Fleuron composé et dessiné pou»
a l'Art » par J. Habert-Dys.
UN VOYAGE ARTISTIQUE AU PAYS BASQUE1
(sui te)
II
VUE D'iRUN. - ENTRÉE DE FONTARABIE.
ous passons la frontière et entrons à Irun, dont le nom, traduit
du basque, signifie la bonne ville. Pourquoi? Nous ne saurions le
deviner, et la plupart des voyageurs ne le diraient pas davantage...
Irun est bâtie clans un site grandiose, sur la rive gauche de la
Bidassoa. Le mont Yaizquibel (583 mètres), « le sommet aux
longues croupes revêtues de bruyères », la domine au nord; au
sud, la Haya, qu'on a nommée aussi les Trois-Couronnes
(987 mètres), la surplombe souverainement et en reine. La petite
ville, sous les auspices et sous l'abri de ces sommets presque
inaccessibles, se recueille clans ses souvenirs et s'endort. Son
sommeil n'est troublé que par le bruit du sifflet des chauffeurs
de locomotives qui font le service du chemin de fer de Bordeaux
à Madrid.
Irun pourtant n'a pas toujours été aussi tranquille qu'elle
nous apparaît aujourd'hui. Sans remonter à ses origines romaines
et sans invoquer les débris de fortifications et de murailles qui
attestent son antiquité belliqueuse, Irun, comme les autres villes
T v% de la frontière, a été bien des fois, prise, reprise et incendiée. Elle a sa page dans
} l'histoire cle toutes les insurrections carlistes. En i83y, par exemple, le général Evans,
qui commandait les troupes de la reine, s'en empara, et l'on n'y massacra pas moins cle
l^ sept cents pauvres diables, attachés à la cause du Prétendant.
L'église d'Irun, Nuestra Senora del Juncal (Notre-Dame des Joncs, lesquels
foisonnent clans la plaine marécageuse) est d'un style étrange, qui n'est ni romain ni gothique,
mais qui ne laisse pas d'avoir son originalité et son charme. C'est l'architecture guipuzcoane tout
à fait indigène et telle que leurs croyances religieuses et leur christianisme fervent ont dû l'inspirer
à ces populations qu'on ne pourrait accuser, sans injustice, cle vouloir imiter l'étranger. Le
vaisseau cle l'église d'Irun a 43 mètres de longueur sur 28 de largeur. On y remarque surtout
deux tombeaux, celui cle l'amiral Don Pedro cle Zubiaur et celui du bachelier Astigar.
Mais Irun est fière à bon droit de ses joueurs cle paume, ou de pelote, très appréciés et très
célèbres clans tout le pays basque. Le jeu cle paume, qui est passé là-bas, depuis des siècles, à
1. Voir l'Art, 9" année, tom'e II, page 249, et tome III, page 12.
a l'Art » par J. Habert-Dys.
UN VOYAGE ARTISTIQUE AU PAYS BASQUE1
(sui te)
II
VUE D'iRUN. - ENTRÉE DE FONTARABIE.
ous passons la frontière et entrons à Irun, dont le nom, traduit
du basque, signifie la bonne ville. Pourquoi? Nous ne saurions le
deviner, et la plupart des voyageurs ne le diraient pas davantage...
Irun est bâtie clans un site grandiose, sur la rive gauche de la
Bidassoa. Le mont Yaizquibel (583 mètres), « le sommet aux
longues croupes revêtues de bruyères », la domine au nord; au
sud, la Haya, qu'on a nommée aussi les Trois-Couronnes
(987 mètres), la surplombe souverainement et en reine. La petite
ville, sous les auspices et sous l'abri de ces sommets presque
inaccessibles, se recueille clans ses souvenirs et s'endort. Son
sommeil n'est troublé que par le bruit du sifflet des chauffeurs
de locomotives qui font le service du chemin de fer de Bordeaux
à Madrid.
Irun pourtant n'a pas toujours été aussi tranquille qu'elle
nous apparaît aujourd'hui. Sans remonter à ses origines romaines
et sans invoquer les débris de fortifications et de murailles qui
attestent son antiquité belliqueuse, Irun, comme les autres villes
T v% de la frontière, a été bien des fois, prise, reprise et incendiée. Elle a sa page dans
} l'histoire cle toutes les insurrections carlistes. En i83y, par exemple, le général Evans,
qui commandait les troupes de la reine, s'en empara, et l'on n'y massacra pas moins cle
l^ sept cents pauvres diables, attachés à la cause du Prétendant.
L'église d'Irun, Nuestra Senora del Juncal (Notre-Dame des Joncs, lesquels
foisonnent clans la plaine marécageuse) est d'un style étrange, qui n'est ni romain ni gothique,
mais qui ne laisse pas d'avoir son originalité et son charme. C'est l'architecture guipuzcoane tout
à fait indigène et telle que leurs croyances religieuses et leur christianisme fervent ont dû l'inspirer
à ces populations qu'on ne pourrait accuser, sans injustice, cle vouloir imiter l'étranger. Le
vaisseau cle l'église d'Irun a 43 mètres de longueur sur 28 de largeur. On y remarque surtout
deux tombeaux, celui cle l'amiral Don Pedro cle Zubiaur et celui du bachelier Astigar.
Mais Irun est fière à bon droit de ses joueurs cle paume, ou de pelote, très appréciés et très
célèbres clans tout le pays basque. Le jeu cle paume, qui est passé là-bas, depuis des siècles, à
1. Voir l'Art, 9" année, tom'e II, page 249, et tome III, page 12.