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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 9.1883 (Teil 3)

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Springer, Anton: L' art byzantin et son influence sur l'occident, [2]
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.19296#0086

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74 • L'ART.

que les plus anciennes mosaïques de Palernie sont d'origine byzantine. Mais, même dans les
localités où la langue grecque était la langue courante et où dominait la civilisation grecque,
l'influence byzantine n'a pas pu se maintenir d'une façon durable. Elle règne, par exemple, en
Sicile tant que la population chrétienne, opprimée par les Arabes, garde une attitude politique
en quelque sorte passive; l'initiative reprend-elle le dessus, la réaction commence, et l'art
occidental reconquiert tous ses droits, toute son indépendance. L'étude de l'art byzantin au

xnc siècle nous fournit à ce sujet des indications précieuses.
Dans les constructions les plus récentes de l'époque normande
les éléments byzantins sont refoulés à l'arrière-plan ; les mosaïques
de l'époque ultérieure, comme, par exemple, celles de Montréal,
témoignent par le dessin des têtes et des vêtements et par de
nombreuses innovations réalisées clans le domaine de la compo-
sition, du réveil de l'esprit national et de velléités d'indépendance
fort remarquables. Quant à la sculpture sur pierre, elle se déve-
loppe, à l'abri de toute influence byzantine, conformément aux
errements du continent italien, c'est-à-dire en traversant les
différentes phases de la plastique romaine. Il suffit, pour s'en
convaincre, de constater l'identité complète des incrustations en
marbre blanc qui, dans les églises de Rome, aussi bien que dans
celles de Palerme, ornent le sol ou les murailles ; il en est de
même des ornements en mosaïque incrustés clans un si grand
nombre de colonnes torses. Citons aussi les analogies de style
entre les chapiteaux de la Sicile et ceux du continent.

Parmi les œuvres d'art isolées qui se rapprochent de l'art
romain contemporain, on peut citer notamment les candélabres
de marbre de l'église Palatine de Palerme et ceux de Saint-Paul
de Rome, ainsi que la cour du couvent de Montréal -avec ses
chapiteaux historiés. D'ailleurs la désignation d'un Romanus
marmorarius sur un de ces chapiteaux semble confirmer notre
manière de voir, qui se trouve aussi corroborée par la fréquence
des relations artistiques entre Pise et la Sicile au xine siècle. Un
fait qui jette une vive lumière sur le développement de l'art
panormitain, ce sont les profils des plus anciens sarcophages de
L'évangéliste saint Marc. porphyre du dôme; ils sont incontestablement imités de l'antique,
Nl!"' ' >''"']'" tandis que, clans les sarcophages plus récents, les profils ont

(Couvent du Mont Sinaï.) n ,

perdu toute précision et rappellent à peine les modèles de l'an-
tiquité. L'unique sarcophage en marbre de la nef transversale du dôme de Montréal est égale-
ment une imitation, voire une reproduction — peu réussie, il est vrai, et mal comprise — d'une
œuvre antique. Ainsi, même dans les pays qui entretiennent un commerce constant avec l'Orient
et lui doivent une grande partie de leur civilisation, l'influence byzantine se croise- avec l'influence
occidentale, romaine ; mais elle disparaît dès que le moindre courant d'indépendance s'y manifeste,
dès que les aspirations artistiques s'affirment et gagnent en intensité !

(La suite prochainement.)

Antoine Springer,

Professeur à l'Université de Leipzig.
 
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