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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 4.1878 (Teil 4)

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Soldi, Émile: Exposition universelle de 1878 (Salle des missions scientifiques): L'art au musée ethnographique
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https://doi.org/10.11588/diglit.16911#0183

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L'ART AU MUSÉE ETHNOGRAPHIQUE.

compte que les Péruviens, luttant difficilement avec leurs outils
de silex contre la dureté de la matière, se sont contentés de l'user
en la dressant par pans cassés, plus ou moins saillants, suivant
l'objet représenté.

Il en est de même dans les bas-reliefs ; les figures sont géné-
ralcmens découpées sur le fond en métal, comme des bonshom-
mes de pain d'épices, sauf pour le dieu Soleil, en haut-relief, du
fronton de la porte de Tiahuanaco, où la valeur successive de
chaque membre est rendue par un plan superposé sur l'autre,
comme un gradin.

Chez les Mexicains, la sculpture sur pierre dure prend
parfois une forme complètement différente, qui tient autant à
la religion et au goût de ce peuple, qu'à la difficulté technique
et aux matériaux employés.

Quelques magnifiques exemplaires de statuettes en granit
de la collection de M. Pinart présentent, en plus petit, les mêmes
particularités, la forme générale ébauchée, un goût exagéré pour
le détail et le symbolisme.

II

Les statuettes, et même les statues de grande dimension en
or et argent, étaient encore en plus grand honneur chez les
Péruviens que chez les Mexicains, mais l'insatiable avidité des
conquérants a été la principale cause de leur destruction, et les
rares spécimens qui nous en restent ne nous permettent guère
de juger à quels degrés l'Amérique était arrivée dans cette
branche de l'art.

Il s'est passé pour cette contrée le même phénomène que

C'est la grande idole aztèque , pour les nations classiques. Sans la

provenant du téocalli de Mexico , x^ découverte de Pompéi et d'Hercu-

qui en offre le plus curieux exemple. lanum, l'on peut presque dire que

Cette statue trouvée en 1790, sous ^l^^^^^^^^^^^^^s n°US nau"ons au^un bronze antique

le pavé de la Plaza Mayor, ancien ^S^^^^^^^^^^^^^^^^^ C'anS m>S mus^es' te'lement l'œuvre

emplacement du temple. lut trans- "^^^^^^j^^^^^^^^P^ d'art coulé en métal est voué à une

portée à l'Université, et enterrée de ^Ê4ê^^^^^^ destruction inévitable. Pour cent

nouveau par les ordres des profes- J^f!!^statues grecques de marbre, nous

seurs, religieux dominicains, qui j^*' '$§m\}y possédons à peine une statuette de

craignirent les effets, sur la jeunesse X^^^ÊMiïmk bronze, et c'est à peu près la même

indigène, du fétichisme des ancêtres ; Nt-, proportion que nous trouvons pour

M. de Humboldt obtint de la faire ^^M^^^^ÈÏ^^'^-^ l'Amérique. Ce n'est guère que sur

déterrer pour l'étudier. /^Î^LM, f \ -f-^é/ ' àeux ou trois beaux spécimens du

Cette idole, qui ne compte pas s? | /{i ^{j~~J^jW^! ¥ v musée de Naples, provenant d'Her-

moins de dix pieds de hauteur sur Jk'^ V 3^3/7 /f^*\l^ È flw //'''lf^^è\ cu'anum, que l'on peut se douter

six de largeur, est une grosse masse \K jiÊwh ^^jj? 'mÀ ér/jnÊÊÊÈ^ avec cluc^e finesse toute particulière,

de porphyre , n'ayant, au premier A \ l^f/vf^^^ 'WM f ytÊÊmMwl 1ue^e sécheresse voulue dans ' les

aspect, aucune forme générale, et ne N^V à, yMr - f Ê'/'^^M^^lfl détails, quelle légèreté dans les masses,

semblant qu'une superposition de \ï \ J| h kiW M) '■"//ê j^maamtij l'art romain a su caractériser la sculp-

hideux symboles de tous genres \ ((M f f wMwMwffl/ ture cn m<^ta'-

posés sur un vêtement : une rangée \ f MM 1,1 ¥ xJ- ff^/M&^ Nous savons d'une manière posi-

