Vallée, Louis Léger: Traité De La Science Du Dessin: Contenant La Théorie Générale Des Ombres, La Perspective Linéaire, La Théorie Générale Des Images D'Optique, Et La Perspective Aérienne Appliquée Au Lavis: Pour faire suite À La Géométrie Descriptive (Text) (Paris, 1821)

%i6 NOTES.

du dépôt; ou ne jamais enfoncer le pinceau jusqu'au fond du godet, pour ne jamais
prendre que la partie supérieure et pure du liquide.

Pour réussir le mieux possible, on met souvent avec le pinceau à l'eau, une coup-
elle d'eau sur le papier, et alternativement on prolonge la couche d'eau et la teinte ,
de manière que cette dernière ne soit jamais mise sur du papier sec.

On diminue encore les difficultés en tenant la planche sur laquelle on colle son
papier , assez; fortement inclinée 5 alors on opère avec un pinceau surchargé de
couleur , de manière que la partie inférieure de la teinte faite , soit toujours une
espèce de réservoir qu'on abaisse peu-à-peu , et qui est toujours trop rempli pour
que ses Lords sèchent avant que le pinceau y revienne.

Une grande teinte plate un peu intense doit d'ailleurs ne pas être faite en une fois 5
on met d'abord sur le papier une première teinte très faible, puis une seconde teinte,
puis une troisième , etc. , et pour chaque teinte on attend que la précédente soit
parfaitement sèche. Par ce moyen les taches sont faibles j elles se trouvent dispersées
de tous côtés, et elles ne sont pas apparentes.

78. Si, au lieu de remplir par une teinte plate, un cadre rectangulaire , on veut
colorer une superficie qui ait des parties très étroites, il faut suivre les contours de ces
parties avec la pointe du pinceau, ce qui exige des soins et ce qui ne peut se faire
promptement. Souvent la teinle sèche dans un endroit, quand on travaille dans l'auire :
on se hâte pour obvier à cet inconvénient ; alors , presque toujours , on dépasse
le cadre donné , et on fait ce qu'on appelle des bahoches. Il faut pour bien réussir
de l'habitude , de très bons pinceaux , et que le dessinateur en opérant, les tienne
continuellement presque perpendiculaires au dessin. Sans cette dernière condition,
la pointe du pinceau se courbe ; elle fait des traits trop larges , et les contours donnés
sont mal suivis.

79. Pour adoucir une teinte , il faut d'autres soins. En changeant de pinceau,
les teintes sèchent ; il faut donc que le changement se fasse vite : ce qui exige
que la hampe ait une longueur convenable pour la facilité du mouvement. Il faut
aussi que le pinceau à l'eau ne soit pas trop chargé, sans quoi le liquide qu'il dépose
abondamment, va se répandre dans la teinte à adoucir, et v fait de grandes taches d'un
effet intolérable. D'un autre côté, le pinceau à l'eau en touchant les couleurs qu'if doit
adoucir, se charge peu-à-peu de liquides colorés : d^où suit la nécessité de le nétoyer
souvent.

80. Lorsque le dessin qu'on lave offre des parties défectueuses, on les gratté
ou on les enlève à l'éponge. Ce dernier parti est souvent le meilleur, parce qu'il altère
moins le papier. Cependant quand la partie à enlever est bien empreinte , ou quand le
papier n'est pas d'une nature très forte , sa surface souffre beaucoup dans l'opération.
Alors et pour qu'il ne boive pas, on le couvre d'une teinte d'alun ou de gomme arabi-
que , adoucie .à l'eau sur ses extrémités, de façon à se fondre sans discontinuité avec
#9ut le dessin.