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Perrault, Charles; Dezallier, Antoine [Oth.]
Les Hommes Illustres Qui Ont Paru En France pendant ce Siecle: Avec leurs Portraits au naturel (Band 2) — A Paris: Chez Antoine Dezallier, 1700

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https://doi.org/10.11588/diglit.73757#0203

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FRANCOIS CHAUVEAU
DESSINATEUR ET GRAVEUR
Omme c'est une chose tres- fatigante , & neanmoins très. ordL
naire, de rencontrer des hommes, qui avec un merite fort mé-
diocre ont une grande opinion d'eux-mesmes , il est aussi tres-

A
Æ


agréable & tres-rare tout ensemble d'en trouver qui joignent
beaucoup d'humilité avec bien du merite. Celuy dont je fais l'E¬
loge estoit du nombre de ces derniers. Et il n'est pas croyable combien ces
deux bonnes qualitez se donnoient de reliefl'une à l'autre. Personne n'a peut^
estre jamais eu une imagination plus féconde pour trouver & disposer des su-
jets de Tableaux ; tout y estoit heureux pour la beauté du speélacle , tout y
estoit ingenieux pour la satisfadion de l'esprit , & il entroit dans ses Desseins
encore plus de Poësie que de Peinture. Cela se peut vérifier dans le nombre
presque infini d'Ouvrages qu'il nous a laissez , & particulièrement dans les
Estampes qui representent ce qui est contenu dans les Livres où elles sont. Il
n'y en a point qui n'explique admirablement la pensée de l'Auteur , & qui
souvent ne 1'enrichisse agréablement & judicieusement par de certaines circon-
stances Poétiques qu'il y ajoute. Non seulement il estoit l'Inventeur de la pluspare
des choses qu'il gravoit ; mais quantité de Peintres s'adressoient à luy secrete-
ment pour en tirer des dessfeins de Tableaux, dont ensuite ils se faisoient honneur.
Quand on luy proposoit quelque Ouvrage il prenoit une ardoise , sur laquelle
il dessinoit la pensée qu'on luy avoit proposée, en autant de façons disferentes
qu'on le souhaitoit,jusqu a ce que l'on fust content , ou qu'il le fust luy mes-
me : car on l'estoit souvent , qu'il ne l'estoit pas encore.
Il commença à graver au burin sous la conduite de Laurent de la Hire , ha-
bile Peintre dont il gravoit les Ouvrages , & où il prit une manière fine &
agréable ; mais la vivacité de son imagination ne s'accommodant pas de la
lenteur du burin, il se mit à graver à l’eau forte ,&à ne graver plus que ses
pures pensées ;ce qui luy a fait produire une infinité d’Ouvrages de toutes sor-
tes de caractères. Quelques-uns ont répondu qu’il manquoit quelque chose à
la beauté de ses Desseins, faute d'avoir esté en Italie , où il auroit pris un cer-
tain goust qu'ils disent qu'on ne trouve pas ailleurs. Mais cette pensée nest
autre chose qu'une pure prévention de Curieux, qui ne connoissfent guère que
les noms & le Pays des Peintres , & qui ne jugent que par là de la beauté de
leurs Ouvrages. L'homme dont nous parlons en est une des plus grandes preu-
ves. Peu de gens ont polfedé plus que luy ce mesme goust dont ils parlent, &
qu'ils croyent ne point voir en luy , parce qu'ils sçavent qu'il n'a pas esté à
Rome. Il est vray que sa gravure n'a pas la douceur ni l'agrément de plu-
sieurs autres Graveurs , qui ont porté cette délicatesse jusqu'au dernier point
de perfection. Mais pour le feu , la force des expressions , la variété, & pour
l'esprit qui s’y rencontre , je ne sçay s'il y aeu quelqu’un qui l'ait surpassé dans
cette partie. Peu de temps avant sa mort il commença à graver l'Histoire de
S. Bruno, peinte aux Chartreux par le Sueur. Il en a fait les Dcsseins , mais il
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