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La chronique des arts et de la curiosité — 1896

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Nr. 2 (11 Janvier)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19744#0021
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ET DE LA CURIOSITÉ 11

en plaçant, de préférence aux extrémités du
Musée, les œuvres de tendances plus avan-
cées et la section étrangère, de manière à
donner au public un aperçu, approximatif
sans doute, mais cependant utile tel qu'il est,
du développement de l'art contemporain. La
salle des étrangers, ou plutôt les salles 7 et 8,
dont l'une leur est entièrement consacrée et
l'autre leur a prêté la moitié de ses panneaux,
ont été tout à fait remaniées et enrichies d'ou-
vrages nouveaux et très instructifs. L'École
anglaise est représentée par des artistes des
jeunes générations appartenant à ce renou-
veau romantique qui a formé le petit groupe
écossais : M. Lorimer, le Benedicile; M. Brang-
wynn, the Trade on the Beach; M. Lund,
Paysage. Parmi les américains, il faut signa-
ler M. Walter Gay, Cigarreras ; M. Melchers,
Maternité; parmi les belges, la célèbre
Femme en jaune de M. Stev ;ns, achetée à la
vente Garnier ; parmi les allemands, M. Lie-
bermann, Brasserie de campagne; pour l'Es-
pagne, M. Sorolla y Bastida, Retour de la
pêche, etc.

Dans la salle ou sont accrochés les impres-
sionnistes qui attendent le moment de l'entrée
du legs Caillebotte pour prendre leur place à
coté des ouvrages de MM. Degas, Monet, Ma-
net, Renoir, Pissarro, Sisley, que l'artiste a
laissés au Luxembourg, se trouventjustement
les Rdcleurs de parquet, de Caillebotte lui-
môme et, dans la salle voisine, un charmant
et excellent paysage : Toi ts sous la neige, du
môme artiste, donné par sa famille. Voici
encore l'Inspiration de M. Henri Martin, un
joli intérieur de M. Cals dont il y a, dans une
autre salle, un beau paysage," dons de M.
Hazard; Entre deux rayons, délicate pein-
ture de M. Besnard; une Jeune fille man-
geant des cerises, de M. A. Boulard; une
délicieuse figure de femme de M11» Morizot;
la Soupe devant la porte de Brébant, de
Gœuneutle.

Les autres ouvrages sont répartis inégale-
ment dans les salies et en partie sur des
épines qu'il a fallu placer au milieu de cer-
taines salles pour gagner quelques surfaces.
Les principaux sont : l'admirable série des
dessins de M. Puvis de Ghavannes, pour les
décorations d'Amiens et de Poitiers dont nous
avions, il y a quelque temps, annoncé le don
au Luxembourg; un remarquable portrait de
Jules Du.pré, par lui-môme, don de la famille;
Galland : le Jour des cuivres; M. J. P. Lau-
rens : les Inquisiteurs ; M. Besnard : le Port
d'Alger et la Morte, émouvante petite pein-
ture donnée par M. Scbvveizguth qui a égale-
ment offert au musée le Bain, de M. Prinet;
une belle aquarelle de Londres, de M. Zuber,
et le Port d'Alger, de Muenier:M. Ca/.in :
Paysage; M. Cormon : la Forge; M. Agache:
le Vieux conquérant; M.Tattegrain : Débar-
quement de verrotiers; M. Rochegrosse :
le Chevalier aux fleurs; M. Marius Perret :
Tirailleurs sénégalais; M. Bareau ; paysage ;
M. Petitjean : le Port de la Rochelle; M.Le-
rolle : Portrait de femme; M. Dinet : Paysage
algérien; M. Desvallières : Tête d'homme;
M. Lelièpvro : Soleil de mars; M. Lebourg :
A Herblay : M. Lépine : le Marché aux

pommes ; M. Lomont : Lied ; M. Bené Mes-
nard : Portrait; M. Béthune : Aquarelle;
M1"0 Ilortense Richard : A l'église, miniature;
M. Valadon : Nature morle; M11» Luth Mer-
cier : Aquarelle de Venise, etc., etc.

« L'Art Nouveau »

L'exposition ouverte sous ce nom, dans les
salles de la rue de Provence —si libéralement
prêtées par M. Bing à des artistes parfois
jeunes — n'est pas concluante. 11 est vrai
qu'aucune exposition ne saurait suffire au
fardeau de justifier deux pareils vocables !
Le mot « nouveau », à lui seul, est un de ces
mots terribles, dont les organisateurs doivenjt
se défier et que les apôtres des meilleures
causes n'ont jamais employé ; il est plein de
promesses irréalisables et, dans le cas pré-
sent, s'applique mal au groupement impro-
visé qu'abrite l'hôtel polychrome de M. Bing.
Il n'y a là, à proprement parler, rien d'origi-
nal. Il y a de jolies choses en désordre: mais
rien ne peut y faire craindre ou espérer la
plus petite révolution artistique.

Il suffit, en effet, d'avoir l'œil fin et le juge-
ment frais pour se plaire dans la plupart des
salles agencées par ces architectes improvisés.
Formes simples, décorations chastes et sans
péché, teintes plates et pacifiques, figurations
peu compliquées y sont réunies galamment ;
MM. Besnard, Van de Velde, M. Denis, Con-
der, ont laissé à leur fantaisie la bride lâche,
et leurs boudoirs, leurs fumoirs, leurs réflé-
cliissoirs, comme disait Miirger, sont d'une
intimité délicate ; la rotonde décorée par
M. Besnard, surtout et seule s'impose par son
air <l.e caprice harmonieux et viril. Ailleurs,
voici de jolies fontes de M. Charpentier ; —
des choses en verre nombreuses ; — des ta-
bleaux égarés et déjà connus; — des eham-
brettes qui rappellent le joli quartier de Chel-
sea, là-bas, le long de la Tamise, par leurs
combinaisons de mahogany, de cuivre et de
faïence, sauf qu'à Londres on laisse sur la
table, en plein jour, des mandarines parfu-
mées, pour le plaisir des yeux et de l'odorat ;
— des grès, des grès — et l'électricité.

Pour qui se souvient des objets qui rem-
plissaient autrefois le hall et les salons voi-
sins, une réflexion saute à l'esprit : l'art déco-
ratif, tel que nous le comprenons aujourd'hui,
dans son expression, la plus hardie et la plus
novatrice, n'a encore inventé ni une forme ai
un ornement, ni une courbe, ni une nuance,
ni une symétrie, ni une asymétrie. Nos pein-
tres et nos sculpteurs ignorent l'architecture
d'un objet d'art par la seule vertu du galbe,
et l'enrichissement d'une surface par le seul
jeu de la ligne et du relief.

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