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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 4.1878 (Teil 4)

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Soldi, Émile: Exposition universelle de 1878 (Salle des missions scientifiques): L'art au musée ethnographique
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https://doi.org/10.11588/diglit.16911#0182

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L'ART.

Moquihuitzin, les deux architectes qui furent chargés, vers
1432, sous la direction de leur souverain, Metzahualcozotzin,
(celui que les missionnaires surnommaient le Salomon du
Nouveau Monde), de bâtir les merveilleux palais du roi de
Tezcuco. Nous savons que Zilomantzin était seigneur de
Culhuacan et que Mequihuitzin commandait la ville de Tlate-
loco. Dans d'autres cas, le Mexique rappelle les anciennes
monarchies orientales, par la grandeur et les moyens d'exécu-
tion de ces manifestations artistiques. Un des temples' de
Mexico, un teocalli dépasse même en hauteur la pyramide de
Gyseh. Les 100,000 ouvriers qu'Hérodote prétend avoir été
employés à sa construction sont dépassés par les 200,000 que
nos deux architectes ont sous leurs ordres, et les 10,000 indi-
gènes qui ne parviennent, en transportant un colosse, qu'à le

De là il résulte qu'aucune déduction chronologique, histo-
rique ou morale, ne doit être tirée des sculptures exécutées par
l'indigène, dans les deux premières séries, celles des monuments
en pierre fine et en pierre dure, et que la pensée, ou la date
relative de l'œuvre d'art, ne peut s'étudier que dans les der-
nières.

Un roseau, tel est le principal instrument avec lequel les
lapidaires américains sont arrivés à graver les pierres fines,
rebelles à notre meilleur acier. Il est nécessaire de dire de suite
que l'ipli ou roseau de l'Amérique est assez dur pour pouvoir
former des lances et des flèches aussi terribles que celles forgées
dans le métal le mieux trempé; seulement, la particularité la
plus curieuse de son emploi se trouve dans la manière dont les
indigènes savaient pencher l'extrémité ronde du roseau sur la

faire tomber dans un lac, nous rappellent pierre, de façon à ce que celle-ci, mise
les milliers d'Égyptiens parfois obligés /Y\ en rotat'on a l'aide d'un archet analogue
d'abandonner en route ces colosses et // "\ à celui du vilebrequin, n'usait que par
ces obélisques qu'ils ne peuvent manœu- fk II %x un seul point de sa circonférence, et
vrer. La ressemblance s'accentue encore /M\ if ~-^~\ pouvait former ainsi des figures par des
dans les temples mexicains, rappelant /nit!k~ ^«r^^^^l parties ou des quarts de cercle s'entre-
les pyramides à degrés de l'ancien /' j §^fj^^^i^l croisant La vitrine de M. Pinart, au
Orient, et dans les grands bas-reliefs \ l^'jÊflij 1 fà**^^'^! Trocadéro, est remplie d'amulettes en
analytiques qui font penser à ceux de \ Jf'tIÉAv«^< î\ forme de masques et de petites statuettes
l'Assyrie. Wi vÉ^^K japotèqttes, gravées ainsi à l'aide d'une

Mais, nous demandera-t-on, pour- ^^^^^^^SK™^ pointe de roseau, de sable ou d'émeri.

quoi les arts des anciennes civilisations L'ingéniosité et la patience avec les-

américaines ont-ils été si mal jugés ? (^^^^^^^f^IM f^^^^K clue"es *es sculpteurs américains ont

La réponse est bien simple. A côté ^^^^ ^SU ^Êss"lcr ^es f°rmes humaines avec

des merveilles malheureusement perdues (jf <**^-^?^3^ ^e Pare'ls procédés, sont encore, malgré

au milieu des forêts de l'Amérique, \ fi y^f^^i/^'//^^^^^!^^7 ' l'aspect grossier du résultat, dignes de

poussées sur le sol abandonné des villes i ^^^^s?^4/j^"^irf/f) toute notre admiration,

anciennes, nos musées n'ont montré ^^jÊÊÈM/lÉ/ ^' ^'on en 'u8e Par 'es résultats du

