un escalier commode à monter
à cette tribune, qu’outre cela, pour ne pas perdre ces pièces, l’on pouvait
faire un corridor par dehors; qu’ainsi il n’y en aurait qu’une d’assujettie,
que cela ne rompait point la symétrie parce que l’on verrait qu’il serait fait
seulement pour cette commodité; qu’il y en avait exemple au Vatican.
M. Colbert a reparti que cela serait fort mal, qu’il vaudrait mieux chercher
un autre remède. Mon frère était là qui écoutait, étant arrivé un peu aupa-

1. A bas, en bas.
 
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