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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 9.1883 (Teil 4)

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Yriarte, Charles: Matteo Civitali, [1]: sculpteur lucquois (1436 - 1501)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19462#0118

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95 L'ART.

a le caractère archaïque des pierres tombales ; les deux génies, par l'attitude, le type et le port de
la tète, rappellent ceux du Desiderio à Santa Croce; le pli est toujours étudié, mais un peu plus
cassé que ceux des grandes statues des saints. L'œuvre intéressante de cette partie supérieure,
c'est la grande Madone qui couronne la composition. Il y a dans la vie de Matteo un modèle
qui a dû jouer un grand rôle, c'est celui qu'il a pris pour type dans la Madonà délie Tosse et
qui, interprété d'une façon différente, revient ici avec ses cheveux à la Vierge, légèrement
ondulés, ce bonnet ajusté, sorte de coiffe bordée d'un léger feston qui, dans les deux œuvres,
s'accuse sous le voile retombant sur les épaules. Ce type d'ailleurs n'est pas séduisant, il faut
le reconnaître, mais il a de la grandeur. Et là encore, malgré sa tournure véritablement
sculpturale on sent, le modèle vivant sous la Vierge, et ce n'est que par la dignité du geste
que s'accuse le caractère divin.

Quant à la composition du monument lui-même, nous n'avons pas d'objection contre le parti
pris en hauteur qui a suscité des critiques. Ce monument en somme a été fait pour la place
qu'il occupe et le parti pris est conforme aux nécessités du programme. Mais si la deuxième
division avec son parti simple des trois niches séparées par les pilastres, sa base noble et son
ornementation sobre et délicate, constitue un ensemble irréprochable, toute la partie supérieure
est trop chargée et l'ornementation est trop touffue. On voudrait effacer, autour des panneaux
de marbre correspondant aux niches de la partie inférieure, ces enroulements qui nuisent à l'effet
général dans la frise de l'entablement, ces palmettes et ces feuilles renversées qui, accrochant la
lumière et la retenant, appellent l'œil hors du point central où il devrait se fixer avant de passer
à ces détails. Cependant, je l'ai dit déjà, les trous des ombres sont excellents, bien équilibrés,
et il y a bien de l'ingéniosité, bien de la raison et du bon sens dans la disposition particulière
adoptée par l'artiste qui a su couper son entablement au point central, et le faire profiler, afin
de creuser la niche où s'abrite la Madone. Sa figure centrale peut pyramider, et clore le discours
en se détachant, point lumineux et point central, sur l'ombre portée par les grandes saillies
de son entablement qui l'encadrent.

M. Ridolfi a cité un traité passé entre Nicolo da Noceto et un certain Michèle Ciampanti,
peintre, citoyen de Lucques, traité enregistré par Jan Michèle Ronceglia et conservé à YArchivio
Notarile de Lucques (icr octobre 1485, par conséquent, une année plus tard que la date inscrite
sur le monument même), qui stipule que, moyennant dix ducats d'or, Ciampanti peindra la voûte
de la chapelle de saint Regulus et, en même temps, les marbres de l'autel dudit saint « suivant les
règles de l'art » depuis la base jusqu'au faîte, selon le modèle « ordinato et fatto da Maestro
Civitali ». On voit donc que le monument était rehaussé de dorures, ce qui devait singu-
lièrement en augmenter l'effet. Ce procédé de dorure est d'ailleurs familier au Civitali ; il l'a
employé dans le plus grand nombre de ses œuvres.

Il résulte aussi des contrats originaux produits par le même écrivain et rejetés en appendice
dans le volume l'Arte a Lucca, que le travail, dans son ensemble, fut payé la somme de quatre
cents ducats d'or, partie en argent, partie en terrains plantés d'oliviers sur le territoire de
Camajore. Ces contrats sont aussi datés 1485. Un premier contrat portait la somme à quatre
cent cinquante ducats, mais il stipulait un travail plus important; on réduisit la somme à payer
à Matteo en réduisant l'importance du projet primitif.

Charles Yriarte.

(La suite prochainement.)
 
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