N° 22. — 1896
BUREAUX : 8, RUE FAVART
30 Mai.
L'A
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
PARAISSANT LE SAMEDI MATIN
Les abonnés à une année entière de la Gazette des Beaux-Arts reçoivent gratuitement
la Chronique des Arts et de la Curiosité.
/ PARIS' ET DÉPARTEMENTS :
Un an. ... ... 12 fr. | Six mois........8 fr.
AVIS A MM. LES ABONNÉS
A partir d'aujourd'hui, la
CHRONIQUE ne paraîtra plus
que tous les quinze jours, sui-
vant l'usage adopté pendant la
saison d'été.
Le prochain numéro portera la
date du 13 juin.
PROPOS DU JOUR
Récemment, on a mis à nu une portion du
mur d'enceinte de Paris, le plus ancien que
l'on connaisse. Ces restes vénérables, situés
à l'angle de la rue Clovis et de la rue du
Cardinal-Lemoine, n'ont qu'un développe-
ment d'une douzaine de mètres environ, et
voici que déjà la presse émet, au nom des
amis du passé, des vœux pour leur isole-
ment et leur conservation.
C'est aller bien vite en besogne. La presse
entend ainsi son rôle de protection et d'ini-
tiative, en matière d'art, d'une façon vrai-
ment trop inconsidérée. Dans le cas présent,
il n'y a point lieu de regretter la disparition
fatale de quelques pierres vétustés et pres-
que sans histoire ; elles doivent être relevées
sur les plans historiques que la municipalité
fait tenir à jour avec un soin si attentif; el-
les s'y trouveront notées en compagnie des
innombrables chicots, du même Moyen âge,
qui hérissent la montagne Sainte-Gene-
viève.
L'attention et l'enthousiasme du public
devraient être plus ménagés ; on devrait ne
l'émouvoir qu'à bon escient et pour les bel-
les causes. Or, il est malheureusement
trop vrai que la presse n'a pas pu protéger
certaines antiquités parisiennes, qui par-
laient également au goût et à la raison. A
demander la conservation de tout, elle ne
gagnera la conservation de rien. L'excès de
cette bonne volonté, toute à tous, prévient
donc contre cette réelle bonne volonté. Il ar-
rive alors cette chose bizarre : à l'annonce
qu'un objet des collections nationales souf-
fre ou se détériore, les sceptiques, qui sont
peut-être les vrais sages, vont vérifier le fait
avant de le déplorer. Un jour viendra où
l'attention sera si blasée sur la rubrique dé-
monétisée des vandalismes administratifs,
qu'on ne fera même plus le voyage du Lou-
vre pour vérifier s'il est vrai qu'on vient de
faire habiller Apollon et Marsyas.
NOUVELLES
#*# Le vote des médailles d'honneur a eu
lieu jeudi, au Salon des Champs-Elysées.
M. Benjamin Constant a obtenu, par 231
voix, la médaille d'honneur. Il avait exposé
Portrait de mon fils André, toile acquise
par l'Etat, et Portrait de M"° W...
Dans la section de sculpture, c'est M. Gus-
tave Michel qui a obtenu, par 89 voix, la
médaille d'honneur pour ses statues de La
Pensée et de L'Aveugle et le Paralytique.
M. Scellier de Gisors a obtenu, par 38 voix,
la médaille d'honneur d'architecture, avec ses
les plans du Dépôt central du matériel des
-postes et télégraphes et ceux du Monument
à l'amiral Coligny.
Enfin, le lauréat pour la section de gravure
BUREAUX : 8, RUE FAVART
30 Mai.
L'A
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ET DE LA CURIOSITÉ
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A partir d'aujourd'hui, la
CHRONIQUE ne paraîtra plus
que tous les quinze jours, sui-
vant l'usage adopté pendant la
saison d'été.
Le prochain numéro portera la
date du 13 juin.
PROPOS DU JOUR
Récemment, on a mis à nu une portion du
mur d'enceinte de Paris, le plus ancien que
l'on connaisse. Ces restes vénérables, situés
à l'angle de la rue Clovis et de la rue du
Cardinal-Lemoine, n'ont qu'un développe-
ment d'une douzaine de mètres environ, et
voici que déjà la presse émet, au nom des
amis du passé, des vœux pour leur isole-
ment et leur conservation.
C'est aller bien vite en besogne. La presse
entend ainsi son rôle de protection et d'ini-
tiative, en matière d'art, d'une façon vrai-
ment trop inconsidérée. Dans le cas présent,
il n'y a point lieu de regretter la disparition
fatale de quelques pierres vétustés et pres-
que sans histoire ; elles doivent être relevées
sur les plans historiques que la municipalité
fait tenir à jour avec un soin si attentif; el-
les s'y trouveront notées en compagnie des
innombrables chicots, du même Moyen âge,
qui hérissent la montagne Sainte-Gene-
viève.
L'attention et l'enthousiasme du public
devraient être plus ménagés ; on devrait ne
l'émouvoir qu'à bon escient et pour les bel-
les causes. Or, il est malheureusement
trop vrai que la presse n'a pas pu protéger
certaines antiquités parisiennes, qui par-
laient également au goût et à la raison. A
demander la conservation de tout, elle ne
gagnera la conservation de rien. L'excès de
cette bonne volonté, toute à tous, prévient
donc contre cette réelle bonne volonté. Il ar-
rive alors cette chose bizarre : à l'annonce
qu'un objet des collections nationales souf-
fre ou se détériore, les sceptiques, qui sont
peut-être les vrais sages, vont vérifier le fait
avant de le déplorer. Un jour viendra où
l'attention sera si blasée sur la rubrique dé-
monétisée des vandalismes administratifs,
qu'on ne fera même plus le voyage du Lou-
vre pour vérifier s'il est vrai qu'on vient de
faire habiller Apollon et Marsyas.
NOUVELLES
#*# Le vote des médailles d'honneur a eu
lieu jeudi, au Salon des Champs-Elysées.
M. Benjamin Constant a obtenu, par 231
voix, la médaille d'honneur. Il avait exposé
Portrait de mon fils André, toile acquise
par l'Etat, et Portrait de M"° W...
Dans la section de sculpture, c'est M. Gus-
tave Michel qui a obtenu, par 89 voix, la
médaille d'honneur pour ses statues de La
Pensée et de L'Aveugle et le Paralytique.
M. Scellier de Gisors a obtenu, par 38 voix,
la médaille d'honneur d'architecture, avec ses
les plans du Dépôt central du matériel des
-postes et télégraphes et ceux du Monument
à l'amiral Coligny.
Enfin, le lauréat pour la section de gravure