de serpents, deux tètes de mort et \[f ( ^#^^^^^^^^P^^if^i t've tîue la statue du dieu de la

des mains coupées. Pourtant, l'en- 1 \ ^^^^^^^^^^^W^Suerre <îu' ornait le grand temple de

semble de la pierre a été épannelé ^^^^^^^^^^^^^^^y^ -^zÊêÊ^ Mexico était revêtue d'un masque en

de manière à donner à la masse une " <^§És^ 01 ' Pedro de Cieça, au 54'' chapitre

partie supérieure, formant la tète i^^i..,^ '^P/ ^e son ''vre' nous dit 1uei dans

de deux monstres accolés, et deux ^— -^^sf^ plusieurs maisons royales du Pérou,

autres saillies latérales semblent £Â 'ffft^^ > on trouvait des chefs-d'œuvre d'al-

accuser l'intention de figurer les liage de métaux, d'or, d'argent et

Indien de Puno.

membres supérieurs. Du reste, comme , de plomb fondu. La collection de

, ,- Dessin de H. Toussaint d'après le buste d'Etoile Soldi. >, .... ,, . , , .

cette idole devait représenter le dieu . M. Wiener, au Musée ethnographique,

. ., , ,. Exposition universelle de 1S78.

de la guerre, Xuitzilopochth, et sa nous a montre en ce genre un petit

,,. Salle des missions scientifiques. , . ,

femme, Téozamimi, dont 1 image monument précieux, c est une sorte

féroce ne devait avoir rien d'humain, de hache très-ornée faite d'or et de

l'on conçoit que le sculpteur se soit surtout préoccupé de l'épou-
vantable effet qu'elle devait produire. Ici le symbole hiératique
devait être important à faire prévaloir, et l'harmonie des formes
et des proportions à éviter, comme l'a très-bien dit M. de
Humboldt : « La férocité des mœurs sanctionnée par un culte
sanguinaire, la tyrannie exercée par les princes et les prêtres,
les rêves chimériques de l'astrologie, et l'emploi de i'écriture
symbolique, ont contribué à perpétuer la barbarie des arts et le
goût pour les formes incorrectes et hideuses. Ces idoles, devant
lesquelles ruisselait continuellement le sang des victimes humai-
nes, réunissaient, dans leurs attributs, ce que la nature offre de
plus étrange. Le caractère de la figure humaine disparaissait
sous le poids des vêtements, des casques à tètes d'animaux car-
nassiers, et des serpents qui entortillaient le corps. Un respect
religieux pour les signes faisait que chaque idole avait son type
individuel, dont il n'était pas permis de s'écarter. Ainsi le culte
perpétuait l'incorrection des formes, et le peuple s'accoutumait
à ces réunions de parties monstrueuses que l'on disposait d'après
des idées systématiques. Cet accouplement de signes symboliques,
bizarres, formait des êtres purement fantastiques. »

cuivre, où chaque métal se succède par bandes ouvragées, d'une
couleur différente et d'un goût parfait. Dans la même salle, une
vitrine, qui ne contient que des objets d'or et d'argent, nous
montrait des couronnes d'argent dont l'ornementation consiste en
rondelles mobiles rappelant des rangées de sequins, dans le goût
de l'Orient. A côté de vases d'or aux lames très-minces, enrichies
de petits bas-reliefs estampés, se trouvait un groupe en argent qui
se compose d'une idole ayant à ses côtés deux petits Indiens lui
offrant des sacrifices. L'idole est bossue, mais ce défaut n'est pas
particulier à ce petit groupe, et semble avoir été une habitude
des sculpteurs sur métaux. (Voir la planche à la page 162.)

Si les œuvres importantes nous manquent pour qu'il nous
soit fourni une vue suffisante des productions en métal de l'Amé-
rique, pour que nous soyons édifiés sur leur valeur, il nous reste
du moins quelques descriptions des conquistadores, descriptions
enthousiastes, mais très-sûres, très-claires, se rapportant princi-
palement à ses jardins d'or, dont l'idée semble avoir été autant
dans le goût du Mexique que du Pérou. Par ces descriptions,
nous pouvons donner une idée de la richesse toute occidentale
de ces productions et de l'imagination qui les a fait éclore.
 
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