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' L'ART.
aspect très gris. Cependant, bien que la composition soit plus
restreinte que dans la première planche, la figure attachée par
des chaînes a été conservée.
Mais que les planches des Prisons soient poussées au noir
ou qu'elles soient exécutées dans des gammes grises, elles sont
toutes d'une haute valeur.
Dans l'une d'elles il y a des cadavres nus et pantelants,
forte dans la manière de Piranèse, a décrit admirablement et
presque littéralement quelques-unes des Prisons de Piranèse.
n Cet escalier, dit-il en un certain endroit de son récit, qui
montait et descendait et n'en finissait pas, obstrué parfois de
décombres, rappelait ce cauchemar à l'eau-forte où Piranèse
a représenté une échelle infinie de degrés serpentant à travers
de noires et formidables architectures, et gravie péniblement
bizarrement contournés et par un homme qu'on revoit
martyrisés, attachés à des FS: t%«- r~~--r~~^-Tmw* ' ^^SEBSMIE^^SSBKSjS^St 'A chaque palier plus bas.
colonnes et suspendus sur ^^BSf^F^S^^^uÊSÊÊS'^ P'us délabré, plus maigre,
l'abîme, que rappellent p ' r J^fÊB^^S^^^^SmvBmmmW^m^^^ plus spectral, et qui arrivé
quelques-unes des belles m- " "'^^^B^i^^i^^^^^^f^^^^^^^'^^È^^i après tant d'efforts au haut
improvisations sur cuivre ^^^^Tj'^^^Ê^^^^^S^fi^^fii^mi^^ ^c cette DaDe' d'escaliers
de F. Chifllart. flfe <4WRKSHfBr ^SÊSBKF^/mmmfmmmmm partant du centre de la
Ailleurs, ce sont des I l&Êl&tt&BÊ& terre, découvrait avec un
anneaux, des grilles, des I j9t |3B ^^^^^ffl^^^^^^^^^P^^^^L^W a"rcux désespoir qu'elle
poutres, des cordages, des m 'x *JPK» WÊ InH jllVI v^Ê&t^^SM^^Sw^mfa aboutit à une trappe impos-
tréteaux, des poulies, tout m ffl mm l'mm mwSÊm ''W^Urf^mr^T^t^S^^^mi s'ble à soulever. »
un amoncellement enfin Wm M] •■ fjM. ffM; if !rfffl'P*" ^^Mi^\l!:!''^^ftâin^^Éni " Si les ruines romai-
de tortures inouïes. \$kïï n : '^^^^S/BSKu^'^fmv^^^9^^i^^SÈIÊ^mSm\ nes' cont'nue Théophile
Et tout cela est impro- «firedgllBiMgM^^'.i|]|BB&'Jfc ^^^Ê^B^^ÊffSmw^^mwSSmt Gautier, ne sont pas han-
visé avec des traits en zig- liiliwMiiri^^ tées de fantômes traînant
zag, des crevés, des acci- des ferrailles comme les
dents de vernis, des effa- VuE latérale des ruines du temple d'Antonin et Faust.ne. ruines gothiques, elles ont
cages incomplets et des aussi leurs terreurs. Les
fureurs de pointe admirables.
Dans une de ses planches, Piranèse a représenté un sup-
plicié, nu et garrotté, qu'on écartèle et qu'on tiraille, pSle-mêle
avec les statues et les bas-reliefs et près d'une grossière palis-
sade de planches brutes masquant à peine des bustes énormes,
sur lesquels une lanterne fumeuse projette une lueur incertaine.
Et toujours dans quelque coin de l'estampe la foule
larves, les lémures, les lamies, les empouses, les stryges valent
bien les brucolaques, les goules, les égrégores et toute la
hideuse population nocturne des lieux abandonnés.
« Et tout ce monde horrible de bestioles semble en effet
grouiller parmi les fragments de pierre rongés parle temps et
recouverts d'une épaisse couche de mousse, parmi les colonnes
aux cannelures frustes, aux chapiteaux émoussés, et parmi les
grouille et fourmille, soit arcs de voûtes aux mu-
rai^ de^ leurs
position, le premier plan nier volume des Antiquités
est formé par une arcade VuE DES RU,NES DU F0RUM DE Nerva dites les " Colonhàcck ». de Rome Ce feuillet n'est
de pierre abrupte au cintre autre qu'un catalogue som-
surbaissé. Dans le fond on aperçoit une deuxième arcade
décorée de bas-reliefs et une colonnade circulaire surmontée
de statues et, sur ce fond lumineux, se détachent noirs et
sinistres une roue, des chaînes, des anneaux, des cordages et
des instruments de torture.
C'est du Goya architectural d'un effet grandiose et fantas-
tique empreint d'une sauvage poésie.
Théophile Gautier dans sa charmante nouvelle : Made-
moiselle Dafné de Montbriand qui porte en sous-titre : Eau-
i. Revue du XIX9 siècle Tome I. iL>r avril 1866.
maire illustré. L'artiste a supposé une arcade de briques cou-
verte de lierre sur laquelle il a fixé à l'aide de forts crampons
une tablette aux cassures abruptes qui brusquement se termine
à la partie inférieure comme une carte à demi enroulée.
Dans le haut de la composition, sur une tablette ornée de
motifs sculptés on lit ces mots : Catalogo délie opère date
flnora alla luce da Gio. Battista Piranesi.
Jules Adeline.
(La fin prochainement.)
Le Directeur-Gérant : EUGÈNE VÉHON.
