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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 9.1883 (Teil 4)

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Cartouche du xyiii" siècle.

CCCXXXII

Adolphe Jullien. La Comédie à la Cour, les Théâtres de
Société Royale pendant le siècle dernier. La Duchesse du
Maine et les Grandes Nuits de Sceaux ; Madame de Pompa-
dour et le Théâtre des Petits-Cabinets; le Théâtre de Marie-
Antoinette à Trianon. Un volume in-4" de 323 pages, très
brillamment illustré. Paris, librairie de Firmin-Didot et Cio,
56, rue Jacob. 1883 '.

II

M. Adolphe Jullien fait exception ; c'est un des très rares
critiques vraiment dignes de ce nom; il n'a rien de commun
avec cette engeance qui réussit trop souvent à donner le
change sur ses mérites négatifs en payant constamment d'au-
dace ; il ne parle point sur toutes choses, à tort et à travers,
peu importe, pourvu que ce soit d'un style creux, fleuri, pom-
madé, sonore, pompeux et prudhommesque ; il parle exclusi-
vement de ce qu'il sait, et il le sait excellemment; son savoir est
aussi sérieux, aussi sûr qu'était absolument nul celui de feu
Charles Blanc, cet immortel mort d'hier et si complètement
oublié, tant il est enterré dans sa viduité sans bornes. Jamais
homme ne fut plus « tout en façade ». Si vous grattiez à la
surface, si vous vous attachiez à voir clair dans le cliquetis de
mots alignés par ce rhéteur accompli, si vous restiez insen-
sible au faux éclat de son style prétentieux, vous ne tardiez
pas à vous apercevoir que tout ce chrysocale ne recouvre que
le néant; vous vous sentiez en réalité en face d'une incom-
mensurable ignorance dont VArt a eu l'occasion de mettre en
lumière des échantillons assez réussis3. Nombre de fruits secs
se sont aisément assimilé la manière de ce déplorable chef de
file et nous avons vu surgir cette légion de critiques à l'eau
sucrée incapables de formuler un jugement de quelque valeur
et réduits au bavardage à jet continu et au rôle asservissant
mais commode de bénisseurs. D'où l'abaissement constant de
la critique, et les exigences vaniteuses sans cesse plus déme-
surées de ceux qu'elle aurait dû juger le plus sévèrement.

Pour tout ce monde l'art est un moyen et non un culte.
Qu'il s'agisse d'architecture, de sculpture, de peinture, de mu-
sique, c'est tout un. Marchands qui ont envahi le temple s'y
prélassent et l'exploitent.

M. Adolphe Jullien n'a jamais été et ne sera jamais de
ceux-là.

Il appartient à une élite qui commande le respect; on ne
la consulte jamais sans profit parce qu'aux études les plus
approfondies, à la plus vaste érudition, elle joint une absolue
indépendance, vertu primordiale, faute de laquelle, fût-on un
puits de science, on ne jouit d'aucune autorité durable.

Ce n'est pas tout d'être très instruit, il faut ne pas être
pédant; M. Jullien ne l'est en aucune façon; aussi instruit-il
à son tour en charmant. Nul enfin n'est moins mouton de
Panurge et ne s'incline moins aisément devant les arrêts de la
mode ou plutôt devant ses injustices. Que la postérité les ait
ratifiées, il n'en a souci, et n'hésite pas à s'inscrire en faux et à
démontrer très irréfutablement qu'il est dans le vrai. Victrix
causa Diis placuit, sed victa Catoni, semble être sa devise.
Prenez le volume édité par la Librairie Académique, de
Didier:l ; vous en aurez immédiatement la preuve. Ne
débute-t-il pas ainsi : « L'admiration exclusive est mauvaise
conseillère aussi bien de l'histoire que de la critique, et leur
fait commettre d'injustes oublis. On aurait peine à compter
tous les livres, brochures et articles qui ont été écrits sur l'his-
toire de la musique au siècle dernier, et, tandis que l'atten-
tion de la critique était absorbée par la lutte héroïque de
Gluck et de Piccinni, personne ne s'occupait de faire connaître
et admirer l'auteur à'Œdipe à Colone non plus que celui des
Danaïdes. C'est le sort réservé d'habitude aux satellites de se
perdre dans le rayonnement de l'astre dont ils suivent les sil-
lons lumineux ; mais Sacchini et Salieri sont mieux que des
satellites ordinaires, et il a fallu l'éblouissement qui persista
après la disparition de Gluck, pour les rejeter dans une demi-
obscurité. Le silence qui s'est fait autour d'eux est d'autant
moins explicable que, même après le départ de Gluck, la
guerre musicale n'est pas terminée et qu'elle se continue
plus ardente que jamais, sinon du consentement de Sacchini
et de Salieri, du moins avec leurs œuvres et leurs noms. Mais

1. Voir l'Art, gc année, tome IV, page 70.

2. Voir l'Art, 7e année, tome II, page 134.

3. La Cour et l'Opéra sous Louis XVI. Marie-Antoinette et Sacchini, Salieri, Favart et Gluck, par Adolphe Jullien, d'après des documents inédits conservés
aux Archives de l'Etat et a l'Opéra. In—18 de 369 pages. Paris, Librairie Académique, Didier et Cie, libraires-éditeurs, 35, quai des Augustins, 1878.

Tome XXXV. ,5
 
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