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https://doi.org/10.11588/diglit.73757#0039
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IeROsme Vignie r naquit à Blois en l'année 1606. de Ni^
colas Vignier sieur de la Motte, & d'Olympe le Blond. Il avoit
beaucoup de vivacité ; de sorte qu'ayant estudié aux Loix en sor-
mant de Philosophie , il prit ses Licences dés l'âge de seize ans , avec
l'estonnement de ses Prôfesseurs , qui furent charmez de ses ré-
ponses. Son pere s'estoit lailTé entraisner à l'héresie de Calvin, répandue alors par
toute la France. Dieu luy fit la grâce de l'en tirer ; mais sa femme demeurant opi-
niastre dans son erreur elle y éleva ses enfans , dont l'aisné Nicolas Vignier se ma-
ria à Blois, & y fit profession de la Religion Prétendue Reformée. Pour Hie-
rosme Vignier dont je parle , la frequente levure de l'Ecriture sainte & des Pe-
res firent une telle impression sur son esprit , que les larmes de son pere & de sa
mere , qui apprehendoient sa conversion long-temps mesme avant qu'il l'eust
déclarée, ne peurent éteindre l'ardeur qu'il sentit pour la verité. Neanmoins
pour ne pas s'exposer en mesme-temps au ressfentiment d'un pere irrité , aux ten-
dresses d'une mere affligée & aux artifices des Ministres , qui le soupçonnant de
n'estre pas trop bon Calviniste , empesehoient que son pere ne traitast pour luy
de la Charge de Baillif de Baugency, il fut obligé de feindre pendant quelque
temps une maladie , jusques-là qu'il prenoit des remedes pour s'exempter d'al-
ler aux Prêches aux jours d'obligation. Cet artifice luy réussit , & son pere luy
acheta la Charge qu'il demandoit.
Audi tost qu'il en fut pourveu il s'estudia à amortir tous les procès des Ha-
bitans de Baugency , establit l'ordre dans les Officiers subalternes , & les obli-
gea par son exemple à rendre bonne & brève justice. Son pere voulut le ma-
rier à une Demoiselle de la Religion Prétendue Reformée. Il prit ce temps pour
déclarer non seulement sa conversion, mais le dessein qu'il avoit de se rendre
Chartreux; ce qu'il fit aussi tost avec une ferveur extraordinaire. Cependant
comme son naturel fort délicat, ne put s'accommoder des austeritez de ce saint
Ordre , il se retira chez les Peres de l'Oratoire à la faveur du Cardinal de Be-
rulle, qui l'honora d'une estime toute particuliere. Il ne travailla pas moins dans
cette Communauté pour le prochain, par ses pieuses Conferences & par ses do-
utes Ecrits, que pour luy-mesme: de sorte que les preuves qu'il y donna de son
mérite, l'éleverent à la dignité de Superieur des Maisons de Tours , de la Ro-
chelle, & de Lyon successivement, & enfin à celle de Superieur de S. Magloire
à Paris , où il fut continué après que le temps fut expiré.
Il avoit un grand desir de voir sa Famille suivre son exemple, en retournant
comme luy au sein de l'Eglise ; mais Dieu ne luy accorda qu'une seule de ces
ames ,-pour lesquelles il faisoit tant de vœux.
Il estoit tres-sçavant dans les Langues Grecque , Chaldaïque , Hebraïque
& Syriaque , & plus encore dans la connoissance de l'origine de toutes les
Maisons Souveraines de l'Europe , qui le consiiltoient sur leurs doutes. Il fit
un voyage en Lorraine, où il découvrit par ses soins & par le secours de Mon-
IeROsme Vignie r naquit à Blois en l'année 1606. de Ni^
colas Vignier sieur de la Motte, & d'Olympe le Blond. Il avoit
beaucoup de vivacité ; de sorte qu'ayant estudié aux Loix en sor-
mant de Philosophie , il prit ses Licences dés l'âge de seize ans , avec
l'estonnement de ses Prôfesseurs , qui furent charmez de ses ré-
ponses. Son pere s'estoit lailTé entraisner à l'héresie de Calvin, répandue alors par
toute la France. Dieu luy fit la grâce de l'en tirer ; mais sa femme demeurant opi-
niastre dans son erreur elle y éleva ses enfans , dont l'aisné Nicolas Vignier se ma-
ria à Blois, & y fit profession de la Religion Prétendue Reformée. Pour Hie-
rosme Vignier dont je parle , la frequente levure de l'Ecriture sainte & des Pe-
res firent une telle impression sur son esprit , que les larmes de son pere & de sa
mere , qui apprehendoient sa conversion long-temps mesme avant qu'il l'eust
déclarée, ne peurent éteindre l'ardeur qu'il sentit pour la verité. Neanmoins
pour ne pas s'exposer en mesme-temps au ressfentiment d'un pere irrité , aux ten-
dresses d'une mere affligée & aux artifices des Ministres , qui le soupçonnant de
n'estre pas trop bon Calviniste , empesehoient que son pere ne traitast pour luy
de la Charge de Baillif de Baugency, il fut obligé de feindre pendant quelque
temps une maladie , jusques-là qu'il prenoit des remedes pour s'exempter d'al-
ler aux Prêches aux jours d'obligation. Cet artifice luy réussit , & son pere luy
acheta la Charge qu'il demandoit.
Audi tost qu'il en fut pourveu il s'estudia à amortir tous les procès des Ha-
bitans de Baugency , establit l'ordre dans les Officiers subalternes , & les obli-
gea par son exemple à rendre bonne & brève justice. Son pere voulut le ma-
rier à une Demoiselle de la Religion Prétendue Reformée. Il prit ce temps pour
déclarer non seulement sa conversion, mais le dessein qu'il avoit de se rendre
Chartreux; ce qu'il fit aussi tost avec une ferveur extraordinaire. Cependant
comme son naturel fort délicat, ne put s'accommoder des austeritez de ce saint
Ordre , il se retira chez les Peres de l'Oratoire à la faveur du Cardinal de Be-
rulle, qui l'honora d'une estime toute particuliere. Il ne travailla pas moins dans
cette Communauté pour le prochain, par ses pieuses Conferences & par ses do-
utes Ecrits, que pour luy-mesme: de sorte que les preuves qu'il y donna de son
mérite, l'éleverent à la dignité de Superieur des Maisons de Tours , de la Ro-
chelle, & de Lyon successivement, & enfin à celle de Superieur de S. Magloire
à Paris , où il fut continué après que le temps fut expiré.
Il avoit un grand desir de voir sa Famille suivre son exemple, en retournant
comme luy au sein de l'Eglise ; mais Dieu ne luy accorda qu'une seule de ces
ames ,-pour lesquelles il faisoit tant de vœux.
Il estoit tres-sçavant dans les Langues Grecque , Chaldaïque , Hebraïque
& Syriaque , & plus encore dans la connoissance de l'origine de toutes les
Maisons Souveraines de l'Europe , qui le consiiltoient sur leurs doutes. Il fit
un voyage en Lorraine, où il découvrit par ses soins & par le secours de Mon-