' L'ART.
aspect très gris. Cependant, bien que la composition soit plus
restreinte que dans la première planche, la figure attachée par
des chaînes a été conservée.
Mais que les planches des Prisons soient poussées au noir
ou qu'elles soient exécutées dans des gammes grises, elles sont
toutes d'une haute valeur.
Dans l'une d'elles il y a des cadavres nus et pantelants,
forte dans la manière de Piranèse, a décrit admirablement et
presque littéralement quelques-unes des Prisons de Piranèse.
n Cet escalier, dit-il en un certain endroit de son récit, qui
montait et descendait et n'en finissait pas, obstrué parfois de
décombres, rappelait ce cauchemar à l'eau-forte où Piranèse
a représenté une échelle infinie de degrés serpentant à travers
de noires et formidables architectures, et gravie péniblement
bizarrement contournés et par un homme qu'on revoit
martyrisés, attachés à des FS: t%«- r~~--r~~^-Tmw* ' ^^SEBSMIE^^SSBKSjS^St 'A chaque palier plus bas.
colonnes et suspendus sur ^^BSf^F^S^^^uÊSÊÊS'^ P'us délabré, plus maigre,
l'abîme, que rappellent p ' r J^fÊB^^S^^^^SmvBmmmW^m^^^ plus spectral, et qui arrivé
quelques-unes des belles m- " "'^^^B^i^^i^^^^^^f^^^^^^^'^^È^^i après tant d'efforts au haut
improvisations sur cuivre ^^^^Tj'^^^Ê^^^^^S^fi^^fii^mi^^ ^c cette DaDe' d'escaliers
de F. Chifllart. flfe <4WRKSHfBr ^SÊSBKF^/mmmfmmmmm partant du centre de la
Ailleurs, ce sont des I l&Êl&tt&BÊ& terre, découvrait avec un
anneaux, des grilles, des I j9t |3B ^^^^^ffl^^^^^^^^^P^^^^L^W a"rcux désespoir qu'elle
poutres, des cordages, des m 'x *JPK» WÊ InH jllVI v^Ê&t^^SM^^Sw^mfa aboutit à une trappe impos-
tréteaux, des poulies, tout m ffl mm l'mm mwSÊm ''W^Urf^mr^T^t^S^^^mi s'ble à soulever. »
un amoncellement enfin Wm M] •■ fjM. ffM; if !rfffl'P*" ^^Mi^\l!:!''^^ftâin^^Éni " Si les ruines romai-
de tortures inouïes. \$kïï n : '^^^^S/BSKu^'^fmv^^^9^^i^^SÈIÊ^mSm\ nes' cont'nue Théophile
Et tout cela est impro- «firedgllBiMgM^^'.i|]|BB&'Jfc ^^^Ê^B^^ÊffSmw^^mwSSmt Gautier, ne sont pas han-
visé avec des traits en zig- liiliwMiiri^^ tées de fantômes traînant
zag, des crevés, des acci- des ferrailles comme les
dents de vernis, des effa- VuE latérale des ruines du temple d'Antonin et Faust.ne. ruines gothiques, elles ont
cages incomplets et des aussi leurs terreurs. Les
fureurs de pointe admirables.
Dans une de ses planches, Piranèse a représenté un sup-
plicié, nu et garrotté, qu'on écartèle et qu'on tiraille, pSle-mêle
avec les statues et les bas-reliefs et près d'une grossière palis-
sade de planches brutes masquant à peine des bustes énormes,
sur lesquels une lanterne fumeuse projette une lueur incertaine.
Et toujours dans quelque coin de l'estampe la foule
larves, les lémures, les lamies, les empouses, les stryges valent
bien les brucolaques, les goules, les égrégores et toute la
hideuse population nocturne des lieux abandonnés.
« Et tout ce monde horrible de bestioles semble en effet
grouiller parmi les fragments de pierre rongés parle temps et
recouverts d'une épaisse couche de mousse, parmi les colonnes
aux cannelures frustes, aux chapiteaux émoussés, et parmi les
grouille et fourmille, soit arcs de voûtes aux mu-
rai^ de^ leurs
position, le premier plan nier volume des Antiquités
est formé par une arcade VuE DES RU,NES DU F0RUM DE Nerva dites les " Colonhàcck ». de Rome Ce feuillet n'est
de pierre abrupte au cintre autre qu'un catalogue som-
surbaissé. Dans le fond on aperçoit une deuxième arcade
décorée de bas-reliefs et une colonnade circulaire surmontée
de statues et, sur ce fond lumineux, se détachent noirs et
sinistres une roue, des chaînes, des anneaux, des cordages et
des instruments de torture.
C'est du Goya architectural d'un effet grandiose et fantas-
tique empreint d'une sauvage poésie.
Théophile Gautier dans sa charmante nouvelle : Made-
moiselle Dafné de Montbriand qui porte en sous-titre : Eau-
i. Revue du XIX9 siècle Tome I. iL>r avril 1866.
maire illustré. L'artiste a supposé une arcade de briques cou-
verte de lierre sur laquelle il a fixé à l'aide de forts crampons
une tablette aux cassures abruptes qui brusquement se termine
à la partie inférieure comme une carte à demi enroulée.
Dans le haut de la composition, sur une tablette ornée de
motifs sculptés on lit ces mots : Catalogo délie opère date
flnora alla luce da Gio. Battista Piranesi.
Jules Adeline.
(La fin prochainement.)
Le Directeur-Gérant : EUGÈNE VÉHON.