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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 9.1883 (Teil 4)

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Hustin, A.: Ulysse Butin
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https://doi.org/10.11588/diglit.19462#0280

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Le Sommeil. — Fusain d'Ulysse Butin.

ULYSSE BUTIN'

« Peindre les hommes dans la sincérité de leur nature et de leurs habitudes, dans leurs
travaux, dans l'accomplissement de leurs fonctions civiques et domestiques, avec leur physionomie
actuelle, surtout sans pose; les surprendre, pour ainsi dire, clans le déshabillé de leur conscience,
non simplement pour le plaisir de railler, mais comme but d'éducation générale et à titre
d'avertissement esthétique; tel me paraît être, à moi, le vrai point de départ de l'art moderne. »
Ainsi disait Proudhon dans son traité sur le Principe de l'art et sa destination sociale, que la
mort ne lui a pas permis d'achever.

En fait, l'expérience lui a donné raison. L'art conventionnel, académique, s'en va. Témoin
l'exposition des œuvres de Sellier, qui va fermer ses portes. Et il semble qu'après les excès
d'une réaction réaliste, il faille dès à présent saluer le triomphe d'une école aux tendances
nouvelles, ne cherchant à s'inspirer que de la nature et de ses aspects divers, ne consentant à
rendre que ce qui l'émeut ou la touche réellement, demandant avant tout à chacun la libre
affirmation de sa personnalité.

Ses fervents sont nombreux et de l'indépendance qu'elle leur accorde naît précisément une
variété qui fera sa force et sa richesse. Les uns s'attachent à nous représenter les scènes de la
vie du boulevard. D'autres affectionnent la Parisienne hors Paris, promenant sur les bords de la
Seine ou sur quelque plage lointaine son élégance et ses toilettes tapageuses. Ceux-ci s'éprennent
d'une belle passion pour nos paysannes de l'Artois et nous les montrent, après les avoir poétisées,
aux durs travaux des champs. Ceux-là, enfin, nous mènent sur le littoral et aiment à nous
raconter, le pinceau à la main, l'odyssée des gens de mer.

De ce nombre fut Ulysse Butin, que la mort, toujours complaisante pour les contrastes
amers, s'est hâtée d'enlever à l'art au moment où le succès était venu, après avoir tant tardé!

La vie de Butin a été, en effet, sauf dans ces toutes dernières années, un mélange de
privations, de déboires et de désillusions. Né le i5 mai 1838, à Saint-Quentin, de parents sans
fortune, il entre à treize ans chez le receveur de l'enregistrement. Le papier timbré lui sourit
peu. La routine administrative cadre mal avec ses goûts. 11 obtient de suivre le cours de dessin
de M. Lemasle, qui dirigeait alors l'école fondée par le pastelliste Latour. Et il y apporte tant
d'empressement, il s'y révèle si heureusement doué, qu'on finit par le retirer de la poudre des
in-folios pour le placer chez un des gros négociants en tissus de la ville, M. Léopold Férouelle.
Grand ami des arts, homme des plus serviables, M. Férouelle, qui avait son siège fait sur les
tendances et les heureuses dispositions de son nouveau commis, doit, en effet, lui laisser toutes

i. Voir l'Art, 4" année, tome II, page 49, et 6" année, tome III, page 55.
 
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