LES DELLA ROBBIA. 189
en assurant la liberté des mers par la destruction de la flotte des pirates tyrrhéniens devant
Cumes. Pour atteindre ce but, ils s'étaient bornés à placer à l'exergue du revers des pièces
d'argent, au-dessous du quadrige qui en faisait le type, un symbole accessoire, le premier le lion
d'Afrique, le second le fabuleux monstre marin appelé pistrix.
La tendance nouvelle que nous venons de signaler, et qui se prononçait de plus en plus,
conduisait à la pure allégorie. Locres, en se soumettant aux Romains, en donna un des premiers
exemples; elle fit représenter, au revers de sa monnaie, la personnification de Rome et celle de
la Fidélité des vaincus. Peu de temps auparavant, après la défaite des Gaulois dans la Phocide,
Antigone Gonatas, roi de Macédoine, ornait ses monnaies d'un trophée d'armes gauloises qu'élève
le dieu Pan, en souvenir de la terreur panique qui s'était emparée des soldats du brenn. C'était
plus grec et plus fier.
François Lenormant,
Membre de l'Institut.
LES DELLA ROBBIA'
(suite)
uoi qu'en ait dit Labarte2, nous pensons que la gloire
de Luca est assez grande pour qu'on ne cherche pas à
lui attribuer fort à la légère le mérite de cette invention.
Les poteries hispano-arabes d'une part, les faïences
orientales de l'autre, importées en foule en Italie, durent
de bonne heure initier les potiers italiens à la fabrica-
tion des majoliques. En tant que décoration architec-
turale les terres émaillées furent dès le haut moyen âce
employées en Italie ; et si l'on a pu retrouver parmi les
bacini qui décorent les églises de Pise quelques débris
de faïence dont l'origine orientale paraît démontrée, à
Pise comme en maint autre lieu d'Italie on en rencontre
aussi auxquelles leur style comme leur décoration per-
mettent d'assigner une origine purement locale3. Nous
savons bien qu'on a cherché à en faire des produits
byzantins ; mais cette opinion ne repose que sur de
simples hypothèses et n'est corroborée ni par un fait ni
par un texte. On nous permettra donc de tenir, jusqu'à preuve du contraire, ces faïences pour
italiennes, et alors Luca délia Robbia n'a pu découvrir un procédé qui depuis deux ou trois
siècles au moins était en Italie dans le domaine public.
Dès le XIVe siècle, la terre cuite était employée couramment en Italie pour l'ornementation de
l'architecture. Peu coûteuse, d'une construction facile et rapide, cette ornementation était destinée
à devenir d'un usage plus commun encore le jour où l'on pourrait la rendre plus durable; les
1. Voir l'Art, 9" année, tome III, pages i52 et 178.
2. Histoire des arts industriels, 2" édition, tome III, page 205.
3. Sur ces poteries voyez un article de M. Fortnum, publié dans YArchacologia, tome XLII, pages 379086, et du même : A descriptive
catalogue of the Maiolica... in the South Kensington Muséum, introduction, page xxix et suivantes. Voyez aussi Ch. Perkins, Ilistorical
Handbook of italian Sculpture, London, 1883, in-8°, page 141;— Émile Molinier, les Majoliques italiennes en Italie, Paris, i883, in-8"
(Extrait de VArt), page 26 et suivantes.
Tome XXXIV. 29
en assurant la liberté des mers par la destruction de la flotte des pirates tyrrhéniens devant
Cumes. Pour atteindre ce but, ils s'étaient bornés à placer à l'exergue du revers des pièces
d'argent, au-dessous du quadrige qui en faisait le type, un symbole accessoire, le premier le lion
d'Afrique, le second le fabuleux monstre marin appelé pistrix.
La tendance nouvelle que nous venons de signaler, et qui se prononçait de plus en plus,
conduisait à la pure allégorie. Locres, en se soumettant aux Romains, en donna un des premiers
exemples; elle fit représenter, au revers de sa monnaie, la personnification de Rome et celle de
la Fidélité des vaincus. Peu de temps auparavant, après la défaite des Gaulois dans la Phocide,
Antigone Gonatas, roi de Macédoine, ornait ses monnaies d'un trophée d'armes gauloises qu'élève
le dieu Pan, en souvenir de la terreur panique qui s'était emparée des soldats du brenn. C'était
plus grec et plus fier.
François Lenormant,
Membre de l'Institut.
LES DELLA ROBBIA'
(suite)
uoi qu'en ait dit Labarte2, nous pensons que la gloire
de Luca est assez grande pour qu'on ne cherche pas à
lui attribuer fort à la légère le mérite de cette invention.
Les poteries hispano-arabes d'une part, les faïences
orientales de l'autre, importées en foule en Italie, durent
de bonne heure initier les potiers italiens à la fabrica-
tion des majoliques. En tant que décoration architec-
turale les terres émaillées furent dès le haut moyen âce
employées en Italie ; et si l'on a pu retrouver parmi les
bacini qui décorent les églises de Pise quelques débris
de faïence dont l'origine orientale paraît démontrée, à
Pise comme en maint autre lieu d'Italie on en rencontre
aussi auxquelles leur style comme leur décoration per-
mettent d'assigner une origine purement locale3. Nous
savons bien qu'on a cherché à en faire des produits
byzantins ; mais cette opinion ne repose que sur de
simples hypothèses et n'est corroborée ni par un fait ni
par un texte. On nous permettra donc de tenir, jusqu'à preuve du contraire, ces faïences pour
italiennes, et alors Luca délia Robbia n'a pu découvrir un procédé qui depuis deux ou trois
siècles au moins était en Italie dans le domaine public.
Dès le XIVe siècle, la terre cuite était employée couramment en Italie pour l'ornementation de
l'architecture. Peu coûteuse, d'une construction facile et rapide, cette ornementation était destinée
à devenir d'un usage plus commun encore le jour où l'on pourrait la rendre plus durable; les
1. Voir l'Art, 9" année, tome III, pages i52 et 178.
2. Histoire des arts industriels, 2" édition, tome III, page 205.
3. Sur ces poteries voyez un article de M. Fortnum, publié dans YArchacologia, tome XLII, pages 379086, et du même : A descriptive
catalogue of the Maiolica... in the South Kensington Muséum, introduction, page xxix et suivantes. Voyez aussi Ch. Perkins, Ilistorical
Handbook of italian Sculpture, London, 1883, in-8°, page 141;— Émile Molinier, les Majoliques italiennes en Italie, Paris, i883, in-8"
(Extrait de VArt), page 26 et suivantes.
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