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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
les plus belles sont à coup sûr les armoires à deux corps ornées de fines
sculptures et d’incrustations de marbre. Citons en première ligne un
grand meuble supporté par des colonnes au profil délicat. Sur les
vantaux sont représentées des figures allégoriques dont l’élégance
rappelle l’école de Jean Goujon: la Justice, la Gloire, la Vérité
encadrées de trophées et de groupes de prisonniers. Plusieurs
armoires à deux corps nous offrent un sujet souvent répété, les
quatre Saisons; elles sont toutes surmontées de frontons interrompus,
flanquées de colonnettes autour desquelles s’enroulent des tiges de
lierre, ou ornées de figures de sphinx de haut-relief ou de têtes de
béliers. L’une de ces armoires est décorée de camaïeux d’or; c’est là
une réminiscence de ces plaques d’émaux dont au xvie siècle on
ornait les cabinets.
Un genre de meuble moins commun dont la collection compte
trois ou quatre exemples, ce sont ces petites armoires à bijoux, sorte
de tabernacles destinés à être scellés dans le mur. L’une de ces
armoires, en bois noir décoré d’arabesques d’or et dont le vantail
est orné d’une figure de l’Abondance, doit être une œuvre italienne
du xvie siècle; une autre ornée de sphinx, de colonnettes, de
mascarons, est aussi rehaussée d’ornements d’or qui en font ressortir
la bonne architecture; mais la plus belle est sans contredit une
petite armoire dont la porte est occupée tout entière par un gros
mascaron terminé par des feuillages; c’est là un superbe morceau
de sculpture en bois et la frise ornée d’un aigle et le fronton
interrompu qui la surmonte forment un ensemble tout à fait bien
conçu et supérieurement exécuté. Nous le reproduisons plus haut.
C’est encore dans les meubles que nous placerons la grande
lanterne de fer dont nous avons déjà dit un mot : c’est un édicule
formé de quatre colonnes cannelées à chapiteaux corinthiens sup-
portant un riche entablement surmonté de quatre volutes réunies
par l’anneau de suspension. Les armoiries répétées sur chacune des
faces, un sceptre et une main de justice en sautoir surmontant un
coffre fleurdelysé, indiquent une charge et non une personnalité : si
l’on s’en rapporte aux renseignements, fournis par les jetons du
xviie siècle, ces armoiries sont celles de la chancellerie et des
secrétaires du roi; le coffre est la boite aux sceaux royaux. Nous ne
savons au juste d’où vient cette lanterne, il se pourrait bien qu’elle
eût été à l’origine placée à Versailles.
Maintenant que nous avons fait connaître les principaux morceaux
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
les plus belles sont à coup sûr les armoires à deux corps ornées de fines
sculptures et d’incrustations de marbre. Citons en première ligne un
grand meuble supporté par des colonnes au profil délicat. Sur les
vantaux sont représentées des figures allégoriques dont l’élégance
rappelle l’école de Jean Goujon: la Justice, la Gloire, la Vérité
encadrées de trophées et de groupes de prisonniers. Plusieurs
armoires à deux corps nous offrent un sujet souvent répété, les
quatre Saisons; elles sont toutes surmontées de frontons interrompus,
flanquées de colonnettes autour desquelles s’enroulent des tiges de
lierre, ou ornées de figures de sphinx de haut-relief ou de têtes de
béliers. L’une de ces armoires est décorée de camaïeux d’or; c’est là
une réminiscence de ces plaques d’émaux dont au xvie siècle on
ornait les cabinets.
Un genre de meuble moins commun dont la collection compte
trois ou quatre exemples, ce sont ces petites armoires à bijoux, sorte
de tabernacles destinés à être scellés dans le mur. L’une de ces
armoires, en bois noir décoré d’arabesques d’or et dont le vantail
est orné d’une figure de l’Abondance, doit être une œuvre italienne
du xvie siècle; une autre ornée de sphinx, de colonnettes, de
mascarons, est aussi rehaussée d’ornements d’or qui en font ressortir
la bonne architecture; mais la plus belle est sans contredit une
petite armoire dont la porte est occupée tout entière par un gros
mascaron terminé par des feuillages; c’est là un superbe morceau
de sculpture en bois et la frise ornée d’un aigle et le fronton
interrompu qui la surmonte forment un ensemble tout à fait bien
conçu et supérieurement exécuté. Nous le reproduisons plus haut.
C’est encore dans les meubles que nous placerons la grande
lanterne de fer dont nous avons déjà dit un mot : c’est un édicule
formé de quatre colonnes cannelées à chapiteaux corinthiens sup-
portant un riche entablement surmonté de quatre volutes réunies
par l’anneau de suspension. Les armoiries répétées sur chacune des
faces, un sceptre et une main de justice en sautoir surmontant un
coffre fleurdelysé, indiquent une charge et non une personnalité : si
l’on s’en rapporte aux renseignements, fournis par les jetons du
xviie siècle, ces armoiries sont celles de la chancellerie et des
secrétaires du roi; le coffre est la boite aux sceaux royaux. Nous ne
savons au juste d’où vient cette lanterne, il se pourrait bien qu’elle
eût été à l’origine placée à Versailles.
Maintenant que nous avons fait connaître les principaux morceaux