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https://doi.org/10.11588/diglit.73757#0143
ADRIEN DE VAL O I S,
HISTORIOGRAPHE DU ROY
N s'étonnera sins doute de voir icy le portrait d'Adrien de Valois,
& de n'y pas voir celuy d'Henry de Valois son frere aisné qui ne le
cedoit en rien à son cadet, & qui même, sélon le jugement de
plusieurs sçavans hommes , ne tenoit pas moins le premier rang
du côté du merite que du côté de l'âge , mais on n'a point de
portrait de cet aisné qui n'a jamais voulu se laisser peindre. Nous parlerons icy
de tous les deux , & cet éloge leur sera commun comme presque toutes cho-
ies leur ont été communes pendant leur vie.
Tous deux naquirent à Paris , l'un au mois de Septembre 1605. l'autre au
mois de Juin 1604. Leur pere Charles de Valois, content du bien que ses pa-
ïens luy lailserent , prefera la polselhon d'un loisir honneste à l'acquisition des
biens d'une vie laborieuse & inquiète. Il étoit originaire de Lisieux, où il y a
encore beaucoup de Gentilshommes du même nom , mais la noblesse de la
naissance est un avantage qui merite peu d'estre relevé dans des hommes qui
ont eu tant de vertu & tant de dourine. Henry l'aisné fut envoyé à Verdun y
faire ses études sous les Peres Jesuites de cette ville. Il n'est pas croyable avec
quelle rapidité & avec quel fruit il les fit toutes. Il fut toujours des premiers
de ses classes , toujours aimé de ses Maistres , & admiré de ses compagnons.
En 1618. les Jesuites ayant esté rétablis à Paris , il y vint faire une année de
Rhétorique sous le P. Petau,& sa Philosophie sous le Pere Bruan. En 1622. âgé
de dix neuf ans il alla apprendre le Droit à Bourges où il demeura deux années ,
& au retour il se fit recevoir Avocat , plus pour donner cette satisfadion à son
pere , que par inclination qu'il eût à cette profellion. Il porta la robe pendant
plus de sept ans, mais il se lassa enfin de la porter inutilement , ne plaidant &:
ne faisant aucune fonction d'Avocat. Il eut pour amis tout ce que la France
avoit d'hommes sçavans & d'un merite Singulier dans la connoissance des belles
Lettres , les du Puys, les Bignons , les Marca , les Gaulmins , les Nublé ,
les Launoy, les Ogiers , les Menages , &: il usoit si sagement de leur amitié ,
que sans la blesser il reprenoit dans leurs escrits tout ce qu'il y trouvoit à re-
dire. Il a fait une infinité d'ouvrages tres-excellens , mais le plus mémorable
est la Traduction de l'Histoire Ecclesiastique d'Eusebe , de Socrate, de Zosome-
ne , de Philostorge, & de plusieurs autres encore jusqu'à l'année 594. la quator-
zième du regne de l'Empereur Maurice. Cette Histoire est accompagnée de
notes d'une tres-sçavante & tres-profonde érudition.
Après la traduction de ces Auteurs Grecs, il travailla à donner les Auteurs La-
tins qui suivent , Sulpice Severe, Rufin , Cassiodore , & quelques autres encore
qu'il avoit collationnez sur plusieurs anciens Manuscrits qu'il auroit accompa-
gnez de Notes tres-curieuses , s'il eust vescu plus long-temps. Il avoit aussi com-
posè un Traite des Loix Attiques qui n'a pas vu le jour, parce que dans ce temps-
là Monsieur Petit donna un ouvrage tres-ample sur cette matiere. Une chaise de
Professeur en Langue Grecque étant venue à vaquer dans le College Royal ; &
S
HISTORIOGRAPHE DU ROY
N s'étonnera sins doute de voir icy le portrait d'Adrien de Valois,
& de n'y pas voir celuy d'Henry de Valois son frere aisné qui ne le
cedoit en rien à son cadet, & qui même, sélon le jugement de
plusieurs sçavans hommes , ne tenoit pas moins le premier rang
du côté du merite que du côté de l'âge , mais on n'a point de
portrait de cet aisné qui n'a jamais voulu se laisser peindre. Nous parlerons icy
de tous les deux , & cet éloge leur sera commun comme presque toutes cho-
ies leur ont été communes pendant leur vie.
Tous deux naquirent à Paris , l'un au mois de Septembre 1605. l'autre au
mois de Juin 1604. Leur pere Charles de Valois, content du bien que ses pa-
ïens luy lailserent , prefera la polselhon d'un loisir honneste à l'acquisition des
biens d'une vie laborieuse & inquiète. Il étoit originaire de Lisieux, où il y a
encore beaucoup de Gentilshommes du même nom , mais la noblesse de la
naissance est un avantage qui merite peu d'estre relevé dans des hommes qui
ont eu tant de vertu & tant de dourine. Henry l'aisné fut envoyé à Verdun y
faire ses études sous les Peres Jesuites de cette ville. Il n'est pas croyable avec
quelle rapidité & avec quel fruit il les fit toutes. Il fut toujours des premiers
de ses classes , toujours aimé de ses Maistres , & admiré de ses compagnons.
En 1618. les Jesuites ayant esté rétablis à Paris , il y vint faire une année de
Rhétorique sous le P. Petau,& sa Philosophie sous le Pere Bruan. En 1622. âgé
de dix neuf ans il alla apprendre le Droit à Bourges où il demeura deux années ,
& au retour il se fit recevoir Avocat , plus pour donner cette satisfadion à son
pere , que par inclination qu'il eût à cette profellion. Il porta la robe pendant
plus de sept ans, mais il se lassa enfin de la porter inutilement , ne plaidant &:
ne faisant aucune fonction d'Avocat. Il eut pour amis tout ce que la France
avoit d'hommes sçavans & d'un merite Singulier dans la connoissance des belles
Lettres , les du Puys, les Bignons , les Marca , les Gaulmins , les Nublé ,
les Launoy, les Ogiers , les Menages , &: il usoit si sagement de leur amitié ,
que sans la blesser il reprenoit dans leurs escrits tout ce qu'il y trouvoit à re-
dire. Il a fait une infinité d'ouvrages tres-excellens , mais le plus mémorable
est la Traduction de l'Histoire Ecclesiastique d'Eusebe , de Socrate, de Zosome-
ne , de Philostorge, & de plusieurs autres encore jusqu'à l'année 594. la quator-
zième du regne de l'Empereur Maurice. Cette Histoire est accompagnée de
notes d'une tres-sçavante & tres-profonde érudition.
Après la traduction de ces Auteurs Grecs, il travailla à donner les Auteurs La-
tins qui suivent , Sulpice Severe, Rufin , Cassiodore , & quelques autres encore
qu'il avoit collationnez sur plusieurs anciens Manuscrits qu'il auroit accompa-
gnez de Notes tres-curieuses , s'il eust vescu plus long-temps. Il avoit aussi com-
posè un Traite des Loix Attiques qui n'a pas vu le jour, parce que dans ce temps-
là Monsieur Petit donna un ouvrage tres-ample sur cette matiere. Une chaise de
Professeur en Langue Grecque étant venue à vaquer dans le College Royal ; &
S