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Perrault, Charles; Dezallier, Antoine [Oth.]
Les Hommes Illustres Qui Ont Paru En France pendant ce Siecle: Avec leurs Portraits au naturel (Band 2) — A Paris: Chez Antoine Dezallier, 1700

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https://doi.org/10.11588/diglit.73757#0075

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ABRAHAM DE FABERT,
MARESCHAL DE FRANCE
Es hommes naissfent quelquefois avec de si grands talens , & font
des choses si extraordinaires, que le Peuple ne pouvant conce-
voir que ce qu'ils voyent, n'excede pas les forces de la nature hu-
maine , recourent à des Genies & à des esprits familiers , qu'ils leur
donnent pour leur attribuer ce qui n’est que l'effet d'une singu-

liere industrie , ou d'une prudence consommée. L'Antiquité en usa ainsi à l'é¬
gard de Socrate : & c'est ce qui est arrivé à celuy dont j'entreprens l'Eloge.
Abraham de Fabert naquit à Mets, & fut d'abord destiné ou à l'Eglise ou à
laRobe ; mais dés qu'on l'eut mis au College, il donna toutes les marques d'a-
version qu'on peut avoir pour l'estude. De tous les Livres il n'y avoir que les
Romans qui luy plaisoient , & sans cette inclination on auroit eu de la peine à
luy apprendre à lire. Il fallut que son pere consentist au desir qu'il avoit de sui-
vre la Profession des Armes , persuadé qu'un enfant ne réunit jamais mieux que
dans l'Employ qu'il se choisit luy-mesme. Il entra au Regiment des Gardes à
l'âge de treize ans & demi, dans la Compagnie de Monsieur de Carmagnole.
Pendant cinq ans &: demi qu'il fut au Regiment des Gardes; il s'acquitta avec
une extrême exactitude de tous les devoirs d'un Soldat. Il ne se contentoit pas de
monter la tranchée les jours qu'il estoit de garde, il s'offroit les autres jours aux
Ingénieurs pour porter le cordeau. Il vivoit avec tant de frugalité, que sa paye
sumsoit pour l'entretenir honnestement. Il ne voulut jamais rien recevoir au de-
là ni de son Capitaine, ni de son pere à qui il avoit resolu de n'estre plus à charge.
Au sortir du Regiment des Gardes Monsieur le Duc d'Espernon luy donna le
Drapeau dans le Regiment de Piedmont. Dans ce temps la Majorité du Regiment
de Rambure ayant vacqué, Monsieur de Rambure qui connoissoit son merite la
luy donna, & le fit si bien valoir auprès du Roy, que Sa Majesté prit un extrême
plaisir à l'entendre parler sur les matieres de la Guerre, & particulièrement sur
l'Exercice de l'Infanterie. Monsieur de Fabert pour en donner une plus vive re-
presentation, fit faire de petites figures de Soldats qu'il faillit mouvoir suivanc
les ordres & les commandemens qu'il donnoit.
Le Roy ayant choisi dans toute son Infanterie quatre Majors pour leur don-
ner à chacun une Compagnie , M1 de Fabert fut nommé le premier. Ce qu'il fit à
la fameuse Retraite de Mayence a esté corhparé à la Retraite des dix mille de
Xenophon ; car il sauva toute l'Armée du Roy des Attaques de celle de l'Empe-
reur, beaucoup superieure,sans y perdre presque un seul homme. Ayant esté blessé
àla prise de Thurin d'un coup de mousquet dans la cuisse, très- dangereux, mais
qui ne le mit pas hors de combat, parce que l'os n estoit pas cassé, il poursuivit l'at-
taque de la Baricade qu'il avoit entreprise de forcer, & ne s'en retira qu'âpres
avoir veu tuer autour de luy presque tous ses Soldats. Le coup fut trouvé tel, que
tous les Chirurgiens conclurent qu'il luy falloit couper la cuisfe. Le Cardinal de
la Vallette, à qui le Roy l'avoit donné pour Ayde de Camp, & Mr de Turenne,
le conjurèrent de souffrir cette Operation. Il ne faut point mourir par pièces, leur
 
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