Frise tirée des « Tapisseries du Roi » ?
représentant les quatre Eléments et les quatre Saisons. MDCCXX.
AU MUSÉE DE MUNICH
l y a des musées qu'un seul maître suffirait à rendre célèbres,
tant il semble y dominer tous les autres, tant son génie y appa-
raît dans tout son éclat. Malgré l'ensemble imposant des trésors
artistiques que possède le musée de Munich, Rubens en est vrai-
ment le roi ; c'est de lui qu'on emporte le souvenir le plus vivace
et l'admiration la plus haute. Certes, dans bien d'autres collec-
tions, à Madrid, à Vienne, à Anvers, au Louvre, Rubens est
dignement représenté. Mais nous osons dire que nulle part aussi
bien qu'à la Pinacothèque on ne saurait apprécier sa fécondité
prodigieuse, la souplesse et la puissance de son génie. Parmi les
quatre-vingt-quinze tableaux de lui qu'on y compte, pas un n'est
insignifiant et beaucoup sont des chefs-d'œuvre, presque tous de la
plus exquise conservation. Quand on pénètre dans le grand salon qui contient les plus grands
de ces tableaux, on éprouve comme un éblouissement et, avant même de pouvoir examiner
séparément chacun d'eux, leur réunion est déjà une fête pour le regard. Ceux de moindres
dimensions qui sont disposés dans les cabinets voisins ajoutent encore à l'étonnement et à l'admi-
ration.
Non seulement toutes les acceptions du talent de Rubens sont rassemblées à la Pinacothèque,
mais il en est même qu'on ne trouve que là, et, sous peine d'être injuste, il nous paraît impos-
sible de le juger si on ne l'a étudié à Munich. A ceux qui croient le mieux connaître et qui
l'admirent le plus, il réserve bien des surprises et des motifs de l'admirer plus encore. A côté
des sujets religieux, les compositions inspirées par la mythologie ou par l'histoire, les portraits,
les paysages, les tableaux de chevalet, les esquisses même vous apportent sur le maître, sur sa
façon de travailler, sur ses procédés, sur ses goûts, sur son intérieur même et le cercle
intime de ses affections les renseignements les plus précieux et les plus sûrs. La variété
de ses œuvres repose de leur nombre et vous invite à prolonger un examen qui, quelles
que soient vos dispositions initiales, vous laisse à la fin émerveillé par tant de dons, par des
expressions si diverses et si hautes d'une des activités les plus puissantes qu'ait connues l'hu-
manité.
En pénétrant dans cet amas de richesses, nous voudrions chercher surtout quels aspects
caractéristiques s'y révèlent à nous et insister sur certains traits qui s'accusent ici avec plus de
netteté, grâce à des analogies ou des contrastes qu'une heureuse fortune a réunis sous nos yeux
représentant les quatre Eléments et les quatre Saisons. MDCCXX.
AU MUSÉE DE MUNICH
l y a des musées qu'un seul maître suffirait à rendre célèbres,
tant il semble y dominer tous les autres, tant son génie y appa-
raît dans tout son éclat. Malgré l'ensemble imposant des trésors
artistiques que possède le musée de Munich, Rubens en est vrai-
ment le roi ; c'est de lui qu'on emporte le souvenir le plus vivace
et l'admiration la plus haute. Certes, dans bien d'autres collec-
tions, à Madrid, à Vienne, à Anvers, au Louvre, Rubens est
dignement représenté. Mais nous osons dire que nulle part aussi
bien qu'à la Pinacothèque on ne saurait apprécier sa fécondité
prodigieuse, la souplesse et la puissance de son génie. Parmi les
quatre-vingt-quinze tableaux de lui qu'on y compte, pas un n'est
insignifiant et beaucoup sont des chefs-d'œuvre, presque tous de la
plus exquise conservation. Quand on pénètre dans le grand salon qui contient les plus grands
de ces tableaux, on éprouve comme un éblouissement et, avant même de pouvoir examiner
séparément chacun d'eux, leur réunion est déjà une fête pour le regard. Ceux de moindres
dimensions qui sont disposés dans les cabinets voisins ajoutent encore à l'étonnement et à l'admi-
ration.
Non seulement toutes les acceptions du talent de Rubens sont rassemblées à la Pinacothèque,
mais il en est même qu'on ne trouve que là, et, sous peine d'être injuste, il nous paraît impos-
sible de le juger si on ne l'a étudié à Munich. A ceux qui croient le mieux connaître et qui
l'admirent le plus, il réserve bien des surprises et des motifs de l'admirer plus encore. A côté
des sujets religieux, les compositions inspirées par la mythologie ou par l'histoire, les portraits,
les paysages, les tableaux de chevalet, les esquisses même vous apportent sur le maître, sur sa
façon de travailler, sur ses procédés, sur ses goûts, sur son intérieur même et le cercle
intime de ses affections les renseignements les plus précieux et les plus sûrs. La variété
de ses œuvres repose de leur nombre et vous invite à prolonger un examen qui, quelles
que soient vos dispositions initiales, vous laisse à la fin émerveillé par tant de dons, par des
expressions si diverses et si hautes d'une des activités les plus puissantes qu'ait connues l'hu-
manité.
En pénétrant dans cet amas de richesses, nous voudrions chercher surtout quels aspects
caractéristiques s'y révèlent à nous et insister sur certains traits qui s'accusent ici avec plus de
netteté, grâce à des analogies ou des contrastes qu'une heureuse fortune a réunis sous nos yeux