&o FRANÇOIS DE LA MOTHE LE VAYER.
entraves qu'il donne au style de tous les Ecrivains par ses Remarques, qu'il
prétend estre la plupart ou fausses ou inutiles. Quoyque Monsieur de Vauge-
las ait eu une tres-grande raison de s'opposer à la corruption du langage, &
aux vicieuses façons de parler, ou qui n'estoient plus dans le plus bel usage, ou
que le mauvais usage introduisoit, Monsieur de la Mothe le Vayer ne put souf-
frir qu'un nouveau venu luy fist des leçons & luy donnast des scrupules sur
une infinité de disions & de phrases dont il se servoit hardiment, & sur les-
quelles il vivoit dans le plus grand repos du monde, de mesme que la plupart
des meilleurs Ecrivains de son temps. 11 ressfembloit à ces bons Religieux , qui
accoustumez à leur ancienne discipline un peu relaschée ne peuvent souffrir,
quoy que d'ailleurs bons Religieux, qu'on vienne les reformer & les reduire à
un genre de vie plus regulier & plus austere. Aussi est-il arrivé que malgré tou-
tes les plaintes que luy & plusieurs autres ont faites contre les Remarques de
Monsieur de Vaugelas , elles ont esté receuës avec un applaudissement univer-
sel, & que tous les Ecrivains qui sont venus depuis les ont soigneusement ob-
servées, à la reserve d'un très petit nombre que l'usage a abolies.
Il mourut l'an 1671. âgé de 86. ans, ayant joüi d'une asscz bonne santé jus-
qu'aux derniers jours de sa vie. Il estoit d'une conversation tres-agreable , four-
nisfant infiniment sur quelque matiere que ce fust, un peu contredisant ; mais
nullement opiniastre ni entesté , toutes les opinions luy estant presque indiffe-
rentes , à la reserve de celles dont la foy ne permet pas que l'on doute.
entraves qu'il donne au style de tous les Ecrivains par ses Remarques, qu'il
prétend estre la plupart ou fausses ou inutiles. Quoyque Monsieur de Vauge-
las ait eu une tres-grande raison de s'opposer à la corruption du langage, &
aux vicieuses façons de parler, ou qui n'estoient plus dans le plus bel usage, ou
que le mauvais usage introduisoit, Monsieur de la Mothe le Vayer ne put souf-
frir qu'un nouveau venu luy fist des leçons & luy donnast des scrupules sur
une infinité de disions & de phrases dont il se servoit hardiment, & sur les-
quelles il vivoit dans le plus grand repos du monde, de mesme que la plupart
des meilleurs Ecrivains de son temps. 11 ressfembloit à ces bons Religieux , qui
accoustumez à leur ancienne discipline un peu relaschée ne peuvent souffrir,
quoy que d'ailleurs bons Religieux, qu'on vienne les reformer & les reduire à
un genre de vie plus regulier & plus austere. Aussi est-il arrivé que malgré tou-
tes les plaintes que luy & plusieurs autres ont faites contre les Remarques de
Monsieur de Vaugelas , elles ont esté receuës avec un applaudissement univer-
sel, & que tous les Ecrivains qui sont venus depuis les ont soigneusement ob-
servées, à la reserve d'un très petit nombre que l'usage a abolies.
Il mourut l'an 1671. âgé de 86. ans, ayant joüi d'une asscz bonne santé jus-
qu'aux derniers jours de sa vie. Il estoit d'une conversation tres-agreable , four-
nisfant infiniment sur quelque matiere que ce fust, un peu contredisant ; mais
nullement opiniastre ni entesté , toutes les opinions luy estant presque indiffe-
rentes , à la reserve de celles dont la foy ne permet pas que l'on doute.