jusqu'ici que des productions secondaires ^^^^^^^^^^^^^^^^^^wW voyage de M. Wiener, le nombre des

en tous genres, d'une barbarie ou plutôt ^^^^^^^^^^^^^^^^Ê\ sculptures taillées, par les Indiens du

d'une naïveté d'exécution trop souvent /^s^^" ^s^^^^ÊÊiyLÈn Pérou, dans la pierre dure, a dû être

grotesques. Les temples du Jucatan , _g ^^^M^^^^^^^^^^^^ très-restreint. Et pourtant ce mission-

les plus beaux de l'ancienne Amérique, ^^^^^^^^^^^^^^^^ naire a recherché, avec le plus grand

' sont décorés de bas-reliefs en stuc ou en ^^^^/v^^^^Mr f^é soin, les moindres traces de sculptures

pierre tendre, et généralement les col- jf*"'S1* sur toute la grande route qu'il a par-

lections de l'Europe ne possèdent que ''^fziï*?' 1 ■ ■ ^j^".,. courue et qu'il a détaillée dans la notice

des idoles de porphyre, de granit, ou /V^T^Sp^"1 "~ '■^^^ du Musée2. Non-seulement ces manifes-

des amulettes de jade ou d'obsidienne. ^pT|l'L^~~ ^llllj '[ tations d'un art peu connu sont nouvelles

Aucun peuple au monde, même pour les hommes de science, mais la

r . Indienne de Puno. ,

1 Lgypte, ne démontre, d une laçon aussi , , . „ „ . „ , ■ nouveauté s étend îusqu aux noms des

lessin de H. Toussaint d'après le buste d'Lmile Soldi.

curieuse et plus complète, combien les Exposition universelle de ,878. endroits d'où ils proviennent,

procédés, l'outil qui taille la pierre, la Salle des missions scientifiques. Marca-Huamachuco, CabanaetSipa,

dureté de la pierre taillée par l'outil, dans le nord du Pérou, rentrent désor-
peuvent donner à une œuvre d'art un aspect ou un caractère
particulier.

I

Si l'on étudie les sculptures péruviennes rapportées par
M. Wiener, aussi bien que les sculptures mexicaines de la
collection de M. Pinart, l'on s'aperçoit que, dans les deux
premières séries dénommées plus haut, la sculpture américaine
est impuissante à se manifester, et au fur et à mesure que l'on
examine les dernières, on trouve que l'artiste, en suivant l'ordre
de ses séries, est plus maître de matières de plus en plus mal-
léables et, par conséquent, il peut d'autant mieux exprimer sa
pensée, et rendre plus facilement ses impressions.

Le même artiste, complètement barbare, impuissant dans
les productions en pierres fines et pierres dures, fera des œuvres
charmantes et délicates en terre cuite et en stuc.

mais dans les noms importants pour l'histoire de l'art.

Dans le centre, nous voyons paraître, avec des caractères
distincts, les travaux en pierre de Chavin de Huantar et de
Huanucoviejo.

En avançant vers le sud, c'est Villcas-Huaman et Concacha,
la région de Puno (planches 1050 et 1032), et, enfin, le fameux
Tiahuanaco, déjà connu par le remarquable travail de M. An-
grand 3, ancien consul général de France, dont la générosité a
été une des causes de la formation du musée ethnographique,
Tiahuanaco, dont nous connaissons désormais de visu , pour
ainsi dire, les monuments principaux.

Toutes ces sculptures présentent la même analogie dans les
formes, toutes (sauf la fontaine de Concacha) ont l'aspect d'une
borne carrée, régulière, dans laquelle quelques incisions, obte-
nues par l'éclatement, indiquent les divisions générales du corps,
et les traits principaux du visage. L'on peut, de suite, se rendre

1. Nous ne pouvons donner ici tous les détails techniques que nécessite l'importance du sujet. Le lecteur trouvera de plus longs développements dans le
prochain volume du recueil que nous publions sous le titre : « L'art et ses procédés depuis l'antiquité. » Leroux, édit.

2. Revue d'architecture. Lettre à M. César Daly.

3. Notice du Muséum ethnographique des missions scientifiques, rédigée par chacun des missionnaires sur les objets qu'il a rapportés.
 
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