Overview
Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

L' art: revue hebdomadaire illustrée — 9.1883 (Teil 3)

DOI Artikel:
Baudot, Anatole de: L' architecture au Salon de 1883
DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.19296#0033

DWork-Logo
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
»

22 L'ART.

voix contre dix, absorbent toute la place comme ils absorbent naturellement aussi d'autre part
toute l'attention du public.

Notre tâche de chroniqueur ne sera donc pas longue, d'autant que nous laisserons de côte
les douze à quinze projets de reconstruction de la Sorbonne (voir génie civil et encyclopédie
d'architecture), exposés Tan dernier, et qui ont été appréciés dans une étude spéciale consacrée
à ce concours. Quant aux marques intéressées de souvenir adressées par les grand prix, nous ne
nous y arrêterons pas davantage si ce n'est pour déplorer une fois de plus cette façon de
procéder et pour constater que de tels envois, qui ne consistent pour la plupart qu'en lavis
grands comme la main, ne présentent qu'un intérêt bien secondaire à côté de ce qu'on trouve
dans la galerie des aquarelles. Il n'y a pas non plus lieu d'entrer dans un examen détaillé des
études exposées par les élèves de l'École et qui prouvent que nul changement ne s'est produit
dans l'ordre d'idées qui anime le milieu travailleur, mais exclusif, de la rue Bonaparte. Ce mode
d'enseignement qui consiste à exercer les élèves à des conceptions académiques en dehors de
toute idée pratique et à habiller des façades à l'aide de tous les ordres connus, peut être consi-
déré comme bon par les professeurs qui se renferment clans une douce irresponsabilité, mais
ces dessins d'élèves ne devraient pas sortir de l'Ecole et, en les laissant pénétrer au Salon, le
jury, qui est toujours composé des mêmes membres, laisse supposer qu'il trouve encore de ce
chef un nouveau moyen de recruter des-voix.

Si l'enseignement de l'architecture était libre, si les ateliers de l'Ecole étaient enfin supprimés
comme le demandent tant de maîtres et d'élèves, peut-être n'y aurait-il pas lieu de rejeter en
principe les projets d'élèves, parce que, grâce à des ateliers indépendants, il se formerait proba-
blement des talents d'une certaine originalité et qu'alors l'État aurait chance de rencontrer des
jeunes gens bien doués et disposés à profiter, dans l'intérêt général, des avantages attachés aux
prix du Salon et aux bourses de voyage. Mais actuellement l'enseignement officiel forme tous les
élèves avec une parfaite uniformité et il n'arrive au Salon que des travaux habiles souvent mais
n'indiquant pas une valeur personnelle suffisante; l'habileté si nécessaire à l'artiste fait n'est pas
ce qu'il faut rechercher avant tout chez le débutant. Si on veut qu'il profite de ce qu'il verra et
qu'il fasse des efforts avec méthode, goût et discernement, il faut exiger d'autres qualités qu'il
appartient à l'éducation de préparer.

Après cet exposé du médiocre intérêt que présente le Salon, on comprendra que nous
bornions cet examen aux travaux faits plus spécialement en vue de l'exposition et, en tout cas,
à ceux dont l'étude peut présenter quelque côté intéressant ou utile.

Le travail le plus important, sinon le meilleur, est celui de M. Bouwens, l'architecte du
Crédit Lyonnais, qui a pris la peine de dessiner avec grand soin les plans, coupes et élévations
des immenses bâtiments dont la vue étonne plus qu'elle ne charme les promeneurs, encaissés
dorénavant sur le boulevard des Italiens; la disposition intérieure de ces vastes locaux ressemble
à celle de tous les établissements analogues, avec tous les avantages et les inconvénients des
constructions de Paris, très habilement conçues au point de vue de la spéculation, mais d'une
habitation pénible sous le rapport de l'espace et de la lumière. Le public n'y est pas trop
maltraité dans les cours et les escaliers vitrés, mais il faut plaindre les employés qui ont à écrire
toute la journée dans une obscurité qui doit rapidement leur abîmer la vue.

Quant à la valeur artistique de l'œuvre, il semble qu'elle repose plus sur l'emploi de beaux
matériaux et sur le choix d'un style riche et ronflant que sur une étude fine et originale. Il est
vraiment fâcheux que les grandes compagnies, qui dépensent tant d'argent pour leurs installations
grandioses, se contentent de jeter de la poudre aux yeux, sans profit pour l'art et au risque de
contribuer à fausser le goût plus encore qu'il ne l'est aujourd'hui.

Parmi les conceptions nouvelles, nous trouvons, dans un ordre d'idées plus simple mais avec
une note plus juste, le Lycée de Quimper, en cours d'exécution, de M. Gout, et Y École alsacienne
construite à Paris par M. Auburtin. Ces deux constructions scolaires ont entre elles bien de
l'analogie en ce sens qu'elles participent d'une même préoccupation qui tend avant tout à satis-
faire aux nécessités de tous genres qui s'imposent, dans ce genre d'établissements : disposition,
 
Annotationen