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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 31.1885

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Nr. 3
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Chantelou, Paul Fréart de: Journal du voyage du cavalier Bernin en France, [25]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24592#0301

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JOURNAL DU VOYAGE DU CAVALIER RE UN IN.

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qu'il professait, desquels Sa Majesté ne pouvait parler que par un excellent
sens naturel; qu’il jugeait ce que ce pouvait être, quand il s’agissait de
gouvernement et d’administration de ses affaires, qui était la profession des
rois. La Reine a dit qu’il était vrai.

J’ai dit à Monsieur,qui était là, que le Cavalier devait aller recevoir ses
commandements et ceux de Madame. Il l’avait déjà vu en entrant et l’avait
remercié du dessin qu’il lui avait fait. S. A. R. a dit qu’il pouvait prendre
là congé d’elle et de Madame aussi; ce qu’il a fait. Cependant la Reine a
commandé qu’on lui fit voir aussi ses pierreries, et a dit qu’elles n’étaient
pas si belles que celles de la couronne, ni en si grande quantité, mais qu’il
y avait pourtant de belles choses. Mmc de Navailles1 a apporté la cassette et
l’on s’est retiré proche d’une fenêtre. Cependant le Roi est venu qui a aidé
lui-même à les montrer. Après que le Cavalier les a eu vues et admirées, il
a dit qu’à voir ces pierreries et celles de la couronne il avait eu un plaisir
tout pur, et sans désirer aucune de ces choses, qu’on peut [dire] des chefs-
d’œuvre de la nature, ce qui n’arrivait pas quand il voyait de ces belles
statues grecques, pour ce que le plaisir de les voir était mêlé du regret de
se voir si éloigné de l’excellence où ces grands hommes étaient arrivés dans
l’art qu’il professait. Cette pensée a plu au Roi qui l'a fait remarquer à ceux
qui étaient là. Après, Sa Majesté s’est retirée dans les bains de la Reine. Le
Cavalier ayant accompagné M. Colbert à son carrosse, nous sommes montés
dans celui du Roi et venus au palais Mazarin. Nous y avons trouvé le tréso-
rier des bâtiments, MM. du Metz et Perrault. Ils ont donné au Cavalier deux
brevets du Roi : l’un pour lui de 2,000 écus de pension, et l’autre pour
le seigneur Paule de 400 écus aussi de pension ; au signor Mathie ils ont
donné un écrit de M. Colbert portant assurance que le Roi lui donnait

4.000 écus par an durant tout le temps qu’il servirait à la conduite du Louvre
pour l’exécution des dessins du Cavalier. Avec cela, il y avait sur la table
nombre de bourses arrangées, le Roi donnant au Cavalier 3,000 pistoles 2,

2.000 écus pour son fds, 2,000 écus à Mathie, 400 écus au seigneur Jules,
800 1. à Cosimo, camérier du Cavalier, 300 écus à Pietro qui a traduit les
devis et qui est au signor Mathie, et 500 liv. à chacun des estafiers du Ca-
valier et de son fds. Ils ont donné leurs quittances. Après, le trésorier a offert
de compter l’argent, ce que le Cavalier n’a pas voulu. Il a arrêté M. du Metz
à dîner, et M. Perrault s’en est retourné avec le trésorier. Après dîner,
M. le Nonce est venu, qui a été quelque temps en particulier avec le Cavalier.
Après, étant sorti, je l’ai mené aux Jésuites de la rue Saint-Antoine où nous
avons trouvé une personne de la part de M. Perrault. Pendant que le Cava-
lier a fait sa prière, il s’est assemblé quatre ou cinq des pères, qui lui ont
exposé ce que l’on veut faire pour l’ornement de l’autel où est la sépulture
de M. le Prince défunt; qui est, au lieu du tableau qui y est, d’y mettre une
grande table de marbre noir, au-devant un crucifix de bronze et un saint
François-Xavier, des colonnes de marbre aux deux côtés, avec des chapitaux
de bronze. Avec le défaut qu’il se noircissait, s’il n’était doré, [il leur a dit]
qu’il leur conseillait de faire dorer ce qu’ils feraient faire de bronze pour le

1. Suzanne de Baudéan, femme de Philippe, duc de Navailles, morte en 1700.

2. « Onze mille écus en trois mille louis d’or effectifs », dit la Gazelle du 24 octobre
 
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