CONDUCTEUR ET GRAVEUR GENERAL
des Monnoyes de France
U A .N d la Nature entreprend de rendre un homme habile dans
les Arts, elle y réunit mieux que les Arts mesmes avec tous leurs
préceptes , & avec l’instrudion de tous les Maistres. Jean Variû
natif de Liege , fils de Pierre Varin sieur de Blanchard , & Gentil-
homme du Comte de Rochefort Prince Souverain de l'Empire,
en est une preuve bien convaincante. Il fut donné à ce Prince à l'âge de onze
à douze ans pour estre son Page ; & s'estant appliqué tout jeune par sa seu-
le inclination à delhner dans les momens que les exercices de monter à
cheval , de faire des armes , de danser & de voltiger luy laissoient libres ,
ily réussit admirablement. Comme le Dessfein est un chemin à la Peinture ,
à la Sculpture & à la Gravure , il se rendit également habile dans ces trois
Arts ,& estant fort industrieux de son naturel , il imagina plusieurs machin
nes tres-ingenieuses pour monnoyer les Medailles qu'il avoir gravées. Le
Roy Louis XIII. informé de sa capacité le fit venir à Paris , luy donna des
Lettres de Naturalité , & le retint pour travailler & aux Monnoyes & aux
Medailles. Peu de temps après la Charge de Garde & Conducteur Gene-
ral des Monnoyes de France ayant vacqué par la mort de René Olivier , il fut
receu à cette Charge.
Il fit dans ce mesme temps-là le Sceau de l'Academie Françoise , qui
n'est autre chose que le portrait du Cardinal de Richelieu ; mais si resTem#
blant & travaillé avec tant d'art, que cet Ouvrage passe sans contredit pour
un des plus beaux qui ait jamais esté fait en cette espeçe. On le fit voir au Car-
dinal de Richelieu, qui en fut charmé,& qui dit publiquement que l'homme
qui avoir fait un si bel Ouvrage meritoit de ne mourir jamais. Le Roy Louis
XIII. ayant resolu de faire faire la conversion generale de toutes les especes le-
geres d'or & d'argent dans toute l'estendue de son Royaume, le sieur Varin
fut choisi pour avoir la conduite entiere de cette reforme, qui fut establie dans
la basse Gallerie du Louvre , & sur tout pour faire les poinçons & les carrez de
toutes les Monnoyes. A l'occasion de ces deux Emplois le Roy créa pour luy
deux Charges , l'une de Conducteur General des Monnoyes de France , & l'au-
tre de Graveur General des Poinçons de ces mesmes Monnoyes. Toutes celles
qu'ila faites ont esté d'une beauté si grande, que beaucoup de Curieux les
conservent & les gardent comme des Medailles qui ne le cedent en rien aux
Medailles antiques les plus estimées. Par tout où elles se répandirent , on les re-
gardoit avec admiration ; & les Turcs mesmes , qui ne sont pas fort sensibles
aux beautez des Arts , furentsi charmez des plus petites de toutes ces especes ,
qu'ils en faisoient le plus bel ornement de leurs habits, & les y attachoient de
tous costez. Il se fit dans le mesme-temps des Piedz-forts de huit & dix pistoh
les , qu'on peut encore mettre au rang des plus beaux Médaillons. Toute la
des Monnoyes de France
U A .N d la Nature entreprend de rendre un homme habile dans
les Arts, elle y réunit mieux que les Arts mesmes avec tous leurs
préceptes , & avec l’instrudion de tous les Maistres. Jean Variû
natif de Liege , fils de Pierre Varin sieur de Blanchard , & Gentil-
homme du Comte de Rochefort Prince Souverain de l'Empire,
en est une preuve bien convaincante. Il fut donné à ce Prince à l'âge de onze
à douze ans pour estre son Page ; & s'estant appliqué tout jeune par sa seu-
le inclination à delhner dans les momens que les exercices de monter à
cheval , de faire des armes , de danser & de voltiger luy laissoient libres ,
ily réussit admirablement. Comme le Dessfein est un chemin à la Peinture ,
à la Sculpture & à la Gravure , il se rendit également habile dans ces trois
Arts ,& estant fort industrieux de son naturel , il imagina plusieurs machin
nes tres-ingenieuses pour monnoyer les Medailles qu'il avoir gravées. Le
Roy Louis XIII. informé de sa capacité le fit venir à Paris , luy donna des
Lettres de Naturalité , & le retint pour travailler & aux Monnoyes & aux
Medailles. Peu de temps après la Charge de Garde & Conducteur Gene-
ral des Monnoyes de France ayant vacqué par la mort de René Olivier , il fut
receu à cette Charge.
Il fit dans ce mesme temps-là le Sceau de l'Academie Françoise , qui
n'est autre chose que le portrait du Cardinal de Richelieu ; mais si resTem#
blant & travaillé avec tant d'art, que cet Ouvrage passe sans contredit pour
un des plus beaux qui ait jamais esté fait en cette espeçe. On le fit voir au Car-
dinal de Richelieu, qui en fut charmé,& qui dit publiquement que l'homme
qui avoir fait un si bel Ouvrage meritoit de ne mourir jamais. Le Roy Louis
XIII. ayant resolu de faire faire la conversion generale de toutes les especes le-
geres d'or & d'argent dans toute l'estendue de son Royaume, le sieur Varin
fut choisi pour avoir la conduite entiere de cette reforme, qui fut establie dans
la basse Gallerie du Louvre , & sur tout pour faire les poinçons & les carrez de
toutes les Monnoyes. A l'occasion de ces deux Emplois le Roy créa pour luy
deux Charges , l'une de Conducteur General des Monnoyes de France , & l'au-
tre de Graveur General des Poinçons de ces mesmes Monnoyes. Toutes celles
qu'ila faites ont esté d'une beauté si grande, que beaucoup de Curieux les
conservent & les gardent comme des Medailles qui ne le cedent en rien aux
Medailles antiques les plus estimées. Par tout où elles se répandirent , on les re-
gardoit avec admiration ; & les Turcs mesmes , qui ne sont pas fort sensibles
aux beautez des Arts , furentsi charmez des plus petites de toutes ces especes ,
qu'ils en faisoient le plus bel ornement de leurs habits, & les y attachoient de
tous costez. Il se fit dans le mesme-temps des Piedz-forts de huit & dix pistoh
les , qu'on peut encore mettre au rang des plus beaux Médaillons. Toute la