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Dargenty, G.: Le salon national
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4o L'ART.
de part est celui qu'il préfère ; chez lui, la lame n'usera jamais le fourreau. Et voilà pourquoi
l'Exposition triennale ou nationale, comme vous voudrez, offre le lamentable spectacle de la plus
navrante décadence ; voilà pourquoi l'ennui vous prend aux cheveux, féroce, intolérable, devant
ces œuvres sans valeur qui ne se sont sauvées une première fois que par l'attrait de la nouveauté,
mais s'émiettent et s'évaporent sous l'épreuve d'un deuxième examen.
Voici trop longtemps que nous professons pour les aimables flâneurs qui usurpent la
qualification d'artistes des indulgences excessives, trop longtemps que nous les comblons de
caresses outrées, d'encouragements inutiles et de cajoleries inefficaces. La critique n'a plus que
deux partis à prendre ; ce Salon le prouve : ou se montrer féroce pour ces enfants terribles
qui ne tiennent compté d'aucun avis, et c'est ce qu'elle doit faire s'il lui reste un soupçon de
confiance en l'avenir et l'espoir de provoquer une réaction; ou se répandre en tendresses
compatissantes, en caresses, en mignotises comme on fait envers les avortons noués et rachitiques
dont on ne peut redresser l'échiné avec des conseils, et que par charité l'on mijote d'autant plus
qu'ils sont plus laids et plus difformes. Nous ne nous résoudrons jamais, pour notre part, à
jeter le manche après la cognée. C'est dire que notre main ne lâchera l'étrivière que le jour
où les marchands auront déserté le temple.
G. Dargenty.
NOTRE BIBLIOTHEQUE
CCCXXIX
Noies et Souvenirs sur Charles Meryon. Meryon artiste. ■—
Meryon poète. — Son tombeau, par Aglaus Bouvenne, avec
dix-neuf dessins et six gravures hors texte. Un volume in-40
raisin de 53 pages. 1883. Paris, Gharavay frères, éditeurs, 4,
rue de Furstenberg.
M. Aglaus Bouvenne, à qui l'on doit deux plaquettes inté-
ressantes consacrées à l'œuvre lithographie et gravé de Boning-
ton et de M. de Lemud1, célèbre cette fois la mémoire de
Meryon en un somptueux in-quarto tiré à trois cent trente-
cinq exemplaires. Ses éditeurs, MM. Charavay frères, sont
grandement à féliciter pour avoir si libéralement fait les choses.
Bracqucmond — Bracquemond, c'est tout dire — a spéciale-
ment dessiné la tête de page et la lettre ornée par lesquelles
débute la publication nouvelle de M. Bouvenne, qui est en
outre enrichie d'une reproduction du portrait de Charles
Meryon d'après Bracquemond et de la plaque que l'éminent
aquafortiste grava pour le tombeau de son infortuné ami. A
mentionner encore quatre portraits de Meryon, croqués de
1864 à r 868 par le docteur Gachet, des croquis de bateaux
extraits de l'album de voyage de Meryon, un autographe de ce
dernier, un dessin de lampe qui n'ajoutera absolument rien à
sa renommée, et une eau-forte un peu dure de M. Bouvenne,
d'après le tombeau de Meryon, à Charenton-Saint-Maurice.
Quant aux Notes et Souvenirs, à parler franc, ils n'appren-
nent rien de bien nouveau, et leur principal intérêt est d'être
documentaires, sans en excepter les poésies de Meryon; — il
faut une énorme dose de bonne volonté, disons de courage,
pour s'aviser de les relire si l'on a eu la patience de les lire
jusqu'au bout, ces vers qui sont à coup sûr l'œuvre d'un
cerveau détraqué, mais qui n'ont jamais été l'œuvre d'un
poète.
1. Voir le Courrier de l'Art, 2e année, page 177.
Meryon se survit fort heureusement par ses eaux-fortes;
elles méritent d'absorber à elles seules non seulement nos très
légitimes éloges, mais encore notre attention ; ne l'égarons ni sur
des bizarreries, ni sur des divagations trop évidemment nées
de l'aliénation mentale. C'est se montrer respectueux du grand
talent dont il convient uniquement de se souvenir.
Nous terminerons à regret par une juste querelle à l'adresse
Charles Meryon
d'après l'eau-forte originale de Bracquemond.
de l'imprimeur, M. A. H. Bécus ; c'est surtout dans une courte
publication de luxe telle que celle-ci que la correction typogra-
phique devrait être irréprochable; on ne devrait pas y lire, à la
page 14 : desssins, pour dessins; à la page 18 : propiété, pour
propriété ; à la page 25 : comte d'Aremberg, pour duc d'Aren-
berg; à la page 28 : Zeemann, pour Zeeman; à la page 35 : et,
pour été, etc.
Paul Leroi.
