N" 32. — 1896
BUREAUX : 8, RUE FAVART
17 Octobre.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
PARAISSANT LE SAMEDI MATIN
Les abonnes à une année entière de la Gazette des Beaux-Arts reçoivent gratuitement ,
la Chronique des Arts et de la Curioské.
PARIS ET DÉPARTEMENTS :
i
Un an.........12 fr. | Six mois........8 fr.
PROPOS DU JOUR
En faisant, avant les fêtes des derniers
jours, la toilette de Paris, l'administration
anonyme a déployé le zèle le plus patrioti-
que ; elle a été parfois au delà des limites
permises pour le nettoyage, et semble avoir
utilisé, pour la remise en état des statues
parisiennes, quelques équipes de marsouins
habitués à astiquer et à repeindre les che-
minées et les ventilateurs des cuirassés d'es-
cadre. Les objets de bronze sont ceux qui
ont pâti le plus.
Ils ont été cirés à neuf et englués d'un en-
duit hideux. Le Molière de la rue Richelieu
a été vêtu de drap noir luisant; la belle
fonte de la Jeanne d'Arc de Frémiet a reçu
le coup de fion le plus inattendu, et c'est le
temps seul qui a manqué pour qu'on peignît
la colonne Vendôme de façon à dissimuler
les scènes guerrières qui la décorent.
Notre savant collaborateur, M. S. Rei-
nach, tenait dernièrement nos lecteurs au
courant des discussions nouvelles soulevées
par le problème des patines antiques. La
ville de Paris vient d'inaugurer une patine
inconnue, à bon marché, inaltérable, facile
à appliquer, même à la campagne, pour la
remise à neuf des objets de métal tels que
pompes, arrosoirs, statues, réverbères, etc.
Nous ne saurions la féliciter de cette nou-
velle découverte.
Avant la date d'allumage des calorifères
du Musée du Louvre, la Chronique a une
grâce à solliciter. Sans refaire le procès des
trente-trois bouches qui vomissent dans les
galeries de peinture des fumées, des gaz et
des vapeurs empyreumatiques si délétères,
la Chronique se borne à demander le trans-
port du joli Chardin intitulé la Mère la-
borieuse (salle Daru, n° 91). De tous les
tableaux placés au-dessus des bouches fa-
tales, c'est celui qui a le plus irrémédiable-
ment souffert : il est craquelé à point, il est
cuit. Un remaniement intelligent s'impose et
il est temps de substituer une toile fraîche
et crue à ce misérable lambeau brûlé.
Après la commutation de peine de Char-
din, nous demanderons peut-être un adou-
cissement pour les Claude Lorrain et les
Poussin, condamnés sous les matricules
311-313, 315, 318, 322, 728. Le n° 313 surtout
— un beau coucher de soleil —■ ne sera bien-
tôt plus qu'une crêpe calcinée si on ne
l'éloigné pas du fourneau.
NOUVELLES
Un monument à la mémoire de G.
Nadaud, le chansonnier, a été inauguré à
lioubaix. La partie architecturale est l'œuvre
de M. Lefebvre et, pour l'ornementation, de
M. Poullain ; la partie sculpturale est de
M. Cordonnier.
#** Viennent d'être nommés professeurs au
Conservatoire national :
M. Widor, à la classe de composition mu-
sicale ;
M. P. Vidal, à la classe d'accompagnement ;
MM. G. Fauré et Ch. Lefebvre sont jusqu'ici
désignés exœquo pour remplacer M. Massenet.
Des fouilles, pratiquées en ce moment
à la cathédrale de Blois, pour l'installation
I d'un calorifère, ont donné lieu à certaines dé-
I couvertes intéressantes au point de vue ar-
j chéologique.
' C'est ainsi que les ouvriers viennent de
BUREAUX : 8, RUE FAVART
17 Octobre.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
PARAISSANT LE SAMEDI MATIN
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PARIS ET DÉPARTEMENTS :
i
Un an.........12 fr. | Six mois........8 fr.
PROPOS DU JOUR
En faisant, avant les fêtes des derniers
jours, la toilette de Paris, l'administration
anonyme a déployé le zèle le plus patrioti-
que ; elle a été parfois au delà des limites
permises pour le nettoyage, et semble avoir
utilisé, pour la remise en état des statues
parisiennes, quelques équipes de marsouins
habitués à astiquer et à repeindre les che-
minées et les ventilateurs des cuirassés d'es-
cadre. Les objets de bronze sont ceux qui
ont pâti le plus.
Ils ont été cirés à neuf et englués d'un en-
duit hideux. Le Molière de la rue Richelieu
a été vêtu de drap noir luisant; la belle
fonte de la Jeanne d'Arc de Frémiet a reçu
le coup de fion le plus inattendu, et c'est le
temps seul qui a manqué pour qu'on peignît
la colonne Vendôme de façon à dissimuler
les scènes guerrières qui la décorent.
Notre savant collaborateur, M. S. Rei-
nach, tenait dernièrement nos lecteurs au
courant des discussions nouvelles soulevées
par le problème des patines antiques. La
ville de Paris vient d'inaugurer une patine
inconnue, à bon marché, inaltérable, facile
à appliquer, même à la campagne, pour la
remise à neuf des objets de métal tels que
pompes, arrosoirs, statues, réverbères, etc.
Nous ne saurions la féliciter de cette nou-
velle découverte.
Avant la date d'allumage des calorifères
du Musée du Louvre, la Chronique a une
grâce à solliciter. Sans refaire le procès des
trente-trois bouches qui vomissent dans les
galeries de peinture des fumées, des gaz et
des vapeurs empyreumatiques si délétères,
la Chronique se borne à demander le trans-
port du joli Chardin intitulé la Mère la-
borieuse (salle Daru, n° 91). De tous les
tableaux placés au-dessus des bouches fa-
tales, c'est celui qui a le plus irrémédiable-
ment souffert : il est craquelé à point, il est
cuit. Un remaniement intelligent s'impose et
il est temps de substituer une toile fraîche
et crue à ce misérable lambeau brûlé.
Après la commutation de peine de Char-
din, nous demanderons peut-être un adou-
cissement pour les Claude Lorrain et les
Poussin, condamnés sous les matricules
311-313, 315, 318, 322, 728. Le n° 313 surtout
— un beau coucher de soleil —■ ne sera bien-
tôt plus qu'une crêpe calcinée si on ne
l'éloigné pas du fourneau.
NOUVELLES
Un monument à la mémoire de G.
Nadaud, le chansonnier, a été inauguré à
lioubaix. La partie architecturale est l'œuvre
de M. Lefebvre et, pour l'ornementation, de
M. Poullain ; la partie sculpturale est de
M. Cordonnier.
#** Viennent d'être nommés professeurs au
Conservatoire national :
M. Widor, à la classe de composition mu-
sicale ;
M. P. Vidal, à la classe d'accompagnement ;
MM. G. Fauré et Ch. Lefebvre sont jusqu'ici
désignés exœquo pour remplacer M. Massenet.
Des fouilles, pratiquées en ce moment
à la cathédrale de Blois, pour l'installation
I d'un calorifère, ont donné lieu à certaines dé-
I couvertes intéressantes au point de vue ar-
j chéologique.
' C'est ainsi que les ouvriers viennent de