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https://doi.org/10.11588/diglit.73757#0015
NICOLAS COEFFETEAU
EVESQUE DE DARDANIE,
& nommé à l'Evêché de Marseille.
de la naissance de celuy dont je vais parler , n'est pas ceN
tain. Les uns estiment qu'il est né au Château du Loir , & les au-
tres assurent qu'il a receu le jour à Saint Calais , sinie sur la même
Riviere. Cette circonstance est commune à beaucoup d'autres
grands Personnages , parce qu'on ne manque point, dés le moin-
dre jour que l'on en a, d'attirer à soy l'honneur qu'ils font au pais oii ils nais-
sent. 11 vint au monde en l'année 1574. & en 1588. il prit l'habit de Religieux
dans l Ordre de saint Dominique, où son merite l'éleva en peu de temps aux
premieres Charges ; il étoit Docteur de Sorbonne , on le fit Profeiseur en Théo-
logie, Prieur & Vicaire General ; & dans un Chapitre tenu à Rome en 1608.
il fut élu Definiteur General de France. La Reine Marguerite , qui avoit un
goût & un diseernement admirable pour les hommes d'esprit , le choisit pour
Ion Prédicateur, & dans cette fonction il donna d'illustres marques du bon sens,
de l'éloquence , & de la pureté du langage, qui brillent dans tous les excellens
Livres qu'il nous a laissez.
Le Roy Henry le Grand le chargea , à la sollicitation du Cardinal du Perron ,
de répondre au Livre du Roy de la Grand' Bretagne sur l'Eucharistie ; ce qu'il
fit avec beaucoup de force , de même qu'à celuy de du Plessis Mornay sur la
même matiere. Le Pape Gregoire XV. se servit de sa plume pour écrire con-
tre Marc de Dominis, qu'il terrassa par deux Traitez trés-excellens , l'un inti-
tulé , De facra Monarchie , & l'autre , Adverses RempuUicam Marci Antonii de
Dominis. Dans tout ce qu'il écrivit contre les Heretiques , il usa toujours d'une
telle modération , qu'il n'avança jamais rien qui les blesTât en leur personne,
n'ayant en vue que de combattre leur erreur , en quoy il ne suivoit pas seule-
ment les réglés d'une exacte morale, mais les plus fins preceptes de l'Eloquen-
ce qui ne permet jamais les injures , dont l'esfet naturel est de soulever l'audi-
teur contre celuy qui les dit , & de le rendre favorable à celuy à qui elles
sont dites.
Il fit l'Oraison funebre d'Henry IV. avec une élegance digne de son sujet.
Nous avons de luy le Tableau de la penitence de la Magdelaine, & le Tableau
des Passions , l'Hydre abbatuë par l'Hercule Chrétien, la Marguerite Chrétienne,
qu'il dédia à la Reine Marguerite , dont il étoit le Prédicateur. Il a laisfé aussi
plusieurs belles Paraphrases, & plusieurs Poësies trés-ingenieuses.
Il fut le plus excellent traducteur de son temps ; l'élegance & la pureté de son
style sont incomparables ; c'est le témoignage qu'en rend Monsieur de Vaugelas ,
le meilleur Juge que nous ayons sur cette matiere. Il propose ses traductions
comme les vrais modeles du beau langage. Un mot ou une phrase , quelque
hardie qu'elle soit , est bonne sélon luy, dés qu'elle se rencontre dans les Ecrits
de Monsieur Coeffeteau ;&il n'y en a gueres qui ne luy soient suspeétes , quand
EVESQUE DE DARDANIE,
& nommé à l'Evêché de Marseille.
de la naissance de celuy dont je vais parler , n'est pas ceN
tain. Les uns estiment qu'il est né au Château du Loir , & les au-
tres assurent qu'il a receu le jour à Saint Calais , sinie sur la même
Riviere. Cette circonstance est commune à beaucoup d'autres
grands Personnages , parce qu'on ne manque point, dés le moin-
dre jour que l'on en a, d'attirer à soy l'honneur qu'ils font au pais oii ils nais-
sent. 11 vint au monde en l'année 1574. & en 1588. il prit l'habit de Religieux
dans l Ordre de saint Dominique, où son merite l'éleva en peu de temps aux
premieres Charges ; il étoit Docteur de Sorbonne , on le fit Profeiseur en Théo-
logie, Prieur & Vicaire General ; & dans un Chapitre tenu à Rome en 1608.
il fut élu Definiteur General de France. La Reine Marguerite , qui avoit un
goût & un diseernement admirable pour les hommes d'esprit , le choisit pour
Ion Prédicateur, & dans cette fonction il donna d'illustres marques du bon sens,
de l'éloquence , & de la pureté du langage, qui brillent dans tous les excellens
Livres qu'il nous a laissez.
Le Roy Henry le Grand le chargea , à la sollicitation du Cardinal du Perron ,
de répondre au Livre du Roy de la Grand' Bretagne sur l'Eucharistie ; ce qu'il
fit avec beaucoup de force , de même qu'à celuy de du Plessis Mornay sur la
même matiere. Le Pape Gregoire XV. se servit de sa plume pour écrire con-
tre Marc de Dominis, qu'il terrassa par deux Traitez trés-excellens , l'un inti-
tulé , De facra Monarchie , & l'autre , Adverses RempuUicam Marci Antonii de
Dominis. Dans tout ce qu'il écrivit contre les Heretiques , il usa toujours d'une
telle modération , qu'il n'avança jamais rien qui les blesTât en leur personne,
n'ayant en vue que de combattre leur erreur , en quoy il ne suivoit pas seule-
ment les réglés d'une exacte morale, mais les plus fins preceptes de l'Eloquen-
ce qui ne permet jamais les injures , dont l'esfet naturel est de soulever l'audi-
teur contre celuy qui les dit , & de le rendre favorable à celuy à qui elles
sont dites.
Il fit l'Oraison funebre d'Henry IV. avec une élegance digne de son sujet.
Nous avons de luy le Tableau de la penitence de la Magdelaine, & le Tableau
des Passions , l'Hydre abbatuë par l'Hercule Chrétien, la Marguerite Chrétienne,
qu'il dédia à la Reine Marguerite , dont il étoit le Prédicateur. Il a laisfé aussi
plusieurs belles Paraphrases, & plusieurs Poësies trés-ingenieuses.
Il fut le plus excellent traducteur de son temps ; l'élegance & la pureté de son
style sont incomparables ; c'est le témoignage qu'en rend Monsieur de Vaugelas ,
le meilleur Juge que nous ayons sur cette matiere. Il propose ses traductions
comme les vrais modeles du beau langage. Un mot ou une phrase , quelque
hardie qu'elle soit , est bonne sélon luy, dés qu'elle se rencontre dans les Ecrits
de Monsieur Coeffeteau ;&il n'y en a gueres qui ne luy soient suspeétes , quand