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https://doi.org/10.11588/diglit.73757#0063
LE MARESCHAL DE GRAMONT
DUC ET PAIR DE FRANCE
NtoinëDEGraMONT,Duc de Gramont, Pair & Maréchal
de France , nâquit à Hagetmeau en l'année 16I4. Après avoir reçu
une éducation digne de sa naissance, qui le joignant à un esprit très-
vif & tres solide, en formaun jeune Gentilhomme des plus accom-
plis du Royaume, il entra dans le service, qu'il n'estojt presque pas
encore lorti de l'enfance. Il se signala à la défense de Mantouë , où il fut
blefé 11 passa ensuite dans l'Allemagne , & se trouva en l'année 1655. aux com-
bats d'Hautremant , de Vaudrevange & de Leffons, & l'année suivante au se-
cours de Colmar , de Schelestat & de Haguenau. Il assista au siege de Lan-
drecies, & au combat du Pont de Vaux en l'année 1657. L'année d'après étant
allé en Piedmont ,il secourut Verceil , & ensuite il se trouva au siege de Chi-
vas. En ce temps il fut fait Mestre de Camp du Regiment des Gardes , & en
cette qualité il servit au siege d'Arras. Le Roy le nomma Lieutenant General
de l'armée, qui prit en 1641. Aire , la Bassce & Bapaume.
Tant de services considerables porterent Sa Majesté à l'honorer du Bâton
de Maréchal de France le 22. Septembre de cette même année. Il est vray que
l'année suivante il fut défait au combat d'Honnecourt ; mais cçtte disgrace luy
est commune avec tous les plus grands Capitaines , dont la valeurne peut pas
• empeseher les Armes d'estre journalieres. Il le distingua extrêmement au com-
bat de Fribourg , & à la prise de Phililbourg en l'année 1644. & particulière-
ment au Siege de Savernes, où quatre braves Gentils hommes nommez Serca-
ne, Bidault , Camin & Seronet furent tuez auprès de luy, en combattant. Il
fut pris à la bataille de Nortssingue en 1645. ^ Servit tres-utilement au siege de
Lerida, & à la bataille de Lens en l'année 1648. Pendant tout le temps que du-
rèrent nos troubles domestiques , il témoigna une exacte fidelité , & rendit de
très-grands services à l'Etat. Le Roy l'envoya en 1657. Ambassadeur extraor-
dinaire à la Diète tenue à Francfort pour l'élection de l'Empereur , & deux
ans après il l'envoya en Espagne pour le mariage de Sa MAjESTE' avec
Marie Therese Infante d'Espagne dont il fit la demande. Il n est pas croyable
quel honneur il fit à la France dans ces deux Ambassades , par les manières
nobles & genereuses ; son esprit , sa bonne mine, & un certain air superieur
luy gagna d'abord le cœur & les suffrages de tous ceux avec qui il avoir affai-
re. En 1662. le Roy le fit Chevalier de les Ordres, & Duc & Pair l'année d'a¬
près. Il ètoit Colonel du Regiment des Gardes , & en cette qualité il suivit le
Roy dans la Campagne de Flandres de l'année 1667. où il eut le plaisir de voir
son Maître conduire luy-même son armée,& faire le métier de la guerre avec
plus d'art & de capacité que jamais n'en avoient fait paroistre tous ses Capi-
taines & tous ses Generaux. Il mourut à Bayonne le 12. Juillet 1678. âgé de 74.
ans. C'étoit un Seigneur d'un mérite extraordinaire , honneste , genereux , bon
amy, bien fait de sa personne autant qu'on le peut estre , parlant agréablement ,
raillant de bonne grâce, & pourvu de toutes les qualitez qui forment un veri-
H
DUC ET PAIR DE FRANCE
NtoinëDEGraMONT,Duc de Gramont, Pair & Maréchal
de France , nâquit à Hagetmeau en l'année 16I4. Après avoir reçu
une éducation digne de sa naissance, qui le joignant à un esprit très-
vif & tres solide, en formaun jeune Gentilhomme des plus accom-
plis du Royaume, il entra dans le service, qu'il n'estojt presque pas
encore lorti de l'enfance. Il se signala à la défense de Mantouë , où il fut
blefé 11 passa ensuite dans l'Allemagne , & se trouva en l'année 1655. aux com-
bats d'Hautremant , de Vaudrevange & de Leffons, & l'année suivante au se-
cours de Colmar , de Schelestat & de Haguenau. Il assista au siege de Lan-
drecies, & au combat du Pont de Vaux en l'année 1657. L'année d'après étant
allé en Piedmont ,il secourut Verceil , & ensuite il se trouva au siege de Chi-
vas. En ce temps il fut fait Mestre de Camp du Regiment des Gardes , & en
cette qualité il servit au siege d'Arras. Le Roy le nomma Lieutenant General
de l'armée, qui prit en 1641. Aire , la Bassce & Bapaume.
Tant de services considerables porterent Sa Majesté à l'honorer du Bâton
de Maréchal de France le 22. Septembre de cette même année. Il est vray que
l'année suivante il fut défait au combat d'Honnecourt ; mais cçtte disgrace luy
est commune avec tous les plus grands Capitaines , dont la valeurne peut pas
• empeseher les Armes d'estre journalieres. Il le distingua extrêmement au com-
bat de Fribourg , & à la prise de Phililbourg en l'année 1644. & particulière-
ment au Siege de Savernes, où quatre braves Gentils hommes nommez Serca-
ne, Bidault , Camin & Seronet furent tuez auprès de luy, en combattant. Il
fut pris à la bataille de Nortssingue en 1645. ^ Servit tres-utilement au siege de
Lerida, & à la bataille de Lens en l'année 1648. Pendant tout le temps que du-
rèrent nos troubles domestiques , il témoigna une exacte fidelité , & rendit de
très-grands services à l'Etat. Le Roy l'envoya en 1657. Ambassadeur extraor-
dinaire à la Diète tenue à Francfort pour l'élection de l'Empereur , & deux
ans après il l'envoya en Espagne pour le mariage de Sa MAjESTE' avec
Marie Therese Infante d'Espagne dont il fit la demande. Il n est pas croyable
quel honneur il fit à la France dans ces deux Ambassades , par les manières
nobles & genereuses ; son esprit , sa bonne mine, & un certain air superieur
luy gagna d'abord le cœur & les suffrages de tous ceux avec qui il avoir affai-
re. En 1662. le Roy le fit Chevalier de les Ordres, & Duc & Pair l'année d'a¬
près. Il ètoit Colonel du Regiment des Gardes , & en cette qualité il suivit le
Roy dans la Campagne de Flandres de l'année 1667. où il eut le plaisir de voir
son Maître conduire luy-même son armée,& faire le métier de la guerre avec
plus d'art & de capacité que jamais n'en avoient fait paroistre tous ses Capi-
taines & tous ses Generaux. Il mourut à Bayonne le 12. Juillet 1678. âgé de 74.
ans. C'étoit un Seigneur d'un mérite extraordinaire , honneste , genereux , bon
amy, bien fait de sa personne autant qu'on le peut estre , parlant agréablement ,
raillant de bonne grâce, & pourvu de toutes les qualitez qui forment un veri-
H