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Perrault, Charles; Dezallier, Antoine [Oth.]
Les Hommes Illustres Qui Ont Paru En France pendant ce Siecle: Avec leurs Portraits au naturel (Band 2) — A Paris: Chez Antoine Dezallier, 1700

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https://doi.org/10.11588/diglit.73757#0167

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JEAN RACINE,
DE L'ACADEMIE FRANÇOISE
E genie est un don de la Nature qui ne se peut cacher , & qui fe
manifeste dans les enfans presque aussi^tost que la raison. Celuÿ
dont je parle avoit esté élevé à Port- Royal des Champs, où ayant
lu , en y faisant ses Estudes , les excellentes Poësies de Monsieur
d'Andilly, la Traduction du Po'ëme de S. Prosper par Monsieur de

Sacy,& sur tout les Traductions admirables des Hymnes de l'Eglise du mesme
Auteur , il s'appliqua à faire des Traductions en Vers de quelques Hymnes ,
quin'avoient pas encore esté traduites , lesquelles furent trouvées si belles & si
dignes d'estre imprimées , qu'elles l'ont esté depuis lors que dans un âge plus
avancé il leur eut donné leur derniere perfection. Estant venu à Paris à l'âge de
17. ou 18. ans, il composa une tres-belle Ode sur le Mariage du Roy , où il in-
troduit la Nymphe de la Seine, qui fait une espece d'Epithalame très fin & tres-
ingenieux. Le succe's qu'eut cet Ouvrage le porta à travailler pour le Théâtre,&
à composer la Tragedie d'Andromaque qui fit le mesme bruit à peu prés que le
Cid, lors qu'il fut representé la premiere fois. D'autres Pieces de Theatre qu'il
donna ensuite,comme Titus, Bajazet , Iphigenie,& Phedre eurent une si gran-
de réputation, que plusieurs personnes ne doutèrent point de le comparer au
grand Corneille, & de le mettre en parallele avec cet homme incomparable.
Il est vray que si Corneille le surpasfe du costé des sentimens héroïques, & de
la grandeur des caractères qu'il donne à ses personnages , le mesme Corneille
luy est inferieur dans les mouvemens de tendresse, & dans la pureté du langa-
ge. Quoy qu'il en soit , Monsieur Racine a eu ses partisans , & la contestation
est demeurée en quelque sorte indécise. La seule chose dont tout le monde est
demeuré d'accord, c'est qu'ils ont fait l'un & l'autre un tres grand honneur à
nostre Langue , & à nostre Nation.
On souhaita de donner pour recreation aux jeunes Demoiselles qui s'élèvent
dans la Maison Royale de S. Cyr, quelques speCtacles qui eussent pour elles les
mesmes agrémens que ces admirables Comedies. Monsieur Racine eut ordre
d'y travailler, & de choisirun sujet saint pour la matiere de son Poëme. Il choi-
sit l'Histoire d'Esther , qu'il accommoda si-bien au Theâtre , que rien n'a ja-
mais esté plus touchant , ny plus agreable. Il y inséra quantité de Chœurs pour
donner lieu à la Musique, & ces Chœurs n'estoient presque autre chose qu'un
tissu des sentimens les plus tendres & les plus pathétiques des Pseaumes, des
Prophètes, & de divers autres endroits de l'Ecriture sainte.
Esther fut suivie , l'année d'après, de la Tragedie d'Athalie, qui ne luy céda
en rien pour la beauté de la composition,ny pour tous les ornemens qu'ily fit
entrer pour la perfection du spedacle.
Son merite avoit déja porté le Roy à le choisir, conjointement avec Mon-
sieur Despreaux son Ami intime , pour écrire l'Histoire de son Regne. C'est un
malheur que la mort ait enlevé Monsieur Racine à cet Ouvrage , qui ne pouvoir
estre que tres excellent pour peu qu'il répondît à la dignité de la matiere, & à
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