N° 38. — 1896 BUREAUX : 8, RUE FAVART 21 NovembrÈ.
i
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
PARAISSANT LE SAMEDI MATIN
Les adonnés à une année entière de la Gazette des Beaux-Arts reçoivent gratuitement
la Chronique des Arts et de la Curiosi.é.
PARIS ET DÉPARTEMENTS :
Un an.........12 fr. | Six mois ^ 8 fï\
PROPOS DU JOUR'
Le rapport annuel fait au nom de la com-
mission du budget et portant fixation des
crédits afférents au service des Beaux-Arts
est parfois d'une lecture attachante, et bien
des esprits, sans être même directement
intéressés aux vicissitudes d'aucun des cha-
pitres, prendraient plaisir à connaître le
détail de dépenses qui se chiffreront, en
1897, par la somme de treize millions trois
cent quarante-huit mille francs quatre-
vingt-dix-neuf centimes, malgré la plus
stricte économie.
11 y a pourtant, dans ce rapport, des pages
tristes, qu'on voudrait effacer. L'indépen-
dance de la Chronique est assez reconnue,
pour qu'elle ait le droit de tirer une mora-
lité discrète de ces documents affligeants.
L'an dernier (1), à propos des décorations
laissées inachevées au Panthéon par le re-
gretté J.-E. Delaunay, nous parlions de la
mansuétude, de la courtoise patience dont
use l'Administration, vis-à-vis des artistes
qui manquent à l'engagement moralement
contracté par le fait d'une commande mu-
tuellement consentie. Quand a-t-on vu l'État
faire ce qu'a bruyamment fait une Société
reconnue d'utilité publique et requérir
contre l'artiste détenteur d'une commande
inexécutée? Bien mieux : le rapport est
muet sur la plupart des commandes d'art
officielles, et l'on sent que les rares états
livrés par l'Administration à la publicité
ne sont divulgués que dans un but d'édifi-
cation légitime.
(1) V. Chronique des Arts du 24 août 189o.
L'un d'eux est d'une éloquence qui don-
nerait à réfléchir aux bouillants écrivains
toujours prêts à demander qu'on distribue,
sans se lasser, du travail aux artistes : c'est
le tableau d'une douzaine de commandes
(à destination spéciale) confiées à des pein-
tres très connus.
En regard de la date de la commande et
de la désignation, on relève des observations
telles que celles-ci (p. 27) :
Date 1883 : L'auteur paraît avoir renoncé
à cette commande.
1888 : En grande partie payé; rien
de livré.
1891 : Abandonné.
1891 : Abandonné.
1891 : Abandonné.
1891 : Abandonné.
1891 : Depuis deux ans, l'artiste n'a
•pas fourni une seule es-
quisse; il devient donc im-
possible, etc.
1893 : L'esquisse, promise pour le
mois de février 1894, est en-
core attendue.
Arrêtons-nous avant la douzaine et ne sor-
tons pas du document extrait du Journal
Officiel : la liste des faillites artistiques
serait trop longue à dresser et, par le temps
qui court, pourrait passer pour diffamatoire.
On nous affirme qu'à la suite de la der-
nière élection, si étrangement disputée, dont
nous parlions il y a huit jours, l'Académie
des Beaux-Arts songerait à limiter le nombre
des tours de scrutin autorisés à cinq. Elle
pourrait faire mieux encore, sinon dans le
règlement, du moins dans l'usage : tenir
compte du vote de la section compétente,
surtout lorsque ce vote est émis à l'unani-
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LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
PARAISSANT LE SAMEDI MATIN
Les adonnés à une année entière de la Gazette des Beaux-Arts reçoivent gratuitement
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PARIS ET DÉPARTEMENTS :
Un an.........12 fr. | Six mois ^ 8 fï\
PROPOS DU JOUR'
Le rapport annuel fait au nom de la com-
mission du budget et portant fixation des
crédits afférents au service des Beaux-Arts
est parfois d'une lecture attachante, et bien
des esprits, sans être même directement
intéressés aux vicissitudes d'aucun des cha-
pitres, prendraient plaisir à connaître le
détail de dépenses qui se chiffreront, en
1897, par la somme de treize millions trois
cent quarante-huit mille francs quatre-
vingt-dix-neuf centimes, malgré la plus
stricte économie.
11 y a pourtant, dans ce rapport, des pages
tristes, qu'on voudrait effacer. L'indépen-
dance de la Chronique est assez reconnue,
pour qu'elle ait le droit de tirer une mora-
lité discrète de ces documents affligeants.
L'an dernier (1), à propos des décorations
laissées inachevées au Panthéon par le re-
gretté J.-E. Delaunay, nous parlions de la
mansuétude, de la courtoise patience dont
use l'Administration, vis-à-vis des artistes
qui manquent à l'engagement moralement
contracté par le fait d'une commande mu-
tuellement consentie. Quand a-t-on vu l'État
faire ce qu'a bruyamment fait une Société
reconnue d'utilité publique et requérir
contre l'artiste détenteur d'une commande
inexécutée? Bien mieux : le rapport est
muet sur la plupart des commandes d'art
officielles, et l'on sent que les rares états
livrés par l'Administration à la publicité
ne sont divulgués que dans un but d'édifi-
cation légitime.
(1) V. Chronique des Arts du 24 août 189o.
L'un d'eux est d'une éloquence qui don-
nerait à réfléchir aux bouillants écrivains
toujours prêts à demander qu'on distribue,
sans se lasser, du travail aux artistes : c'est
le tableau d'une douzaine de commandes
(à destination spéciale) confiées à des pein-
tres très connus.
En regard de la date de la commande et
de la désignation, on relève des observations
telles que celles-ci (p. 27) :
Date 1883 : L'auteur paraît avoir renoncé
à cette commande.
1888 : En grande partie payé; rien
de livré.
1891 : Abandonné.
1891 : Abandonné.
1891 : Abandonné.
1891 : Abandonné.
1891 : Depuis deux ans, l'artiste n'a
•pas fourni une seule es-
quisse; il devient donc im-
possible, etc.
1893 : L'esquisse, promise pour le
mois de février 1894, est en-
core attendue.
Arrêtons-nous avant la douzaine et ne sor-
tons pas du document extrait du Journal
Officiel : la liste des faillites artistiques
serait trop longue à dresser et, par le temps
qui court, pourrait passer pour diffamatoire.
On nous affirme qu'à la suite de la der-
nière élection, si étrangement disputée, dont
nous parlions il y a huit jours, l'Académie
des Beaux-Arts songerait à limiter le nombre
des tours de scrutin autorisés à cinq. Elle
pourrait faire mieux encore, sinon dans le
règlement, du moins dans l'usage : tenir
compte du vote de la section compétente,
surtout lorsque ce vote est émis à l'unani-