66 L'ART.
'Paul de Musset, dans sa Notice, nous apprend que le dernier portrait de Picard,
« celui cjue la mort ne lui a pas permis d'achever, est le portrait de Chenavard. Depuis
longtemps, le peintre et son modèle avaient l'habitude de se retrouver, tous les mercredis,
dans un certain café, où ils déjeunaient ensemble. Picard attachait un grand prix à ces
entrevues régulières ; c'était pour lui comme un exercice d'esthétique en même temps
qu'une récréation. Le mercredi 22 janvier 1873, il quitta son modèle en lui disant :
« Venez demain, nous nous remettrons à votre portrait, et nous en ferons un OPePa
« STuPENùJt. » Le lendemain, Chenavard, arrivant à l'heure convenue, apprenait que
Picard était allé déjeuner chez un de ses amis, et qu'il y était mort subitement en
sortant de table. On ne sait pas même le nom de cette mort étrange. Ce n est ni une
congestion, ni une apoplexie, ni une rupture d'anévrisme. On en est réduit a supposer
que ce dut être une paralysie du cœur. Ll sentit un grand malaise, demanda du thé,
s'étendit sur un canapé, croyant s'endormir, et ne se réveilla plus. »
Voici un des billets adressés par Picard a M. Paul Chenavard, pour l'inviter à
déjeuner ; il n'est point daté.
VII
Mon cher fra Paolo
Je crains d'avoir à me défaire de la copie de Titianus avant mon voyage à Marseille.
Il ne faut pas qu'elle ne fasse pas son étape glorieuse chez vous.
Pouvez vous donner ordre qu'on la laisse reprendre samedi même et voulez vous ce
jour là convenir d'être à io 1/2 au café Helder ou nous casserons la croûte d'un déjeuner
léger et à cœur ouvert.
Votre humble
G. Ricard.
'Paul de Musset, dans sa Notice, nous apprend que le dernier portrait de Picard,
« celui cjue la mort ne lui a pas permis d'achever, est le portrait de Chenavard. Depuis
longtemps, le peintre et son modèle avaient l'habitude de se retrouver, tous les mercredis,
dans un certain café, où ils déjeunaient ensemble. Picard attachait un grand prix à ces
entrevues régulières ; c'était pour lui comme un exercice d'esthétique en même temps
qu'une récréation. Le mercredi 22 janvier 1873, il quitta son modèle en lui disant :
« Venez demain, nous nous remettrons à votre portrait, et nous en ferons un OPePa
« STuPENùJt. » Le lendemain, Chenavard, arrivant à l'heure convenue, apprenait que
Picard était allé déjeuner chez un de ses amis, et qu'il y était mort subitement en
sortant de table. On ne sait pas même le nom de cette mort étrange. Ce n est ni une
congestion, ni une apoplexie, ni une rupture d'anévrisme. On en est réduit a supposer
que ce dut être une paralysie du cœur. Ll sentit un grand malaise, demanda du thé,
s'étendit sur un canapé, croyant s'endormir, et ne se réveilla plus. »
Voici un des billets adressés par Picard a M. Paul Chenavard, pour l'inviter à
déjeuner ; il n'est point daté.
VII
Mon cher fra Paolo
Je crains d'avoir à me défaire de la copie de Titianus avant mon voyage à Marseille.
Il ne faut pas qu'elle ne fasse pas son étape glorieuse chez vous.
Pouvez vous donner ordre qu'on la laisse reprendre samedi même et voulez vous ce
jour là convenir d'être à io 1/2 au café Helder ou nous casserons la croûte d'un déjeuner
léger et à cœur ouvert.
Votre humble
G. Ricard.