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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 9.1883 (Teil 4)

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Véron, Eugène: Une sanguine d'Antoine Watteau
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https://doi.org/10.11588/diglit.19462#0100

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8o

L'ART.

châtelaine de Sceaux. Cette reliure appartient à un curieux
Almanach de l'année i~2i, « manuscrit peint, calligraphié sur
vélin », qui provient de la richissime bibliothèque de M. A. Fir-
min-Didot dispersée aux enchères en juin 18S1. Vendue sous
le n° 74, cette « précieuse épave de Sceaux » fut adjugée au prix
de 1,800 francs à M. le marquis de Trévise. « C'est un volume
in-40, relié en maroquin vert, avec riche dentelle, empreinte
dorée et les abeilles de la duchesse du Maine aux quatre
angles, doublé de maroquin citron (la couleur de la duchesse),
avec riche dentelle argentée. L'emblème de la Ruche, emprunte
à l'Ordre de Mouche à miel, est frappé en or sur les plats de la
reliure. Le titre intérieur de ce manuscrit, encadré à pans coupés,
colorié et doré toujours avec force abeilles, offre encore
un très joli dessin de l'inévitable Ruche1. »

Les portraits de la duchesse du Maine, d'après Crespy,
de Nicolas de Malezieu, d'après P. Thompson, de
jyjuo Prévost, en costume de bacchante, d'après l'original
de Raoux qui est au Musée de Tours, de la marquise du
Châtelet, d'après Nattier, et de Mmc de Staal, d'après
Mignard, complètent la très intéressante série des illustrations
de cette première partie, la plus importante du volume, —
137 pages.

Mmc de Pompadour est un peu moins richement partagée.
Nous n'avons d'autres portraits que ceux de la marquise et
des ducs de la Vallière et de Nivernois, d'après Boucher,
Cochin et Vigié. Ajoutez-y un plan du Château de Versailles,
d'après Blondel ; Madame de Pompadour et le duc de Niver-
nois dans « l'Oracle », d'après un dessin de Cochin ; le Château
de Bellevue, d'après J. Rigaud ; l'eau-forte de ce pauvre Martial
qu'une attaque d'apoplexie vient d'enlever : le Ballet (l'Opé-
rateur chinois), d'après un tableau de Boucher, et surtout
la Représentation d' « Acis et Galatée » sur le théâtre des
Petits-Cabinets, d'après la gouache peinte par Cochin en 1741)
et qui appartient au Curieux le plus fin connaisseur que nous
sachions, le comte Jacques de la Béraudière, après avoir été
la propriété du marquis de Ménars. Il est fâcheux que l'on
se soit adressé pour interpréter cette œuvre exquise à l'hélio-
gravure qui ne pouvait que l'alourdir ; ce procédé, qui réussit
avec le dessin, avec l'aquarelle et même pour certains
tableaux, échouera toujours si vous le mettez aux prises avec
la gouache. M. de la Béraudière nous a fort gracieusement
autorisés à faire graver à l'eau-forte son délicieux Cochin
dont M. Adolphe Lalauze a saisi tout l'esprit, de sa pointe
la plus fine. « Ce délicieux petit tableau, nous dit M. Adolphe

Jullien-, est assez ingénieusement combiné pour laisser voir
à la fois une moitié de la scène et les deux tiers de l'assemblée.
La salle était décorée de panneaux séparés par de doubles
pilastres ; ces panneaux étaient tendus de soie bleu turquoise
à ramages ornés de broderies d'or représentant des jeux
d'enfants ; les pilastres étaient peints en marbre blanc avec
chapiteaux dorés.

« L'entre-deux des pilastres était aussi de soie bleue avec
ornements d'or. Les balustres d'en haut étaient dorés. Au-
dessous du balcon royal, la salle est peinte, blanc et rouge, en
marbre du Languedoc.

« Après la salle, examinons les personnages qui regardent
et ceux qui jouent. Le Roi, placé juste au milieu du balcon,
porte un habit gris de lin; il tient le poème ouvert sur ses
genoux; à sa droite est la Reine, toute vêtue et coiffée de noir ;
Mesdames sont à la gauche du Roi. A l'orchestre, on voit le
prince de Dombes, avec son habit rouge et sa plaque du Saint-
Esprit; il joue du basson. C'est Rebel qui bat la mesure, Lulli
n'étant plus là pour goûter cette satisfaction d'amour-propre
accordée aux auteurs. Mmc de Pompadour, Galatée, aune robe
blanche ornée de roseaux verts, et le vicomte de Rohan, dans
Acis, est tout de rouge habillé : Polyphêmc va pour les écraser. »

Consacrées à Marie-Antoinette, les soixante-quatre der-
nières pages sont accompagnées des portraits de la reine,
d'après le miniaturiste P. Violet; de la duchesse de Polignac,
d'après Mme Vigée - Lebrun, et du comte d'Artois, d'après
Frédou; de la gravure sur bois d'un tableau conserve au Petit-
Trianon et représentant un Ballet dansé par Marie-Antoinette
à Schœnbrunn, et d'une héliogravure bien supérieure à ce bois,
car elle ne se contente pas d'être d'une fidélité scrupuleuse,
elle s'assimile sans l'altérer tout l'esprit de l'excellent dessin
de M. l'architecte Paul Bénard, exécuté en 1882 dans la Salle
de spectacle oii jouait Marie-Antoinette, à Trianon.

Avant ce dessin, demandé à l'artiste par M. Adolphe Jullien,
« il n'existait pas de reproduction de cette salle si gracieuse
en ses petites proportions, que personne ne connaît, que nul
promeneur ne va jamais visiter dans ce coin reculé des jardins
de Trianon ».

C'est l'éternelle histoire, c'est la nôtre à tous. On court à
l'étranger à la recherche du moindre trésor d'art, on connaît à
peine les merveilles artistiques non seulement du pays où l'on
est né, mais de la ville que l'on habite.

Paul Lekoi.

(La suite proch.ii>ie:nent.)

UNE SANGUINE D'ANTOINE WATT E AU

C'est de la précieuse collection de feu M. Mahérault;! que proviennent l'étude de femme vue de dos, accroupie au pied d'un
arbre à peine indiqué, et les deux études de chien réunies toutes trois sur la même feuille. Ces sanguines, si magistralement
dessinées par Watteau, font partie de la collection de M. Bottollier-Lasquin.

1. Noie de la page 23 de ta Comédie à ta'Cour.

2. Page 2o3.

3. N° i3.(. du Catalogue

Le Directeur-Gérant : EUGÈNE VÉRON.
 
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