DOI Artikel:
Leroi, Paul: Aquarellistes franҫais et étrangers, [2]
DOI Artikel:Gauchez, Léon: La gravure & la lithographie au Salon de 1883, [1]
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.19296#0118
LA GRAVURE ET LA LITHOGRAPHIE AU SALON DE 1883. 99
quelconque de faire entre l'immense majorité de ces œuvres, tant elles semblent sortir d'un
môme moule.
« L'ennui naquit un jour de l'uniformité. »
C'est l'impression dominante en sortant d'une de ces Exhibitions si vous êtes allé y chercher
l'art presque totalement absent. Les fidèles y vont par mode, y flirter et même y débiter
doctement la bouche en cœur quelque sweet admiration de commande. Pure affaire de snobisme.
De toutes les expositions d'aquarelles, il en est deux auxquelles la fashion, c'est-à-dire le
succès, s'attache régulièrement. Sociétés rivales, elles ont Tune et l'autre l'honneur d'être
royalement patroni{ed. Le patronage, la grande affaire dans l'indépendante Angleterre, le
patronage royal surtout. Aussi la Royal Society of Painters in Water Colours, qui en est à sa
quatre-vingt-dix-neuvième exposition annuelle, et Ylnstitnte of Painters in Water Colours, dont
la soixante-cinquième exposition inaugure les nouvelles galeries de Piccadilly, sont-ils fort riches.
Je préférerais ces associations moins fortunées mais plus prodigues de véritables œuvres d'art.
Chez la société quasi-centenaire, en dehors de l'éminent président Sir John Gilbert, vieux
lion respecté qui combat toujours le bon combat, j'ai vainement cherché ce qui pût me retenir
excepté les envois de Miss Clara Montalba, une aquarelliste de race, artiste jusqu'au bout des
ongles, de MM. W. E. Lockhart, Frank Holl, Thomas J. Watson, E. F. Brewtnall, Wilmot
Pilsbury et E. A. Waterlow, un paysagiste qui s'est fait remarquer au Salon de Paris; tout le
reste est d'une désespérante monotonie, ce sont produits similaires1.
Même conclusion pour XInstitute qui, lui aussi, est préside par un artiste de beaucoup de
talent, un Belge d'origine, M. Louis Haghe, un Tournaisien depuis de longues années établi en
Angleterre ainsi que son frère Charles. Les vastes galeries de Piccadilly ont été inaugurées par
le Prince et la Princesse de Galles qui n'y ont pas subi moins de 89g aquarelles, chiffre formi-
dable dont je ne trouve à déduire, en procédant par voie d'innombrables éliminations, que les
œuvres originales et sortant de pair de MM. Jules Lessore, L. E. Lambert, Robert -W. Allan,
Alfred Parsons, Charles Cattermole, W. L. Wyllie, Josef Israels, le célèbre peintre hollandais,
Ch. W. Wyllie, Walter Langley, Mark Fisher, Anderson Haghe et F. S. Walker.
M. Louis Haghe fut heureusement inspiré en ouvrant désormais les expositions de Ylnstitnte
aux aquarellistes étrangers; là est le remède; le contraste épurera le goût, et l'Angleterre
reviendra aux larges et franches tendances, l'honneur de ses aquarellistes d'autrefois.
Paul Leroi.
LA GRAVURE & LA LITHOGRAPHIE
• AU SALON DE 1 883 2
(suite)
III
Je devrais, avant de passer au burin et à l'eau-forte, m'oc-
cuper des progrès que les artistes américains ont fait réaliser
à la gravure sur bois, progrès très remarquablement repré-
sentés à Paris cette année par deux d'entre eux; je préfère
terminer par ce sujet qui exige certains développements
étrangers au Salon et témoigne une fois de plus des ardeurs
que l'on apporte aujourd'hui de toutes parts aux conquêtes
artistiques, — hors de France, — avec la tenace volonté de
l'égaler, de la dépasser et de la battre, ce que cette Revue
dans ses avertissements répétés à satiété s'attache à démontrer
depuis neuf ans, mais est-il pires sourds que ceux qui ne veu-
lent pas entendre ? On ne parviendra cependant jamais à me
persuader que ceux qui lui signalent franchement les périls
qui la menacent, ne sont pas les vrais amis de l'école française.
