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https://doi.org/10.11588/diglit.73757#0191
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JACQUES BLANCHART,
Ln'y a jamais eu de Peintre si également fort dans toutes les
parties de la Peinture , qu'il n'ait excellé dans quelqu'une beau-
coup plus que dans les autres. Celuy dont je parle s'est particu-
lièrement signalé dans le Coloris , qu'il a eu si beau,si frais , &:
si naturel , qu'on l'appelloit communément le Giorgion ou le
Titien de la France. Le Dessein suivoit de prés ce precieux talent de la Cou-
leur : & c'est ce qui luy a fait faire tant de beaux Tableaux , si aimez des Cu-
rieux , quoy qu'il n'ait pas vescu beaucoup d'années.
Jacques Blanchart nâquit à Paris le premier jour d'Octobre 1600. Il estoit
fils de Gabriel Blanchart natif de Coindrieu, lequel ayant esté député à Paris
pour les affaires de sa Ville , & s'estant logé'par hazard chez Jerosme Boleri
le meilleur Peintre de son temps , épousa sa fille dont il eut trois enfans , Jac-
ques , Pierre , & Jean ; l'aisné est celuy dont je parle.
Dés qu'il eut commencé à faire quelque progrès dans l'Art de la Peinture
chez son Maistre Jerosme Boleri , il prit la résolution de voyager en Italie. En
passant à Lyon il y fut arresté par Henri le Blanc Peintre d'une grande réputa-
tion, qui luy trouvant un pinceau naturel & agréable luy fit achever plusieurs
Ouvrages qu'il avoir commencez pour divers particuliers avant que d'aller à
Paris , où il estoit appelle par Monteur d'Angoulesme pour peindre la Gallerie
du Chasteau de Gros-Bois.
Il avoit fort souhaité que Blanchart eût voulu venir a Paris pour luy aider
dans le travail de cette Gallerie; mais le desir qu'avoit Blanchart de se per-
fedionner dans la profession qu'il avoit embrassée ne luy permettant pas d'ac-
cepter ce parti, il prit le chemin de Rome, où il ne fut pas plutost arrivé que
Jean Blanchart son frere , qui s'estoit engagé dans la mesme profession , l'y
vint trouver , & luy aida dans son travail. Au bout d'un an les affaires tournè-
rent d'une telle sorte à Rome , que les François n'y estoient pas en seureté. Il
prit le parti d'aller à Venise , où il s'appliqua uniquement à estudier & à imiter
les Ouvrages du Titien , du Tintoret , & de Paul Veronese. Le progrès qu'il fit
dans ce travail luy fit mériter le surnom du Titien moderne. Il fit plusieurs
Tableaux pour les Nobles Vénitiens, où il prit pour sujet divers endroits des
Metamorphoses ; mais un de ces Meilleurs l'ayant mal payé de son travail ,
après l'avoir occupé fort long-temps à peindre son Palais à la campagne , l'en-
vie luy prit de revenir en France. En passant par Turin, il y fut arresté par le
Duc de Savoye , qui luy fit faire sept à huit Tableaux des amours de Venus &
d'Adonis. Ces Tableaux sont à Paris presentement , ayant esté enlevez dans le
débris du Palais des Favorites.
De Turin il vint à Lyon , où Horace le Blanc le receut encore avec beau-
coup de joye & d'amitié. Là il peignit pour luy , & pour plusieurs Curieux de
cette Ville divers Tableaux, la plupart des femmes nues , & de sujets tirez de
la Metamorphose ; la fraiseheur de son pinceau estoit merveilleuse pour les
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JACQUES BLANCHART,
Ln'y a jamais eu de Peintre si également fort dans toutes les
parties de la Peinture , qu'il n'ait excellé dans quelqu'une beau-
coup plus que dans les autres. Celuy dont je parle s'est particu-
lièrement signalé dans le Coloris , qu'il a eu si beau,si frais , &:
si naturel , qu'on l'appelloit communément le Giorgion ou le
Titien de la France. Le Dessein suivoit de prés ce precieux talent de la Cou-
leur : & c'est ce qui luy a fait faire tant de beaux Tableaux , si aimez des Cu-
rieux , quoy qu'il n'ait pas vescu beaucoup d'années.
Jacques Blanchart nâquit à Paris le premier jour d'Octobre 1600. Il estoit
fils de Gabriel Blanchart natif de Coindrieu, lequel ayant esté député à Paris
pour les affaires de sa Ville , & s'estant logé'par hazard chez Jerosme Boleri
le meilleur Peintre de son temps , épousa sa fille dont il eut trois enfans , Jac-
ques , Pierre , & Jean ; l'aisné est celuy dont je parle.
Dés qu'il eut commencé à faire quelque progrès dans l'Art de la Peinture
chez son Maistre Jerosme Boleri , il prit la résolution de voyager en Italie. En
passant à Lyon il y fut arresté par Henri le Blanc Peintre d'une grande réputa-
tion, qui luy trouvant un pinceau naturel & agréable luy fit achever plusieurs
Ouvrages qu'il avoir commencez pour divers particuliers avant que d'aller à
Paris , où il estoit appelle par Monteur d'Angoulesme pour peindre la Gallerie
du Chasteau de Gros-Bois.
Il avoit fort souhaité que Blanchart eût voulu venir a Paris pour luy aider
dans le travail de cette Gallerie; mais le desir qu'avoit Blanchart de se per-
fedionner dans la profession qu'il avoit embrassée ne luy permettant pas d'ac-
cepter ce parti, il prit le chemin de Rome, où il ne fut pas plutost arrivé que
Jean Blanchart son frere , qui s'estoit engagé dans la mesme profession , l'y
vint trouver , & luy aida dans son travail. Au bout d'un an les affaires tournè-
rent d'une telle sorte à Rome , que les François n'y estoient pas en seureté. Il
prit le parti d'aller à Venise , où il s'appliqua uniquement à estudier & à imiter
les Ouvrages du Titien , du Tintoret , & de Paul Veronese. Le progrès qu'il fit
dans ce travail luy fit mériter le surnom du Titien moderne. Il fit plusieurs
Tableaux pour les Nobles Vénitiens, où il prit pour sujet divers endroits des
Metamorphoses ; mais un de ces Meilleurs l'ayant mal payé de son travail ,
après l'avoir occupé fort long-temps à peindre son Palais à la campagne , l'en-
vie luy prit de revenir en France. En passant par Turin, il y fut arresté par le
Duc de Savoye , qui luy fit faire sept à huit Tableaux des amours de Venus &
d'Adonis. Ces Tableaux sont à Paris presentement , ayant esté enlevez dans le
débris du Palais des Favorites.
De Turin il vint à Lyon , où Horace le Blanc le receut encore avec beau-
coup de joye & d'amitié. Là il peignit pour luy , & pour plusieurs Curieux de
cette Ville divers Tableaux, la plupart des femmes nues , & de sujets tirez de
la Metamorphose ; la fraiseheur de son pinceau estoit merveilleuse pour les
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