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Genevay, Antoine: Charles Le Brun et son influence sur l'art décoratif, [1]
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.19462#0093
CHARLES LE BRUN ET SON INFLUENCE SUR L'ART DÉCORATIF. 73
Louis XIV entendait que sa famille et sa cour' se tinssent à ses ordres. « La liste des Marly, dit
Saint-Simon, était faite par le Roi. Chaque voyage, la veille, il la montrait après le souper clans
son cabinet aux princesses qui par rang entre elles choisissaient les dames qu'elles voulaient
mener, et les envoyaient avertir à la sortie du cabinet, sur le minuit. » Maladif, retenu par de
graves affaires, nul n'eût osé refuser un tel honneur. Le lendemain, princesses, grandes dames,
courtisans, à l'heure donnée, un sourire de reconnaissance sur les lèvres, se trouvaient autour de
Sa Majesté pour aller faire un très court séjour dans un de ces douze pavillons dont nous venons
de parler. Ils y prenaient leurs repas lorsqu'ils n'étaient pas admis aux tables du roi, c'était
l'occasion d'une forte dépense pour le service des offices. L'étiquette était tout aussi scrupuleu-
sement observée qu'à Versailles. Tous les invités se tenaient aux ordres du roi, qui les menait
voir les beautés de ses jardins, ses eaux, ses carpes. On jouait et le roi se plaisait à montrer son
adresse au billard, devenu un de ses plaisirs favoris, comme on le sait par l'aventure de l'honnête
et incapable Chamillard qui gagna un portefeuille de secrétaire d'Etat par un brillant carambo-
lage. Ce coup fortuné n'eut pas lieu, il est vrai, à Marly mais à Versailles. Et, qu'on nous
permette de le dire en passant, nous trouvons la presse monarchique bien mal avisée, très
irrespectueuse pour la mémoire du grand roi, de reprocher au Président de la République son
goût pour une distraction fort innocente, quand elle ne fait pas de ministres ou de moindres
fonctionnaires du gouvernement.
A. Genevay.
(La suite prochainement.)
CuL-DE-LAMPE
composé par Babel et gravé par Charpentier.
Louis XIV entendait que sa famille et sa cour' se tinssent à ses ordres. « La liste des Marly, dit
Saint-Simon, était faite par le Roi. Chaque voyage, la veille, il la montrait après le souper clans
son cabinet aux princesses qui par rang entre elles choisissaient les dames qu'elles voulaient
mener, et les envoyaient avertir à la sortie du cabinet, sur le minuit. » Maladif, retenu par de
graves affaires, nul n'eût osé refuser un tel honneur. Le lendemain, princesses, grandes dames,
courtisans, à l'heure donnée, un sourire de reconnaissance sur les lèvres, se trouvaient autour de
Sa Majesté pour aller faire un très court séjour dans un de ces douze pavillons dont nous venons
de parler. Ils y prenaient leurs repas lorsqu'ils n'étaient pas admis aux tables du roi, c'était
l'occasion d'une forte dépense pour le service des offices. L'étiquette était tout aussi scrupuleu-
sement observée qu'à Versailles. Tous les invités se tenaient aux ordres du roi, qui les menait
voir les beautés de ses jardins, ses eaux, ses carpes. On jouait et le roi se plaisait à montrer son
adresse au billard, devenu un de ses plaisirs favoris, comme on le sait par l'aventure de l'honnête
et incapable Chamillard qui gagna un portefeuille de secrétaire d'Etat par un brillant carambo-
lage. Ce coup fortuné n'eut pas lieu, il est vrai, à Marly mais à Versailles. Et, qu'on nous
permette de le dire en passant, nous trouvons la presse monarchique bien mal avisée, très
irrespectueuse pour la mémoire du grand roi, de reprocher au Président de la République son
goût pour une distraction fort innocente, quand elle ne fait pas de ministres ou de moindres
fonctionnaires du gouvernement.
A. Genevay.
(La suite prochainement.)
CuL-DE-LAMPE
composé par Babel et gravé par Charpentier.