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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 31.1885

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Nr. 4
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Michel, André: L' exposition d'Eugène Delacroix à l'École des Beaux-Arts
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https://doi.org/10.11588/diglit.24592#0321

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L’EXPOSITION D’EUGENE DELACROIX.

307

Aussi quand on a relevé la série des différents procédés tour à tour
mis en œuvre par Delacroix; quand on a vu comment en mêlant du
vernis de copal à ses couleurs, il a obtenu cette étonnante réussite du
Combat du Giaour et du Pacha (1827), véritable morceau d’orfèvrerie,
d’un brio d’exécution si enlevé, d’un émail si fin, d’une transparence si
cristalline que Delacroix, regrettant plus tard d’avoir perdu la dose
exacte de ce mélange, disait « qu'il faudrait tout vernir au copal »;
quand on a mesuré la dose exacte de cire vierge qu’il mêla ensuite à ses
peintures murales; qu’on a constaté le danger que, pendant une trop
longue période de sa viel, l’essence de térébenthine et l’emploi des
siccatifs fit courir à ses peintures aujourd’hui noircies; qu’on a ainsi
noté jour à jour ses recettes et les pratiques de son atelier, —• il faut
ajouter que, sans l’àme de feu qui mettait en œuvre toute « cette cui-
sine », elle serait restée inutile et figée, — car ces analyses techniques
n’ont d’intérêt que dans la mesure où elles nous montrent cette âme
créatrice en travail et en action.

Elle fut assurément de la race des grands artistes. Eugène
Delacroix aura eu toutes les gloires : conspué et proscrit par les
puissances établies qui prétendaient lui barrer la route, il entre dans
la postérité, comme le représentant inspiré d’une génération, dont
le rêve ne fut pas banal ni l’ambition médiocre. Il créa, pour
traduire les vagues aspirations et le lyrisme inassouvi de ses con-
temporains, une langue originale et vibrante, dont la forte éloquence
nous révèle, en même temps qu’un grand peintre, un homme d’ima-
gination puissante, de volonté tenace, de conviction profonde, de
frémissante sensibilité; — c’est cet homme, ce poète, cet artiste que
nous retrouvons en dernière analyse au fond de toutes ses œuvres.
Chez aucun autre peintre français, nous n’avons senti, avec plus
d’évidence, le divin rayonnement du génie. Ce grand méconnu peut
dormir en paix et se reposer de ses longs combats, de son labeur
acharné, de ses souffrances, dans ce tombeau qu'il voulut « exactement
copié sur l’antique avec des saillies très prononcées ». A^oici sa
revanche assurée. Quand on voudra, dans quelques jours, accrocher
au Louvre cette féerique Entrée des Croisés ci Constantinople, ses
anciens adversaires eux-mêmes ne pourront lui assigner d’autre place
que le Salon Carré.

1. Il est remarquable que, dans ses dernières années, il se préoccupait de peindre
clair. Qu’on voie les petits tableaux, tous datés de 1839 à 1862 et exposés à l’Ecole
des beaux-arts sous les numéros 76, 177, 186, 203, 163, 183, 136, etc.
 
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