Le Directeur-Gérant .-EUGÈNE VÉRON.
de part est celui qu'il préfère ; chez lui, la lame n'usera jamais le fourreau. Et voilà pourquoi
l'Exposition triennale ou nationale, comme vous voudrez, offre le lamentable spectacle de la plus
navrante décadence ; voilà pourquoi l'ennui vous prend aux cheveux, féroce, intolérable, devant
ces œuvres sans valeur qui ne se sont sauvées une première fois que par l'attrait de la nouveauté,
mais s'émiettent et s'évaporent sous l'épreuve d'un deuxième examen.
Voici trop longtemps que nous professons pour les aimables flâneurs qui usurpent la
qualification d'artistes des indulgences excessives, trop longtemps que nous les comblons de
caresses outrées, d'encouragements inutiles et de cajoleries inefficaces. La critique n'a plus que
deux partis à prendre ; ce Salon le prouve : ou se montrer féroce pour ces enfants terribles
qui ne tiennent compté d'aucun avis, et c'est ce qu'elle doit faire s'il lui reste un soupçon de
confiance en l'avenir et l'espoir de provoquer une réaction; ou se répandre en tendresses
compatissantes, en caresses, en mignotises comme on fait envers les avortons noués et rachitiques
dont on ne peut redresser l'échiné avec des conseils, et que par charité l'on mijote d'autant plus
qu'ils sont plus laids et plus difformes. Nous ne nous résoudrons jamais, pour notre part, à
jeter le manche après la cognée. C'est dire que notre main ne lâchera l'étrivière que le jour
où les marchands auront déserté le temple.
G. Dargenty.
NOTRE BIBLIOTHEQUE
CCCXXIX
Noies et Souvenirs sur Charles Meryon. Meryon artiste. ■—
Meryon poète. — Son tombeau, par Aglaus Bouvenne, avec
dix-neuf dessins et six gravures hors texte. Un volume in-40
raisin de 53 pages. 1883. Paris, Gharavay frères, éditeurs, 4,
rue de Furstenberg.
M. Aglaus Bouvenne, à qui l'on doit deux plaquettes inté-
ressantes consacrées à l'œuvre lithographie et gravé de Boning-
ton et de M. de Lemud1, célèbre cette fois la mémoire de
Meryon en un somptueux in-quarto tiré à trois cent trente-
cinq exemplaires. Ses éditeurs, MM. Charavay frères, sont
grandement à féliciter pour avoir si libéralement fait les choses.
Bracqucmond — Bracquemond, c'est tout dire — a spéciale-
ment dessiné la tête de page et la lettre ornée par lesquelles
débute la publication nouvelle de M. Bouvenne, qui est en
outre enrichie d'une reproduction du portrait de Charles
Meryon d'après Bracquemond et de la plaque que l'éminent
aquafortiste grava pour le tombeau de son infortuné ami. A
mentionner encore quatre portraits de Meryon, croqués de
1864 à r 868 par le docteur Gachet, des croquis de bateaux
extraits de l'album de voyage de Meryon, un autographe de ce
dernier, un dessin de lampe qui n'ajoutera absolument rien à
sa renommée, et une eau-forte un peu dure de M. Bouvenne,
d'après le tombeau de Meryon, à Charenton-Saint-Maurice.
Quant aux Notes et Souvenirs, à parler franc, ils n'appren-
nent rien de bien nouveau, et leur principal intérêt est d'être
documentaires, sans en excepter les poésies de Meryon; — il
faut une énorme dose de bonne volonté, disons de courage,
pour s'aviser de les relire si l'on a eu la patience de les lire
jusqu'au bout, ces vers qui sont à coup sûr l'œuvre d'un
cerveau détraqué, mais qui n'ont jamais été l'œuvre d'un
poète.
1. Voir le Courrier de l'Art, 2e année, page 177.
Meryon se survit fort heureusement par ses eaux-fortes;
elles méritent d'absorber à elles seules non seulement nos très
légitimes éloges, mais encore notre attention ; ne l'égarons ni sur
des bizarreries, ni sur des divagations trop évidemment nées
de l'aliénation mentale. C'est se montrer respectueux du grand
talent dont il convient uniquement de se souvenir.
Nous terminerons à regret par une juste querelle à l'adresse
Charles Meryon
d'après l'eau-forte originale de Bracquemond.
de l'imprimeur, M. A. H. Bécus ; c'est surtout dans une courte
publication de luxe telle que celle-ci que la correction typogra-
phique devrait être irréprochable; on ne devrait pas y lire, à la
page 14 : desssins, pour dessins; à la page 18 : propiété, pour
propriété ; à la page 25 : comte d'Aremberg, pour duc d'Aren-
berg; à la page 28 : Zeemann, pour Zeeman; à la page 35 : et,
pour été, etc.
Paul Leroi.
Le Directeur-Gérant .-EUGÈNE VÉRON.