DAVI D BLONDEL,
PROFESSEUR EN HISTOIRE.
L est estonnant qu'un homme qui a autant aimé la vérité que
celuy dont j'entreprens l'Eloge , ne l'ait pas connue dans la ma-
tière de toutes la plus grave & la plus importante : car il a Vescu
& est mort dans la profession de la Religion Pretenduë Refor^
mée , dont il estoit un des Ministres. Il avoir une sagacité mer-
veilleuse à bien diseuter & à bien démener un point d'Histoire, & peu de per-
sonnes ont esté ausli loin que luy pour en bien développer toutes les circon-
Rances. Son fort estoit l'exactitude ; & Monsieur du Puy , Garde de la Biblio-
thèque du Roy, l'appelloit le Grand Dataire. Il prit à tasche d'examiner à fond
l'histoire fabuleuse de la Papesse Jeanne;& quoy que les ennemis de la Reli-
gion Catholique l'ayent revestuë de toute la vray-semblance dont elle est capa-
ble, il en démessa si-bien toutes les absurditez, qu'elle ne passa plus parmi ceux
qui avoient quelque connoissance exacte de l'histoire que pour une fable gros-
siere & mal inventée. Entre les preuves de la fausseté de cette histoire , la pro-
fession de M. Blondel qui la refute est tres-considerable; c'est un Ministre que
l'interest de sa Religion engageoit à soustenir cette supposition, & qui n'a pu
estre porté à la combattre que par la seule force de la vérité. Saumaise s'estoit
vanté que si on luy donnoit l'Ecrit de Monsieur Blondel, il le disliperoit en
soufflant dessus ; mais le Livre luy ayant esté donné , il vescut six ans depuis
sans y répondre, & sans qu'on ait trouvé après sa mort dans ses papiers un seul
mot sur cette matiere. Rivet plus sincere, a écrit qu'il doutoit qu'on pust réfu-
ter le Livre de Blondel au contentement d'un Ledeur judicieux & éclairé.
David Blondel né à Châlons en Champagne réussit parfaitement dés sora
jeune âge dans l'étude des belles Lettres : après avoir appris les Langues sça-
vantes & la Théologie , il s'appliqua à l'Histoire Ecclesiastique , & particulière-
ment à celle du bas Empire. Il fut receu Ministre dans un Synode de l'lsse de
France en l'année 1614 &: exerça son ministere à Houdan prés de Paris en 161%
Il fit en cette année un Ouvrage intitulé , Modefte Déclaration de la fncerité &
vérité des E^ifes Reformées de France. C'estoit une Réponse aux Ecrits de deux
ou trois Auteurs Catholiques , & particulierement du Cardinal de Richelieu ,
qui n'étoit alors qu'Evesque de Luçon. Ce Livre luy fit beaucoup d'honneun
Il eut toujours des emplois considerables dans les Synodes. Il fut plus de vingt
fois Secrétaire dans ceux de l'lsle de France. On le députa quatre fois aux Sy-
nodes Nationaux, où il ne manquoit jamais d'estre choisi pour dresser & re-
cueillir les A&es. Ce fut luy que le Synode National de Castres députa au Roy
en l'année 1626. pour remercier Sa Majesté au nom de la Compagnie. En l'an-
née 1650. les Administrateurs du College d'Amsterdam luy firent proposer d'y
venir estre Professeur en l'Histoire ; ce qu'il accepta , & y remplit la Chaisé
de Vossius. Comme il estoit fort laborieux , l'extrême application qu'il eut au
travail de ses estudes & de ses leçons, jointe à l'air humide d'Amsterdam , luy
causa une si grande ssuxion sur les yeux , qu'il en demeura aveugle fort long,
PROFESSEUR EN HISTOIRE.
L est estonnant qu'un homme qui a autant aimé la vérité que
celuy dont j'entreprens l'Eloge , ne l'ait pas connue dans la ma-
tière de toutes la plus grave & la plus importante : car il a Vescu
& est mort dans la profession de la Religion Pretenduë Refor^
mée , dont il estoit un des Ministres. Il avoir une sagacité mer-
veilleuse à bien diseuter & à bien démener un point d'Histoire, & peu de per-
sonnes ont esté ausli loin que luy pour en bien développer toutes les circon-
Rances. Son fort estoit l'exactitude ; & Monsieur du Puy , Garde de la Biblio-
thèque du Roy, l'appelloit le Grand Dataire. Il prit à tasche d'examiner à fond
l'histoire fabuleuse de la Papesse Jeanne;& quoy que les ennemis de la Reli-
gion Catholique l'ayent revestuë de toute la vray-semblance dont elle est capa-
ble, il en démessa si-bien toutes les absurditez, qu'elle ne passa plus parmi ceux
qui avoient quelque connoissance exacte de l'histoire que pour une fable gros-
siere & mal inventée. Entre les preuves de la fausseté de cette histoire , la pro-
fession de M. Blondel qui la refute est tres-considerable; c'est un Ministre que
l'interest de sa Religion engageoit à soustenir cette supposition, & qui n'a pu
estre porté à la combattre que par la seule force de la vérité. Saumaise s'estoit
vanté que si on luy donnoit l'Ecrit de Monsieur Blondel, il le disliperoit en
soufflant dessus ; mais le Livre luy ayant esté donné , il vescut six ans depuis
sans y répondre, & sans qu'on ait trouvé après sa mort dans ses papiers un seul
mot sur cette matiere. Rivet plus sincere, a écrit qu'il doutoit qu'on pust réfu-
ter le Livre de Blondel au contentement d'un Ledeur judicieux & éclairé.
David Blondel né à Châlons en Champagne réussit parfaitement dés sora
jeune âge dans l'étude des belles Lettres : après avoir appris les Langues sça-
vantes & la Théologie , il s'appliqua à l'Histoire Ecclesiastique , & particulière-
ment à celle du bas Empire. Il fut receu Ministre dans un Synode de l'lsse de
France en l'année 1614 &: exerça son ministere à Houdan prés de Paris en 161%
Il fit en cette année un Ouvrage intitulé , Modefte Déclaration de la fncerité &
vérité des E^ifes Reformées de France. C'estoit une Réponse aux Ecrits de deux
ou trois Auteurs Catholiques , & particulierement du Cardinal de Richelieu ,
qui n'étoit alors qu'Evesque de Luçon. Ce Livre luy fit beaucoup d'honneun
Il eut toujours des emplois considerables dans les Synodes. Il fut plus de vingt
fois Secrétaire dans ceux de l'lsle de France. On le députa quatre fois aux Sy-
nodes Nationaux, où il ne manquoit jamais d'estre choisi pour dresser & re-
cueillir les A&es. Ce fut luy que le Synode National de Castres députa au Roy
en l'année 1626. pour remercier Sa Majesté au nom de la Compagnie. En l'an-
née 1650. les Administrateurs du College d'Amsterdam luy firent proposer d'y
venir estre Professeur en l'Histoire ; ce qu'il accepta , & y remplit la Chaisé
de Vossius. Comme il estoit fort laborieux , l'extrême application qu'il eut au
travail de ses estudes & de ses leçons, jointe à l'air humide d'Amsterdam , luy
causa une si grande ssuxion sur les yeux , qu'il en demeura aveugle fort long,