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Perrault, Charles; Dezallier, Antoine [Oth.]
Les Hommes Illustres Qui Ont Paru En France pendant ce Siecle: Avec leurs Portraits au naturel (Band 2) — A Paris: Chez Antoine Dezallier, 1700

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https://doi.org/10.11588/diglit.73757#0172

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$4 , JEAN DE LA QUINTINIE,DIRECTEUR,&e.
lairfées, qu'on appelle ordinairement le chevelu. De là il nous a enseigne, que
loin de conserver ces anciennes petites racines,quand on transposte l'arbre , com-
me on le faisoit autrefois avec grand soin, il est meilleur de les couper , parce
qu'ordinairement elles se sechent & se moisissent,ce qui nuit à l'arbre, au lieu
de luy aider, ll a découvert encore, par ses experiences , la méthode certaine &
infaillible de bien tailler les arbres. Avant luy on ne songeoit presque à autre
chose , en taillant un arbre , qu'à luy donner une belle forme, & à le dégager
des branches qui 1'offusquoient. Il a sceu, & ensuite il a enseigne ce qu'il falloir
faire pour contraindre un arbre à donner du fruit , & à en donner aux endroits
où l'on veut qu'il en vienne , mesmeà le répandre également sur toutes ses bran-
ches;ce quin'avoit jamais esté, ny pensé , ny mesme crû possible. Il pretendoit ,
& l'experience le confirme tous les jours , qu'un arbre fruitier qui a trop de vi-
gueur,& qu'on abandonne entierement à luy-mesme,ne pousse ordinairement
que des branches & des feuilles. Qu'il faut reprimer avec adresse , la forte pente
qu'il a à ne travailler que pour sa propre utilité , qu'il faut luy couper de certai-
nes gresses branches où il porte presque toute sa seve, & l'obliger par là à nourrir
les autres branches foibles & comme délaissées,parce que ce sont les seules qui ap-
portent du fruit en abondance. Il faudroit transerire icy presque tout l'excellent
Livre qu'il nous a laissé, sous le titre à'Infirmions pour les ferlins Fruitiers & Po-
tagers , si on vouloir rapporter toutes les découvertes dont nous luy sommes rede-
vables. Ce Livre , qui aeu l'approbation de toute l'Europe ,aesté traduit en An-
glois, & il y a lieu de croire qu'il le sera dans toutes les autres Langues.
Monsieurle Prince qui,comme plusieurs autres grands Personnages, joignit
l'amour paisible de l'Agriculture à la passion tumultueuse de la Guerre , prenoit
un extrême plaisir à l'entendre parler de son Art. Le feu Roy d'Angleterre qui luy
donna beaucoup de marques de son estime dans deux voyages qu'il fit en Angle-
terre , luy fit proposer une pension tres-considerable pour l'attacherà la culture
de ses Jardins ; mais l'amour de la Patrie , & le pressfentiment qu'il avoit peut-estre
des services qu'il rendroit un jour à son Roy , l'empescherent d'accepter ces offres
avantageuses. Il s'acquit dans ces deux voyages l'amitié de plusieurs Milords, avec
lesquels il a entretenu jusqu'à sa mort un commerce de Lettres. Ces Lettres qui de
sa part contenoient toujours quelques instruétions pour le Jardinage , ont esté la
plupart imprimées à Londres , pour rendre ces Instru&ions utiles à tout le monde.
Le Roy augmenta en sa faveur le nombre des Officiers de sa Maison , en créant
la Charge de Directeur General des Jardins Fruitiers & Potagers de toutes ses Mai-
sons Royales, dont M' Colbert expedia les Provisions, & les luy envoya.
Dés qu'il fut pourveu de cet Employ il fit augmenter de beaucoup l'ancien Po-
tager de Versailles,où la beauté des fruits & l'excellence des legumes & des herba-
ges qu'il luy fit produire , porta Sa Majesté à faire celuy que l'on voit aujourd'huy,
qui est & qui seraencore long-temps l'admiration de ceux qui le voyent , & parti-
culièrement des Etrangers , qui n'ont rien chez eux qui en approche.
Il eut trois fils de Damoiselle Marguerite Joubert son épousè. L'aisné qui pro-
mettoit beaucoup, & le plus jeune moururent avant luy ; & le sécond qui estoit
Abbé ne luy survêquit qu'autant de temps qu'il en fallut pour faire imprimer l'ex-
cellent Livre dont nous avons parlé. Le Roy eut la bonté de dire à sa veuve , quel-
ques jours après sa mort , qu'il perdoit beaucoup aussi bien qu'elle , & qu'il n'espe-
roit pas que personne puss jamaisreparer cette perte.
 
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