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L'ART.
Leonardo. On sait que les premiers sculpteurs qui ont adopté cette formule prétendaient rappeler
ainsi l'attitude donnée aux dépouilles du mort le jour où on lui rendait les honneurs publics et
où l'on prononçait son oraison funèbre devant toute une ville assemblée. La Bara, sorte de civière
monumentale,, imitée de celle où Mino a couché l'évêque Salutati de Fiesole, repose ici sur un
sarcophage antique du caractère le plus sévère. Entre le couvercle du cercueil et le lit de
parade, une tête de mort symbolise le Néant, comme dans l'œuvre de Rossellino à San Miniato.
Dans le tympan de la partie supérieure du monument, un médaillon de la Vierge et du divin
enfant s'inspire, en en diminuant la grâce et en amaigrissant les contours, de celui du Rossellino
à San Miniato. Autour du médaillon, dans les retombées, Matteo a représenté de profil, presque
à mi-corps, Pietro Noceto et son fils Nicolas. Deux Putti placés sur le rebord de l'entablement,
comme les beaux enfants portant les guirlandes au tombeau de Marsupini, assez misérablement
placés sur cette saillie sans se rattacher à la composition, nous ont paru indignes du ciseau de
Matteo, et sont certainement une addition postérieure1.
Ce monument occupe, dans la cathédrale, la face du mur à droite du transept.
Charles Yriarte.
(La suite prochainement.)
LETTRES D'ARTISTES ET D'AMATEURS2
(suite)
JVicold Faganini est né a Gènes en 1784 ; le célèbre violoniste mourut a JVice en 1840.
Il avait commencé par diriger à Lucçf-ues, jusqu'en 1813, Vorchestre de la princesse Elisa
"Éaciocchi, sœur de Napoléon.
I
A Monsieur Veron Directeur
de l'Académie Royale de musique
Monsieur
Pour mon dernier concert, dimanche 24, je vous propose pour nos intérêts de le considérer
comme un mercredi, ainsi vous prélèverez le tiers brut comme à l'ordinaire.
Je désire que le concert me soit honorable plus qu'utile, à cet effet je demanderai a sa
majesté l'honneur d'y assister; je vous prierai d'y faire chanter Me Damoreau tant pour vos
intérêts que pour mon orgueil, je vous prierai aussi de le faire afficher en grosse lettres, sur
toutes vos affiches de la semaine ; comme aussi de mettre un joli ballet ; sans négliger l'annonce
des journaux; je profitte de cette circostance pour vous remercier de tout l'intérêt que vous
m'avez témoigné et l'appui que vous m'avez prêtée pour la réussite de mes concerts; trop
1. Un très beau dessin de ce tombeau, exécuté il y a nombre d'années à l'Ecole des Beaux-Arts de Lucques, aujourd'hui en possession
du sculpteur, le Commandeur Consani de Florence, reproduit le monument sans cet appendice. C'était donc une tradition à Lucques, que
les deux enfants ont été ajoutés après coup. C'est l'impression de Mazzarosa, c'est aussi l'avis de M. Enrico Ridoln et, après mûr_examen,
c'est aussi notre opinion.
2. Voir l'Art, g' année, tome III, pages 41, 61, 1 34, 141, 1s0 et 199.
L'ART.
Leonardo. On sait que les premiers sculpteurs qui ont adopté cette formule prétendaient rappeler
ainsi l'attitude donnée aux dépouilles du mort le jour où on lui rendait les honneurs publics et
où l'on prononçait son oraison funèbre devant toute une ville assemblée. La Bara, sorte de civière
monumentale,, imitée de celle où Mino a couché l'évêque Salutati de Fiesole, repose ici sur un
sarcophage antique du caractère le plus sévère. Entre le couvercle du cercueil et le lit de
parade, une tête de mort symbolise le Néant, comme dans l'œuvre de Rossellino à San Miniato.
Dans le tympan de la partie supérieure du monument, un médaillon de la Vierge et du divin
enfant s'inspire, en en diminuant la grâce et en amaigrissant les contours, de celui du Rossellino
à San Miniato. Autour du médaillon, dans les retombées, Matteo a représenté de profil, presque
à mi-corps, Pietro Noceto et son fils Nicolas. Deux Putti placés sur le rebord de l'entablement,
comme les beaux enfants portant les guirlandes au tombeau de Marsupini, assez misérablement
placés sur cette saillie sans se rattacher à la composition, nous ont paru indignes du ciseau de
Matteo, et sont certainement une addition postérieure1.
Ce monument occupe, dans la cathédrale, la face du mur à droite du transept.
Charles Yriarte.
(La suite prochainement.)
LETTRES D'ARTISTES ET D'AMATEURS2
(suite)
JVicold Faganini est né a Gènes en 1784 ; le célèbre violoniste mourut a JVice en 1840.
Il avait commencé par diriger à Lucçf-ues, jusqu'en 1813, Vorchestre de la princesse Elisa
"Éaciocchi, sœur de Napoléon.
I
A Monsieur Veron Directeur
de l'Académie Royale de musique
Monsieur
Pour mon dernier concert, dimanche 24, je vous propose pour nos intérêts de le considérer
comme un mercredi, ainsi vous prélèverez le tiers brut comme à l'ordinaire.
Je désire que le concert me soit honorable plus qu'utile, à cet effet je demanderai a sa
majesté l'honneur d'y assister; je vous prierai d'y faire chanter Me Damoreau tant pour vos
intérêts que pour mon orgueil, je vous prierai aussi de le faire afficher en grosse lettres, sur
toutes vos affiches de la semaine ; comme aussi de mettre un joli ballet ; sans négliger l'annonce
des journaux; je profitte de cette circostance pour vous remercier de tout l'intérêt que vous
m'avez témoigné et l'appui que vous m'avez prêtée pour la réussite de mes concerts; trop
1. Un très beau dessin de ce tombeau, exécuté il y a nombre d'années à l'Ecole des Beaux-Arts de Lucques, aujourd'hui en possession
du sculpteur, le Commandeur Consani de Florence, reproduit le monument sans cet appendice. C'était donc une tradition à Lucques, que
les deux enfants ont été ajoutés après coup. C'est l'impression de Mazzarosa, c'est aussi l'avis de M. Enrico Ridoln et, après mûr_examen,
c'est aussi notre opinion.
2. Voir l'Art, g' année, tome III, pages 41, 61, 1 34, 141, 1s0 et 199.