1. Le Catalogue illustré de la Royal Society pour 1883 ne comprend pas moins de 313 numéros.
2. Voir l'Art, g" année, tome II, page 177.
quelconque de faire entre l'immense majorité de ces œuvres, tant elles semblent sortir d'un
môme moule.
« L'ennui naquit un jour de l'uniformité. »
C'est l'impression dominante en sortant d'une de ces Exhibitions si vous êtes allé y chercher
l'art presque totalement absent. Les fidèles y vont par mode, y flirter et même y débiter
doctement la bouche en cœur quelque sweet admiration de commande. Pure affaire de snobisme.
De toutes les expositions d'aquarelles, il en est deux auxquelles la fashion, c'est-à-dire le
succès, s'attache régulièrement. Sociétés rivales, elles ont Tune et l'autre l'honneur d'être
royalement patroni{ed. Le patronage, la grande affaire dans l'indépendante Angleterre, le
patronage royal surtout. Aussi la Royal Society of Painters in Water Colours, qui en est à sa
quatre-vingt-dix-neuvième exposition annuelle, et Ylnstitnte of Painters in Water Colours, dont
la soixante-cinquième exposition inaugure les nouvelles galeries de Piccadilly, sont-ils fort riches.
Je préférerais ces associations moins fortunées mais plus prodigues de véritables œuvres d'art.
Chez la société quasi-centenaire, en dehors de l'éminent président Sir John Gilbert, vieux
lion respecté qui combat toujours le bon combat, j'ai vainement cherché ce qui pût me retenir
excepté les envois de Miss Clara Montalba, une aquarelliste de race, artiste jusqu'au bout des
ongles, de MM. W. E. Lockhart, Frank Holl, Thomas J. Watson, E. F. Brewtnall, Wilmot
Pilsbury et E. A. Waterlow, un paysagiste qui s'est fait remarquer au Salon de Paris; tout le
reste est d'une désespérante monotonie, ce sont produits similaires1.
Même conclusion pour XInstitute qui, lui aussi, est préside par un artiste de beaucoup de
talent, un Belge d'origine, M. Louis Haghe, un Tournaisien depuis de longues années établi en
Angleterre ainsi que son frère Charles. Les vastes galeries de Piccadilly ont été inaugurées par
le Prince et la Princesse de Galles qui n'y ont pas subi moins de 89g aquarelles, chiffre formi-
dable dont je ne trouve à déduire, en procédant par voie d'innombrables éliminations, que les
œuvres originales et sortant de pair de MM. Jules Lessore, L. E. Lambert, Robert -W. Allan,
Alfred Parsons, Charles Cattermole, W. L. Wyllie, Josef Israels, le célèbre peintre hollandais,
Ch. W. Wyllie, Walter Langley, Mark Fisher, Anderson Haghe et F. S. Walker.
M. Louis Haghe fut heureusement inspiré en ouvrant désormais les expositions de Ylnstitnte
aux aquarellistes étrangers; là est le remède; le contraste épurera le goût, et l'Angleterre
reviendra aux larges et franches tendances, l'honneur de ses aquarellistes d'autrefois.
Paul Leroi.
LA GRAVURE & LA LITHOGRAPHIE
• AU SALON DE 1 883 2
(suite)
III
Je devrais, avant de passer au burin et à l'eau-forte, m'oc-
cuper des progrès que les artistes américains ont fait réaliser
à la gravure sur bois, progrès très remarquablement repré-
sentés à Paris cette année par deux d'entre eux; je préfère
terminer par ce sujet qui exige certains développements
étrangers au Salon et témoigne une fois de plus des ardeurs
que l'on apporte aujourd'hui de toutes parts aux conquêtes
artistiques, — hors de France, — avec la tenace volonté de
l'égaler, de la dépasser et de la battre, ce que cette Revue
dans ses avertissements répétés à satiété s'attache à démontrer
depuis neuf ans, mais est-il pires sourds que ceux qui ne veu-
lent pas entendre ? On ne parviendra cependant jamais à me
persuader que ceux qui lui signalent franchement les périls
qui la menacent, ne sont pas les vrais amis de l'école française.
1. Le Catalogue illustré de la Royal Society pour 1883 ne comprend pas moins de 313 numéros.
2. Voir l'Art, g" année, tome II, page 177.