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Perrault, Charles; Dezallier, Antoine [Oth.]
Les Hommes Illustres Qui Ont Paru En France pendant ce Siecle: Avec leurs Portraits au naturel (Band 2) — A Paris: Chez Antoine Dezallier, 1700

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https://doi.org/10.11588/diglit.73757#0011

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LE CARDINAL DOSSAT


E Cardinal dont je vais parler , e'toit véritablement fils de ses
ffl œuvres,comme parlent les Espagnols, puisquïls'est fait luy-même
tout ce qu'il a été. Il naquità Cassagnabere, petit Village du Comté
ml d'Armagnac au Diocese d'Auch, & son Pere Maréchal ferrant
mourut si pauvre , qu'il ne laisfa pas de quoy se faire enterrer. Ar-
nauld d'Ossat son fils qui n avoir alors que neuf ans, ne sçachant où se retirer ,
trouva heureusement un Gentilhomme du même Diocese nommé Antoine de
Marca, qui le prit en affection,& le mit auprès du jeune Seigneur de Castelnau de
Magnoac son neveu & son pupille , pour faire leurs études ensemble. Ces deux
orphelins si inégaux en biens , ne le furent pas moins en esprit ; le pauvre avança
beaucoup plus que le riche , &la différence fut si grande , que trois ou quatre
ans après Arnauld fut en ètat de servir de Precepteur à son jeune Maître & à
ses freres qu'on luy donna encore à conduire.
D’Ossat alla à Bourges étudier le Droit Civil sous' le celebre Cujas , & revint
à Paris se faire recevoir Avocat. Il fut admiré dans le Barreau , & il auroit ap-
paremment fait une fortune considerable danscette profession , si la Providence
ne l'avoit pas appelle à quelque chose de plus utile & de plus grand. Il com-
posa en ce temps-là une Dissertation sur la Méthode , en faveur de Ramus
Professfeur en Eloquence , contre Jacques Charpentier Docteur en Méde-
cine , & Professfeur en Philosophie , qui ne luy répondit que par des injures
indignes de son cara&ere. Paul de Foix Archevêque de Toulouse , que le
Roy Henry III. envoyoit Ambassadeur à Rome , l'engagea à l'accompagner
en qualité de Secrétaire. Il s'aquitta de cet employ d'une maniere qui luy ac-
quit l'entiere bienveillance de son Maître , & une très-grande réputation à la
Cour de Rome. Cet Ambassadeur étant mort peu de temps après , Monsieus
de Villeroy Secrétaire d'Estat sit continuer d'Ossat dans le maniement des affai-
res , persuadè que c'e'toit luy qui avoir écrit & minuté toutes les Lettres de sort
Maître ; le Cardinal d'Este protecteur à Rome de la Nation Françoise, qui
l'aimoit fort pour son grand merite , & parce qu'il étoit son Diocesain ( car ce
Cardinal étoit Archevêque d'Auch)luy offrit sa maison,où il demeura jusqu'à
son decés. Ce Cardinal luy legua une Somme de quatre mille écus , & luy of-
frit un diamant qui en valloit vingt mille , pourle garder jusqu ace qu'il fut payé
de cette somme par ses Exécuteurs Testamentaires. Mais il ne voulut jamais ac-
cepter ce gage , quelque instance que luy en fit le Cardinal ; & lorsque cette
somme luy fut payé treize ans après, illa reçut comme une grâce très singuliere.
Et en effet ce payement luy vint très à propos en la premiere année de sort
Cardinalat , car sans ce secours il auroit donné du nez en terre , comme il le
dit luy-même en propres termes.
Le Roy envoya luy offrir à Rome une charge de Secrétaire d'Etat , mais il
larefusa la croyant incompatible avec le Sacerdoce dans lequel il étoit engagé
& aimant mieux vivre avec un peu plus de repos que n'en permet l'exercice d'u^
ne telle Charge. Ce refus fut la cauie de sa fortune ; car s'il sût venu en France ^
 
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