Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Perrault, Charles; Dezallier, Antoine [Oth.]
Les Hommes Illustres Qui Ont Paru En France pendant ce Siecle: Avec leurs Portraits au naturel (Band 2) — A Paris: Chez Antoine Dezallier, 1700

DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.73757#0195

DWork-Logo
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
JACQUES SARRASIN,


ÏLest vray qu'on n'ait guère moins d'obligation à ceux qui ont
fait revivre quelque bel Art , qu'à celuy qui en a esté le premier
inventeur , nous devons regarder l'homme dont j'entreprens l'E¬
loge, avec les mêmes yeux que nous le regarderions , s'il étoit l'Au-
teur du bel Art de la Sculpture. Car il est vray que par ses estu-
des , & particulièrement par la force de son genie, il luy a rendu toutes les

beautez que la longue durée des guerres civiles luy avoir ostées. Il a fait dans
ce bel Art ce que V oüET dont je viens de parler a fait dans la Peinture ; &
(ce qui ne leur est pas moins honorable ) ils ont formé l'un & l'autre des Eleves
qui ont porté ces deux Arts à une tres-grande perfection' : car de même que
Voüet a fait les Blanchàrds , les le Sueurs & les le Bruns , celuy-cy a formé les
Anguiers, les Marsis , les Desjardins & les Girardons ; de sorte qu'ils se sont
rendu illustres & par leur propre gloire , & par celle de leurs Disciples.
Jacques Sarrasin naquit à Noyon, d'une bonne & honneste Famille. Il vint
à Paris dés sa plus tendre enfance , où il apprit à dessiner & à modeler ; mais
comme la France sortoit encore d'une espece de barbarie pour les beaux Arts ,
que la guerre y avoir amenée , & que les Ouvrages de Sculpture manquoient
de Gens qui en connurent la beauté , il alla à Rome où il demeura pendant
l'espace de 18. années. Là il travailla à Frescati par les ordres du Cardinal Aldo-
brandin neveu du Pape Clement VIII. où il fit un Atlas & un Polypheme qui
jettent une prodigieuse quantité d'eau en forme de girandole. La beauté de
ces figures se soûtient parfaitement, quoy qu'exposées à la comparaison qu'on
ne peut s'empêcher d'en faire avec les plus beaux Ouvrages de l'antiquité qui
les environnent. En revenant de Rome il passa à Lyon , où il fit un S. Jean
Baptiste & un S. Bruno dans la Chartreuse de cette Ville , qui en font un des
plus singuliers ornemens. De retour à Paris il fit des Anges de stuc , pour le
principal Autel de S. Nicolas des Champs, une figure de sainte Anne , & une
de S. Louis pour l'Eglise de Nostre-Dame de Paris. Monsieur le Marquis d'Ef-
fiat Surintendant des Finances , l'employa à sa Maison de Chilly , où il orna
d'un très-grand nombre de beaux Ouvrages & la Chapelle & la Gallerie de ce
Chasteau. Monsieur d< Noyers alors Surintendant des Bastimens , luy fit fai-
re ces grandes figures qui ornent un des Dômes du Louvre du costé de la Cour.
Ce sont des Cariatides qui , quoy que colossales, sont neanmoins tres-seveltes &
semblent tres-legeres. Le Roy Louis XIII. en fut si satisfait , qu'il luy fit une
pension tres-considerable , & luy donna un logement dans les Galleries du Lou-
vre. La Reine Anne d'Autriche dans le temps quelle estoit enceinte de sort
premier enfant , qui regne aujourd'huy , luy ordonna de faire jetter en fonte
sur ses modèles un Ange d'argent de trois pieds & demi de haut, tenant un
enfant aussi fondu d'or , representant le Dauphin qu'elle attendoit , pour s'ac-
quitter d'un vœu qu'elle fit pendant sa grossefë Ce grouppe de figures a esté
porté à Nostre-Dame de Laurette où elle l'avoir destiné. Il a fait deux me^
 
Annotationen