DOI Heft:
Nr. 4 (25 Janvier)
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.19744#0035
N° 4. — 1896. PUREAUX : S, RUE FAVART 25 Janvier.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
PARAISSANT LE SAMEDI M ATI
Les abonnés à une année entière de la Gazette des Beaux-Arts reçoivent gratuitement
la Chronique des Arts et de la Curiosité.
PARIS ET DÉPARTEMENTS :
Un an. ..,„„...' 12 fr. | Six mois........8 fr.
PROPOS DU JOUR
L'incroyable multiplication des petites
expositions particulières n'est pas un phé-
nomène artistique ; c'est un phénomène éco-
nomique et social, qui intéresse moins l'Art
que le commerce de l'Art; on l'observe à
Londres et à Munich aussi bien qu'à Paris
et il est difficile d'en prédire la durée. Pério-
diquement, tous les ans reviennent ces ex-
positions des cercles et des associations
parisiennes, accompagnées do minuscules
exhibitions où des quatuor, des trio, parfois
des soli, convient un public lassé et une
presse indifférente. Ces entreprises sup-
posent que la patience de la foule et la force
de la réclame sont infinies : nous croyons,
pour notre part, que l'une et l'autre sont
à bout.
Au milieu de ces appels qui sortent des
galeries les plus connues et des plus hum-
bles boutiques, le rôle de la critique est des
plus délicats. Les cartes d'invitation plcu-
vent chez le malheureux critique d'art ;
mais elles ressemblent fort à des cartes de
visite; elles ont une allure personnelle; n'y
pas répondre serait une impolitesse ; y ré-
pondre par un article tiède serait une of-
fense, par un entrefilet sévère, une provo-
cation. Ainsi se trouvent modifiés les rap-
ports qui existaient jadis entre l'Art et la Cri-
tique : et l'on voit se dessiner la fin de la crise
dans la tension extrême de ces rapports.
La rupture, en effet, sera brusque. La
presse, qui s'est déjà désintéressée des Sa-
lons annuels, ne tardera pas à négliger les pe-
tites salles, les entresols, les cabinets particu-
liersqui ouvrent si indiscrètement leurs por-
tes. Tout au plus permettra-t elle à certains
artistes, que des circonstances spéciales
obligent à sortir du rang, de déranger l'at-
tention publique pour eux seuls. Ceux qui
craignent la comparaison ou qui s'isolent
par simple orgueil juvénile, s'apercevront
alors que le métier est gâté et que leurs
vanités égoïstes no sauraient se hausser
jusqu'à devenir des événements artistiques.
Ce jour-là, l'Art aura gagné la partie et les
peintres l'auront bien perdue par leur faute.
Voir, à la dernière page, les Concours et
Expositions qui sont ouverts ou s'ouvriront
dans le cours de l'année.
NOUVELLES
La ville de Genève donnera ces jours-ci
l'hospitalité la plus flatteuse à trois artistes
français : MM. Tuvis de Chavannes, ïtodin et
Carrière ont été invités à prêter quelques-unes
de leurs œuvres, qui feront un voyage triom-
phal chez nos voisins de Suisse. L'initiative
est généreuse ; elle est l'indice d'une remar-
quable intelligence de ce besoin d'échange
international qui croît tous les jours. Il est à
souhaiter que nos voisins aient toujours la
main aussi heureuse, et que nous sachions
leur manifester à l'occasion notre courtoisie
par quelque invitation analogue.
Le Syndicat de la propriété artistique
est désormais définitivement constitué sous
la présidence d'honneur de MM. Bommt, Puvis
de Chavannes, Détaille et Garolus Duran.
La nouvelle Association compte plus de sept
cents adhérents. »
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
PARAISSANT LE SAMEDI M ATI
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PARIS ET DÉPARTEMENTS :
Un an. ..,„„...' 12 fr. | Six mois........8 fr.
PROPOS DU JOUR
L'incroyable multiplication des petites
expositions particulières n'est pas un phé-
nomène artistique ; c'est un phénomène éco-
nomique et social, qui intéresse moins l'Art
que le commerce de l'Art; on l'observe à
Londres et à Munich aussi bien qu'à Paris
et il est difficile d'en prédire la durée. Pério-
diquement, tous les ans reviennent ces ex-
positions des cercles et des associations
parisiennes, accompagnées do minuscules
exhibitions où des quatuor, des trio, parfois
des soli, convient un public lassé et une
presse indifférente. Ces entreprises sup-
posent que la patience de la foule et la force
de la réclame sont infinies : nous croyons,
pour notre part, que l'une et l'autre sont
à bout.
Au milieu de ces appels qui sortent des
galeries les plus connues et des plus hum-
bles boutiques, le rôle de la critique est des
plus délicats. Les cartes d'invitation plcu-
vent chez le malheureux critique d'art ;
mais elles ressemblent fort à des cartes de
visite; elles ont une allure personnelle; n'y
pas répondre serait une impolitesse ; y ré-
pondre par un article tiède serait une of-
fense, par un entrefilet sévère, une provo-
cation. Ainsi se trouvent modifiés les rap-
ports qui existaient jadis entre l'Art et la Cri-
tique : et l'on voit se dessiner la fin de la crise
dans la tension extrême de ces rapports.
La rupture, en effet, sera brusque. La
presse, qui s'est déjà désintéressée des Sa-
lons annuels, ne tardera pas à négliger les pe-
tites salles, les entresols, les cabinets particu-
liersqui ouvrent si indiscrètement leurs por-
tes. Tout au plus permettra-t elle à certains
artistes, que des circonstances spéciales
obligent à sortir du rang, de déranger l'at-
tention publique pour eux seuls. Ceux qui
craignent la comparaison ou qui s'isolent
par simple orgueil juvénile, s'apercevront
alors que le métier est gâté et que leurs
vanités égoïstes no sauraient se hausser
jusqu'à devenir des événements artistiques.
Ce jour-là, l'Art aura gagné la partie et les
peintres l'auront bien perdue par leur faute.
Voir, à la dernière page, les Concours et
Expositions qui sont ouverts ou s'ouvriront
dans le cours de l'année.
NOUVELLES
La ville de Genève donnera ces jours-ci
l'hospitalité la plus flatteuse à trois artistes
français : MM. Tuvis de Chavannes, ïtodin et
Carrière ont été invités à prêter quelques-unes
de leurs œuvres, qui feront un voyage triom-
phal chez nos voisins de Suisse. L'initiative
est généreuse ; elle est l'indice d'une remar-
quable intelligence de ce besoin d'échange
international qui croît tous les jours. Il est à
souhaiter que nos voisins aient toujours la
main aussi heureuse, et que nous sachions
leur manifester à l'occasion notre courtoisie
par quelque invitation analogue.
Le Syndicat de la propriété artistique
est désormais définitivement constitué sous
la présidence d'honneur de MM. Bommt, Puvis
de Chavannes, Détaille et Garolus Duran.
La nouvelle Association compte plus de sept
cents adhérents. »