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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 9.1883 (Teil 4)

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Yriarte, Charles: Matteo Civitali, [3]: sculpteur lucquois (1436 - 1501)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19462#0154

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122 L'ART.

Nous avons sous les yeux le texte même de la proposition faite au Conseil des Anciens et
aux Gonfaloniers de la ville de Pise, au sujet de ce projet de statue équestre. Le document est
beau, il a de la vie; on nous permettra donc de le traduire ici.

« Aux Magnifiques et Illustrissimes du Conseil des Anciens et au Gonfalonier de la Ville de Pise. »
— « Magnifes et Illustmes, etc., etc., ayant appris que le capitaine de la citadelle neuve réclame de
vos munificences qu'elles veulent bien faire élever, pour la placer sur le pont de Pise, une statue
équestre de Sa Majesté le Roi de France, pour l'exécution de laquelle il est disposé à vous
donner le bronze d'un certain nombre de bombardes qu'il a par devers lui ; j'ai l'honneur de
vous donner avis, pour le moment où vous effectuerez ce projet, que nous avons à Lucques des
hommes très capables d'entreprendre cette tâche et qui en désirent l'honneur. Si on leur confiait
l'exécution, elle serait vite menée à bonne fin et vous n'en auriez que satisfaction. Ils accepteraient
de la fondre en bronze, et tous les hommes de mérite ne pourraient que l'approuver. La figure
du Roi, la tête et le corps seraient grandeur nature. Les artistes dont il s'agit se nomment
maître Matteo da Civitali et Francesco da Marti, orfèvre. L'un d'eux est un sculpteur du plus
haut mérite, l'autre un excellent orfèvre. Tous deux sont très pratiques de l'art de la fusion des
bronzes, et d'une intelligence supérieure dans l'art du dessin. Quand Vos Seigneuries voudront
entrer en relations avec eux, ces artistes viendront se présenter et prendre les mesures convenables
pour tout ce qui p'eut donner une issue honorable à ce projet. Francesco est des nôtres, Pisan
et bon citoyen, quant à maître Matteo il a en lui tout ce qu'il faut, et le talent et la bonne
volonté. Ils se mettront d'accord pour vous servir, si vous leur concédez le travail. — C'est pour
remplir mon devoir que j'ai voulu donner cet avis à Vos Seigneuries.

« Lucques, calendes de décembre 1495.

« E. D. V.

« Votre serviteur Petrus de Vechiano. »

Ce Petro Vecchiano était un notaire, il résidait à Lucques quoiqu'il fût né à Pise, et proba-
blement il était le correspondant du Conseil des Anciens. Le roi de France dont il s'agit, c'est
Charles VIII, à l'heure de la fameuse Calata, cette descente en Italie qui, à Pavie, entraînera
la captivité de François Ier, et plus tard, à Ravenne, la mort de Gaston de Foix. Le
capitaine de la citadelle neuve qui requérait ainsi la municipalité de Pise d'élever une statue
équestre au roi, c'est notre fameux d'Entragues, brave et rusé, capitaine habile et diplomate
consommé; laissé par Charles VIII à la garde de Pise pendant qu'il allait faire campagne dans
le Napolitain, d'Entragues s'était cantonné clans la citadelle neuve, et de là, il traitait avec les
Pisans qui, tombés de Florentins en Français, s'accommodaient encore assez des nôtres après un
joug qui leur avait été odieux. Comme le bruit courait alors des sollicitations constantes des
Florentins auprès de Charles VIII pour qu'il leur fût permis de réoccuper la ville, les Pisans ne
demandaient pas mieux que de complaire au roi et à d'Entragues pour échapper à leurs
ennemis traditionnels. Le roi Charles VIII, d'ailleurs, les avait déjà abandonnés à leurs ennemis,
car, de la ville d'Asti où il s'était arrêté, il avait invité son gouverneur à céder au vœu des
Florentins. Mais cela ne faisait point l'affaire de d'Entragues qui tranchait du souverain, prétendait
garder sa situation, et en somme, par sympathie réelle ou par intérêt personnel, se montrait
favorable aux Pisans qui voulaient lui complaire. On connaît la suite des événements, il ne
s'agissait plus d'élever des statues, mais bien de se ménager une retraite; on eut cependant le
temps d'élever un petit monument commémoratif du séjour du roi : une colonne avec l'écusson
de France. Nous y avons perdu une statue équestre de Charles VIII, et Matteo une occasion
unique dans sa vie. L'épisode a son prix, il montre le cas qu'on faisait du sculpteur.

De la fin de décembre 1495 jusqu'en 1497, nous n'avons plus de nouvelles de Matteo,
Le 4 février de cette année-là, nous savons encore par des actes notariés qu'il vend sa villa de
Monte San Quirico ; évidemment rien ne l'attachait plus à ce lieu de villégiature; sa femme
Elisabetta dei Gelli, en faveur de laquelle nous voyons qu'il avait testé en 1492, était morte
depuis; la tombe seule de ses trois filles restait dans l'église de San Quirico al Monte, à laquelle
 
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