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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 31.1885

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Nr. 5
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Portalis, Roger: Exposition des pastellistes français à la rue de Sèze
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https://doi.org/10.11588/diglit.24592#0461

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EXPOSITION DES PASTELEISTES FRANÇAIS.

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d’une façon plus intime les têtes énergiques, sous leur lourde perruque,
de ses contemporains. Le Louvre nous en montre quelques-uns magis-
tralement traités. C’est lui qui a fait de son élève Vivien un véritable
spécialiste de l’art dont nous nous occupons. Ce qu’on peut reprocher
à ce dernier artiste, c’est d’avoir traité le pastel comme il aurait fait
de la peinture à l'huile, en cherchant à en obtenir l’illusion ; mais
son dessin est ferme, d’une belle tournure. Le portrait d’homme de
l’exposition donne bien l’idée de sa manière. Vivien peignit en pied
ses personnages, revêtus de cuirasses, de draperies, d’accessoires,
avec une rare conscience. Rien qu’au Salon de 1704, il exposa dix-
huit de ces grands pastels qui mirent le comble à sa réputation,
bien qu’il n’eût pas la largeur du faire de son maître. Le portrait du
sculpteur Girardon, que l’on peut voir au Louvre, fait grand honneur
à l’artiste; c’est également par le même procédé qu’il exécuta celui
de Fénelon, tant de fois reproduit par la gravure, et celui de Samuel
Bernard, un des chefs-d’œuvre de l’art du pastelliste h « Il s’est, dit
Mariette, rendu recommandable par ses beaux pastels. Il ne les a pas
traités comme la Rosalba ; mais il leur a su donner beaucoup de
force, et généralement ses portraits sont beaucoup mieux dessinés
que ceux de cette habile fille. »

On en était encore au genre pompeux du grand siècle, bien que
Largillière eût cherché dans ses peintures comme dans ses pastels à
trouver la grâce, que Watteau humanisât la beauté dans de merveil-
leuses sanguines, quand la Rosalba, gardant comme un vague reflet
du Corrège dans le velouté de sa touche, fit en 1720 son apparition
sur la scène parisienne.

On était alors en pleine Régence, au beau temps du système de
Law. Rosalba Carriera, précédée d’une grande réputation, quittait
Venise dans l’épanouissement de son talent et descendait rue de
Richelieu. Le financier Pierre Crozat, qui la réclamait depuis long-
temps, lui offrait une hospitalité princière dans son hôtel, rempli
jusqu’aux combles de merveilles artistiques. On ne pouvait mieux
choisir pour être présenté à tout ce que Paris comptait alors d’ama-
teurs et de connaisseurs. Ce fut un engouement, une fureur d’avoir
quelque chose d’elle. L’abbé Vianeili, son panégyriste, assure qu’elle
aurait eu cent mains et cent yeux qu’ils ne lui auraient pas suffi
pour faire tous les travaux réclamés pendant son séjour. Elle exécuta
plusieurs portraits du jeune Louis XV, alors âgé de dix ans, et dut

1. Au Musée de Rouen.

— 2e PÉRIODE.

XXXI.

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