Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

L' art: revue hebdomadaire illustrée — 9.1883 (Teil 3)

DOI Artikel:
Molinier, Émile: Notes sur quelques selles de fabrication italienne
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.19296#0040

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
NOTES

s u r

QUELQUES SELLES DE FABRICATION ITALIENNE

ans plusieurs collections on rencontre des selles analogues au
monument que nous publions aujourd'hui. Le musée de Pesth, la
Galleria Estense de Modène, le Museo Civico de Bologne, la collec-
tion du marquis de Trivulce à Milan, une collection dispersée il y
a bien peu de temps, la collection Possenti, offrent ou offraient de
beaux échantillons de ces objets intéressants à plus d'un point de
vue. Us sont assurément toujours curieux, beaux quelquefois, et leur
nationalité est fort contestée; ils se recommandent donc à plus d'un
Lettre tirée d'un livre iuuicn titre à l'attention du curieux et de l'archéologue.

du commencement du XVIe siècle.

Dessin de MomaUn. A une époque où une bonne partie de la vie se passait à cheval,

où Ton ne voyageait guère autrement, les harnais étaient sans
contredit une chose importante. De là à en faire un objet de luxe, il n'y avait qu'un
pas et, comme bien on pense, les peintres, les sculpteurs, voire même les orfèvres du
Moyen-Age et de la Renaissance eurent bien souvent à peindre, à sculpter, à émailler
des pièces de harnais. Parmi ces pièces, la selle offrait seule de grandes surfaces ; ce
fut donc elle qui reçut l'ornementation la plus riche et la plus compliquée. Les
comptes, les inventaires nous ont laissé plus d'une description de ces selles luxueuses
dont on ne retrouverait plus aujourd'hui d'exemple qu'en Orient1. A défaut de ces
textes précis, les chansons de gestes suffiraient pour nous donner une idée de cette
ornementation dans laquelle l'ivoire se mariait à l'or, à l'argent, aux émaux2. Quoi qu'il en soit,
nous pensons que les poètes ont usé de quelque licence ; il pouvait bien en être ainsi des selles
de parade, et celles que nous possédons en sont la preuve ; mais les selles de guerre devaient
être, avant tout, solides, et une telle ornementation exclut un peu l'idée de force. La selle de
guerre était une véritable boîte dans laquelle se renfermait le cavalier; l'arçon de devant était
très développé et le troussequin élevé et recourbé offrait un appui précieux au moment de la
charge; le cavalier dressé sur ses étriers ne portait plus que sur le troussequin et non sur la
selle. Or, à une exception près (la selle du musée de Modène), aucune des selles en ivoire ou en
os que nous connaissons n'offre ces dispositions pourtant essentielles. Par leur forme, elles se
rapprochent sensiblement des selles modernes. Nous ne devons y voir que des selles de parade.

i. Voici les descriptions, prises au hasard au milieu d'une foule d'autres, de deux selles appartenant à un grand seigneur du xiv" siècle,
Raoul, comte d'Eu; elles sont assez intéressantes : « Une selle de coursier à parer, les arçonnieres devant et derrière de pilleuilles d'argent,
férus en tas en manière de tuyaux, et sur les carrefours des dits pilleuilles, chastons; et au milieu des dites arçonnieres un Dieu d'Amours
vestu de drap de soie après le vif, les mains et la teste d'yvuire et les ailles d'orfaverie; et tient un rouleau d'esmail assis sur une terrasse
de veluel. Et a chascun costé du Dieu d'Amours a l'un un bergier et l'autre une bergiere vestus de drap de soye, les testes et les mains

d'yvuire. Et sur la dite terrasse moutons d'yvuire qui paissent; et de lez la bergiere un chien d'yvuire, etc.....XLV livres parisis. »— « Une

sambue de soie, les arçonnieres d'argent doré, feru en tas; au milieu des arçonnieres huit serpens, les corps d'argent, les elles esmaillées;
le fons esmaillé d'asur. Sur le fonds une dame d'ivuire tenans deux ecussons : l'un de Foucarmont, l'autre de Mello; et II angelos
d'ivuire, etc... »

-• « Li arson furent d'un yvoire planné,

A esmaux d'or moult soutilement ouvré. »

(Gaydon.j '

La sele fu d'yvoire, li arçon noielé.

(Gui de Bourgogne.)

(Cités par Viollet-le-Duc, Dictionnaire du mobilier, VI, 3g et 42.)
Tome XXXIV. 5
 
Annotationen