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https://doi.org/10.11588/diglit.73757#0047
MARIN MERSENNE
MATHEMATICIEN,
de l'Ordre des PP. Minimes.
EluY dont je vais parler, ne merite pas seulement la place que
je luy donne icy par son merite particulier , mais aussi par le
merite de la plupart des grands Mathématiciens de ce siecle,
puis qu'il est vray qu'il les a excitez au travail , & que sans son
entremise ils seroient demeurez dans le silence sur une infinité de
belles choies qu'ils nous ont découvertes.
Marin Mersenne nâquit dans le bourg d'Oise au païs du Maine le 8. Sep.
tembre 1588. Il fit ses études au College de la Flèche , où la bonté de son na-
turel , & la finesse de son esprit le firent aimer de tous les Peres de la Société ,
& particulièrement des Peres Chastelier , de la Tour & Phelypeaux. Il fit en-
suite son cours de Théologie à Paris sous Messieurs du Val, Ylàmbert & Ga-
mache , les plus celebres Profesfeurs qu'il y ait peut-estre jamais eu en Sor-
bonne Dés ce temps- là il vivoit dans une tres-grande pieté ; de sorte que
passant dans le Monastere du Plessis lez Tours , il fut tellement touché de la
vie exemplaire des bons Peres Minimes de ce Convent, qu'il resolut d'em-
brasser le même genre de vie, ce qu'il fit dans la maison de la Place Royale à
Paris, où il prit l'habit le 17. Juillet 161. & fit profession en 16U. Il apprit l'He-
breu du R. P. Jean Bruno Celestin , Douleur dans les Universités d'Alcala &
d'Avignon , ce qui luy donna de grandes ouvertures dans ses études de 1 heolo-
gie, où il réüssit extraordinairement , comme on le peut voir dans ses Com-
mentaires sur la Genese , & dans deux tomes qu'il a composez ; l'un de \ Analyse
de la vie fprituelle , & l'autre de XDfage de la raifon , & particulierement dans
celuy qu'il composa contre l'impiété des Déisies & des Athées.
Il avoit un grand amour pour les Mathématiques , dont il a cultivé presque
toutes les parties avec un grand succés. Ce qu'il a écrit de l'Harmonie en douze
Livres , est tres-excellent. il composa d'abord cet ouvrage en Latin , & ensuite il
le mit en François. Dans le premier tome , il traitte des Ions & des mouvemens,
des consonances , des dissonances , des genres , des modes, de la composi-
tion , de la voix , des chants , & de toutes les sortes d'instrumens harmo-
nieux , en expliquant la maniere dont ils sont construits. Il rapporte des exem-
ples de toutes sortes de pieces de musique ; il montre en quoy elles different les
unes des autres, & ce qui en compose le véritable caraàere. Le sécond tome
contient la pratique des consonances & des dissonances dans le contre-point
figuré, la Musique accentuelle , la Rythmique , la Prosodie & la Musique
Françoise; la maniere de chanter les Odes de Pindare & d'Horace. Il n'y eut
jamais une recherche plus curieuse sur tout ce qui regarde la Musique, à l'é¬
gard de laquelle il semble n'avoir presque rien oublié de ce qui peut en don-
ner une parfaite connoissance. Il a fallu joindre à une levure prodigieuse de
tous les Auteurs qui en ont parlé, de tres-profondes méditations, pour en ti-
F
MATHEMATICIEN,
de l'Ordre des PP. Minimes.
EluY dont je vais parler, ne merite pas seulement la place que
je luy donne icy par son merite particulier , mais aussi par le
merite de la plupart des grands Mathématiciens de ce siecle,
puis qu'il est vray qu'il les a excitez au travail , & que sans son
entremise ils seroient demeurez dans le silence sur une infinité de
belles choies qu'ils nous ont découvertes.
Marin Mersenne nâquit dans le bourg d'Oise au païs du Maine le 8. Sep.
tembre 1588. Il fit ses études au College de la Flèche , où la bonté de son na-
turel , & la finesse de son esprit le firent aimer de tous les Peres de la Société ,
& particulièrement des Peres Chastelier , de la Tour & Phelypeaux. Il fit en-
suite son cours de Théologie à Paris sous Messieurs du Val, Ylàmbert & Ga-
mache , les plus celebres Profesfeurs qu'il y ait peut-estre jamais eu en Sor-
bonne Dés ce temps- là il vivoit dans une tres-grande pieté ; de sorte que
passant dans le Monastere du Plessis lez Tours , il fut tellement touché de la
vie exemplaire des bons Peres Minimes de ce Convent, qu'il resolut d'em-
brasser le même genre de vie, ce qu'il fit dans la maison de la Place Royale à
Paris, où il prit l'habit le 17. Juillet 161. & fit profession en 16U. Il apprit l'He-
breu du R. P. Jean Bruno Celestin , Douleur dans les Universités d'Alcala &
d'Avignon , ce qui luy donna de grandes ouvertures dans ses études de 1 heolo-
gie, où il réüssit extraordinairement , comme on le peut voir dans ses Com-
mentaires sur la Genese , & dans deux tomes qu'il a composez ; l'un de \ Analyse
de la vie fprituelle , & l'autre de XDfage de la raifon , & particulierement dans
celuy qu'il composa contre l'impiété des Déisies & des Athées.
Il avoit un grand amour pour les Mathématiques , dont il a cultivé presque
toutes les parties avec un grand succés. Ce qu'il a écrit de l'Harmonie en douze
Livres , est tres-excellent. il composa d'abord cet ouvrage en Latin , & ensuite il
le mit en François. Dans le premier tome , il traitte des Ions & des mouvemens,
des consonances , des dissonances , des genres , des modes, de la composi-
tion , de la voix , des chants , & de toutes les sortes d'instrumens harmo-
nieux , en expliquant la maniere dont ils sont construits. Il rapporte des exem-
ples de toutes sortes de pieces de musique ; il montre en quoy elles different les
unes des autres, & ce qui en compose le véritable caraàere. Le sécond tome
contient la pratique des consonances & des dissonances dans le contre-point
figuré, la Musique accentuelle , la Rythmique , la Prosodie & la Musique
Françoise; la maniere de chanter les Odes de Pindare & d'Horace. Il n'y eut
jamais une recherche plus curieuse sur tout ce qui regarde la Musique, à l'é¬
gard de laquelle il semble n'avoir presque rien oublié de ce qui peut en don-
ner une parfaite connoissance. Il a fallu joindre à une levure prodigieuse de
tous les Auteurs qui en ont parlé, de tres-profondes méditations, pour en ti-
F