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https://doi.org/10.11588/diglit.73757#0087
CLAUDE BERBIER DU METZ,
LIEUTENANT GENERAL DES ARMEES
du Roy.
EluY dont j'entreprens l'Eloge portoit sur son visage des mar-
ques si viables de sa valeur, que nous ne pouvions pas luy refuser
les témoignages que nous luy en allons rendre. Il fut blessé au
visage d'un coup de canon, qui en dérangea tellement tous les
traits, qu'il n'estoit pas reconnoissable ; mais la disformité que luy
causa cette blesTure n'avoit pas mauvaise grâce dans un homme de guerre, &
répandoit mesme sur sa personne un certain éclat de gloire qui le dédomma-
geoit abondamment de la bonne mine , & de l'agreable physionomie que cette
blessure luy avoir ostée.
Il naquit à Rosnay en Champagne le premier jour d'Avril 1658. Dés ses plus
tendres années il donna des marques de l'inclination qu'il avoir pour tous les
exercices qui conviennent à un Gentilhomme, & à la Profeslîon des Armes que
son pere Thresorier des Parties Casuelles avoir quittée en l'année 1632. & que ce
brave fils reprit dés qu'il eut allez de force pour en soûtenir les fatigues.
Il fit sa premiere Campagne dans le Regiment de la Meilleraye en l'année
1654. & la séconde dans le mesme Regiment; mais cette route luy ayant paru
trop longue pour avoir les occasions de se distinguer , il pria Monsieur le Mar-
quis de la Meilleraye de le faire servir dans le Corps de l'Artillerie dont il estoit
Grand Maistre, où les occasions perilleuses & hardies sont frequentes. Monsieur
de la Meilleraye le fit CommisTaire d'Artillerie, & ce fut dans l'exercice de cette
Charge, que l'année 1657. il receut le coup de canon dont j'ay parlé. Le Roy
le plaignit, & luy donna dans ce temps-là une pension de cinq cens écus. Cette
blessure fut plus de 18. mois à guérir, & luy fit manquer la Campagne de 1658.
qui est la seule où il n'ait pas servi depuis qu'il entra au service jusqu'à sa mort.
En l'année 1663. il fut commandé pour le Siege de Marsal , mais cette affaire
n'eut pas de suite. En 1664. il le fut aussi pour passer en Italie, mais il n'alla que
jusqu'à Grenoble, le Pape s'estant resolu de donner au Roy toute la satisfadtion
qu'il pouvoit souhaiter.
En 1667. il lervit aux Sieges de Tournay, de Doüay, & de 1'lsse. Ce dernier
ne dura que neuf ou dix jours; mais il fut remarquable par un grand nombre
d'actions vigoureuses qui s'y passferent. Monsieur de la Motte Fenelon fit rap-
port au Roy qu'il venoit de voir un jeune Officier d'Artillerie , nommé du
Metz, qui avoir fait dresser une Batterie proche de la Contrescarpe , avec qua-
tre-vingt Suisses qu'il avoit demandez pour faire ce travail , & qu'il n'en avoir
ramené que dix, tous les autres ayant esté tuez ou blessez autour de luy,sans
qu'il eust donné aucune marque de trouble ni d'estonnement.
Cette action jointe à l'application qu'on luy avoir remarquée pour tout ce
qui regardoit le service de l'Artillerie , luy en fit donner en 1668. la Lieutenan-
ce Generale en Flandres , Artois , Haynault, Pays Conquis & Reconquis, & en
L
LIEUTENANT GENERAL DES ARMEES
du Roy.
EluY dont j'entreprens l'Eloge portoit sur son visage des mar-
ques si viables de sa valeur, que nous ne pouvions pas luy refuser
les témoignages que nous luy en allons rendre. Il fut blessé au
visage d'un coup de canon, qui en dérangea tellement tous les
traits, qu'il n'estoit pas reconnoissable ; mais la disformité que luy
causa cette blesTure n'avoit pas mauvaise grâce dans un homme de guerre, &
répandoit mesme sur sa personne un certain éclat de gloire qui le dédomma-
geoit abondamment de la bonne mine , & de l'agreable physionomie que cette
blessure luy avoir ostée.
Il naquit à Rosnay en Champagne le premier jour d'Avril 1658. Dés ses plus
tendres années il donna des marques de l'inclination qu'il avoir pour tous les
exercices qui conviennent à un Gentilhomme, & à la Profeslîon des Armes que
son pere Thresorier des Parties Casuelles avoir quittée en l'année 1632. & que ce
brave fils reprit dés qu'il eut allez de force pour en soûtenir les fatigues.
Il fit sa premiere Campagne dans le Regiment de la Meilleraye en l'année
1654. & la séconde dans le mesme Regiment; mais cette route luy ayant paru
trop longue pour avoir les occasions de se distinguer , il pria Monsieur le Mar-
quis de la Meilleraye de le faire servir dans le Corps de l'Artillerie dont il estoit
Grand Maistre, où les occasions perilleuses & hardies sont frequentes. Monsieur
de la Meilleraye le fit CommisTaire d'Artillerie, & ce fut dans l'exercice de cette
Charge, que l'année 1657. il receut le coup de canon dont j'ay parlé. Le Roy
le plaignit, & luy donna dans ce temps-là une pension de cinq cens écus. Cette
blessure fut plus de 18. mois à guérir, & luy fit manquer la Campagne de 1658.
qui est la seule où il n'ait pas servi depuis qu'il entra au service jusqu'à sa mort.
En l'année 1663. il fut commandé pour le Siege de Marsal , mais cette affaire
n'eut pas de suite. En 1664. il le fut aussi pour passer en Italie, mais il n'alla que
jusqu'à Grenoble, le Pape s'estant resolu de donner au Roy toute la satisfadtion
qu'il pouvoit souhaiter.
En 1667. il lervit aux Sieges de Tournay, de Doüay, & de 1'lsse. Ce dernier
ne dura que neuf ou dix jours; mais il fut remarquable par un grand nombre
d'actions vigoureuses qui s'y passferent. Monsieur de la Motte Fenelon fit rap-
port au Roy qu'il venoit de voir un jeune Officier d'Artillerie , nommé du
Metz, qui avoir fait dresser une Batterie proche de la Contrescarpe , avec qua-
tre-vingt Suisses qu'il avoit demandez pour faire ce travail , & qu'il n'en avoir
ramené que dix, tous les autres ayant esté tuez ou blessez autour de luy,sans
qu'il eust donné aucune marque de trouble ni d'estonnement.
Cette action jointe à l'application qu'on luy avoir remarquée pour tout ce
qui regardoit le service de l'Artillerie , luy en fit donner en 1668. la Lieutenan-
ce Generale en Flandres , Artois , Haynault, Pays Conquis & Reconquis, & en
L